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Quand les entreprises laissent leurs collaborateurs piloter leurs réseaux sociaux


image : GaudiLab / Shutterstock

Les « takeover » de comptes Twitter ou Instagram par des influenceurs sont une tactique classique du marketing d’influence sur les réseaux sociaux. Mais laisser les clés de sa communication digitale aux collaborateurs de l’entreprise reste plus rare et très encadré. Cette démarche peut être une tactique RH efficace, en lien avec la stratégie de communication interne et externe de l’entreprise, pour fédérer les équipes autour d’un projet commun, et séduire de nouveaux collaborateurs. 

Deux exemples dans le secteur informatique

La Société Générale fait partie des rares entreprises en France à expérimenter depuis 2016 l’ouverture de ses réseaux sociaux à ses collaborateurs. Cette démarche est née au moment de l’inauguration en septembre 2016 de son technopôle de 126 000 m2, « les Dunes » situé à Val-de-Fontenay et qui accueille ses 5 000 collaborateurs travaillant sur les technologies. Le groupe y développe les technologies qui feront « La banque de demain » et y teste également de nouveaux modes de travail dans un cadre plus adapté à la collaboration. Presque chaque semaine, un collaborateur différent prend ainsi la parole sur le compte Twitter @SG_insideit, pour raconter son quotidien ou partager les coulisses d’un évènement organisé avec des clients, partenaires ou écoles. L’occasion de montrer une image « sexy » du monde bancaire pour de futurs collaborateurs qui au sortir de leurs écoles recherchent des employeurs inspirants et des projets mobilisant les méthodologies et langages dont la valeur est reconnue sur le marché.

https://twitter.com/SG_InsideIT/status/1090233839509745664

Cette démarche de « regard en coulisse » est aussi employée par IBM dans ses “innovation centers” européens. Les scientifiques de chaque pays prennent ainsi la main sur le compte Twitter @IBMCICEU pour faire découvrir leurs projets, comme par exemple leur équipe Danoise avec ses travaux en développement logiciel, expérience utilisateur et analyse de données.

https://twitter.com/IBMCICEU/status/1008631464752308224

Une prise de parole en ligne encadrée par une charte de bonne pratiques

Faire découvrir les coulisses d’une entreprise avec ses collaborateurs sur les réseaux sociaux n’est bien sûr pas réservé aux entreprises du secteur informatique. Les départements Ressources Humaines communiquent depuis longtemps via les réseaux sociaux pour faire découvrir leurs métier. Mais dans le secteur IT la parole semble venir plus directement des salariés eux même, sans le filtre d’une vidéo soigneusement mise en scène par les services communication et ressources humaines. Attention, il ne s’agit pas là d’improvisation, car chaque prise de parole est sécurisée en amont par une charte ou guide de bonnes pratiques sur les réseaux sociaux et plus largement le développement d’une culture d’entreprise qui favorise la prise de parole tout en anticipant les risques.

Ces chartes de bonnes pratiques sur Internet et les réseaux sociaux, comme par exemple celle du groupe Orange accessible librement sur leur site web, sont en fait à la fois des outils pour sécuriser les prises de parole des collaborateurs mais aussi les encourager car elles participent au rayonnement de l’entreprise dans son écosystème.

Inspiration et expérimentation dans le « lâcher prise »

Peur de laisser les clés de vos réseaux sociaux à vos collaborateurs ? Voici un exemple « extrême » qui pourra vous inspirer et vous aider à communiquer auprès de vos équipes sur les limites à ne pas dépasser.

La Suède a pendant 7 ans laissé son compte Twitter @Sweden entre les mains de suédois ordinaires. Jusqu’en septembre 2018, 356 « curateurs » se sont succédés, tous recommandés de manière anonyme par d’autres personnes. Sur les 200 000 tweets postés, seulement sept ont été supprimés, la plupart du temps par les curateurs eux-mêmes. Un système d’autorégulation s’est ainsi mis en place entre les différents curateurs qui ont finalement profité de cette expérience pour partager les valeurs positives de leur pays et parfois tester les limites de l’humour. Jack, jeune suédois de 22 ans, avait inauguré le compte le 16 décembre 2011 en répondant de façon humoristique à une question d’un internaute américain sur « comment survivre aux hivers suédois ». Sa réponse : « Je bois beaucoup de café, je m’éclaire avec l’écran de mon ordinateur et je vois mes amis. Oh, et tu sais, la masturbation. » Cette histoire aura fait connaitre le compte dans le monde entier quand Le New York Times le surnomma « The Masturbating Swede » (« Le Suédois masturbateur »). Un humour qui ne passerait pas forcément dans toutes les entreprises, mais l’objectif de communication a été réussi !

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