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Julien Mouyeket (Bolt) : notre vision est de devenir une plateforme exclusivement dédiée aux véhicules 100 % électriques d’ici 2030

A l’occasion de France Digitale Day dont Viuz était partenaire, et qui s’est tenu le 20 septembre dernier, nous avons interviewé Julien Mouyeket, Directeur général France de Bolt.

Bolt en quelques mots ?

Notre entreprise, créée en Estonie,  fête ses dix ans cette année. Nous avons  commencé en 2013 en tant que service de taxis, puis nous avons rapidement adopté le modèle des VTC, devenu depuis notre principal moteur de revenus. 

Nous proposons désormais des trottinettes électriques, des vélos électriques, des livraisons de courses ainsi que du partage de voitures en libre-service, le tout accessible via notre application.

 À l'heure actuelle, nous sommes leaders en Europe dans les secteurs de la micro-mobilité et du VTC/taxi. 

Nous comptons actuellement 3500 employés dans le monde, dont environ une centaine en France. Malgré sa taille relativement modeste en comparaison, la France revêt une grande importance pour le groupe. En fait, elle est l'un de nos plus importants marchés au sein du groupe.

Pourquoi les trottinettes ne marchent pas en France ? 

Notre deuxième activité, la micro-mobilité, a connu une expansion rapide depuis son lancement en 2018, malgré l'impact du Covid-19. Par exemple, en Allemagne, nous avons lancé plus de 50 villes en quelques semaines. C'est de loin notre activité qui a connu la plus forte croissance, tant en chiffre d'affaires qu'en développement.

Aujourd'hui, nous avons conçu nos propres modèles, très efficaces, modulables, en aluminium recyclable, offrant une grande stabilité pour renforcer la sécurité.

Dans de nombreuses villes, nos trottinettes et vélos sont populaires, comme Stockholm ou Lisbonne. La trottinette souffrait d’une mauvaise réputation en 2018 en raison de comportements inappropriés des utilisateurs, mais ces derniers ont évolué et les comportements  sont plus responsables. En parallèle,  les villes ont investi dans des infrastructures pour améliorer la sécurité. Malgré un début difficile, les modèles de micro-mobilité de la trottinette et du vélo gagnent en popularité.

En France, les trottinettes sont tributaires d' appels d'offres avec des critères pas toujours les plus pertinents telles que la disponibilité de flottes, les zones de service et les zones à éviter. Cela rend l'activité moins attrayante dans certaines villes, et  nuit à sa dynamique. Nous croyons qu'il existe des modèles alternatifs

Où en êtes-vous en ce qui concerne la livraison ? 

Notre activité de livraison est plus récente que la micro-mobilité, nous sommes satisfaits de sa croissance, mais la livraison chez nous n'est pas encore comparable au poids qu’elle a pris chez notre principal concurrent, et qui représente 50% de l’activité. 

Quelles sont vos actions en matière de durabilité ?

Nous réalisons déjà 60 % de notre activité avec des véhicules électriques ou hybrides, et cette proportion augmente. Nous aidons nos chauffeurs à passer à l'électrique en proposant des véhicules neufs et d'occasion, de la location à court ou long terme, du leasing, et en participant au financement. De plus, nous les accompagnons dans la structuration de leur financement, car le coût du véhicule est souvent un obstacle. Les banques traditionnelles hésitent à financer les chauffeurs VTC, ce qui exige des apports initiaux élevés.

Prenons l'exemple d'une Tesla, qui coûte environ 40 000 €. Les chauffeurs ont du mal à financer un tel achat compte tenu de leurs revenus. 

Notre objectif est que la grande majorité de nos courses soit effectuée en véhicules électriques ou hybrides rechargeables d'ici 2025, avec pour vision ultime de devenir une plateforme exclusivement dédiée aux véhicules 100 % électriques d'ici 2030.

De plus, nous avons lancé des initiatives mondiales, comme la plantation d'arbres au Kenya et en France avec Reforest'Action, afin de contribuer à la durabilité. 

Comment voyez-vous le marché des VTC : quelle est votre vision ?

Le marché des VTC a connu des évolutions majeures depuis notre arrivée en France en 2017. Les réglementations ont changé, avec l'adoption de la loi sur la mobilité, et des événements tels que les manifestations des "gilets jaunes" et la pandémie de Covid-19 ont impacté le secteur. Aujourd'hui, le marché tend à se consolider, avec deux leaders majeurs en France qui prennent de plus en plus de parts de marché, rendant la situation difficile pour les acteurs plus petits.

À moyen terme, le marché devrait se réduire à deux ou trois acteurs majeurs, et il est possible que des acteurs internationaux entrent sur le marché français. De plus, l'industrie rencontre des défis structurels, notamment en ce qui concerne l'accès à la profession, ce qui entraîne une pénurie de chauffeurs.

À Paris, il y a 30 000 à 35 000 chauffeurs pour 12 millions d'habitants, tandis qu'à Londres, avec une population similaire de 13 millions d'habitants, il y a plus de 80 000 chauffeurs. Cette disparité a deux conséquences majeures : une meilleure expérience utilisateur à Londres, mais une croissance du marché moins soutenue à Paris en raison du déficit de chauffeurs. Londres est environ trois à quatre fois plus grand que Paris sur le marché.  Le potentiel économique est donc considérable, avec la  possibilité de réduire les prix à Paris en augmentant le nombre de chauffeurs, ce qui bénéficierait aux conducteurs.

Cela aiderait les gens à décider s'ils ont besoin d'une voiture ou s'ils peuvent combiner vélo, VTC et transports en commun, grâce à des prix plus abordables. De plus, cela rendrait les déplacements plus accessibles pour des groupes comme les étudiants, tout en améliorant la sécurité, ce qui encouragerait davantage de femmes et de minorités à utiliser ces services pour leurs trajets, y compris en rentrant de soirée

In fine quelle est votre différence ? Pourquoi choisir Bolt ? 

C’est notre proposition de valeur : elle  réside dans des courses moins chères pour les utilisateurs tout en offrant une meilleure rémunération aux chauffeurs. Ce qui stimule notre croissance en termes de chauffeurs actifs sur la plateforme et d'utilisateurs.

Notre différenciation réside dans une structure de coûts fondamentalement différente. Nos ingénieurs ne sont pas aux États-Unis, mais en Estonie, à Tallinn, ce qui engendre des coûts moindres. Et notre culture prône la frugalité. Notre approche en matière d'investissements est donc radicalement différente de celle des grandes entreprises, nous permettant de croître avec des marges plus étroites.

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