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Métiers du futur : l’outplacement 3.0 comme levier de retour à l’emploi.

La crise du Coronavirus pourrait supprimer 25 millions d’emplois  dans le monde selon l’organisation internationale du travail. Au total, 11,7 millions de travailleurs français sont au chômage partiel en ce début Mai 2020. Un lent déconfinement démarre sans certitude quant à la manière dont chacun retournera travailler. Et le monde d’après sera différent, notamment en matière d’emploi. Face aux Cassandres qui ne manquent pas de prédire récession durable, licenciements de masse et fracture sociale irrémédiable, la réflexion de cet article est d’inspirer des changements positifs sur notre vision des métiers dans le futur, en particulier grâce à la valeur ajoutée de l’outplacement et sa digitalisation.

L’outplacement, c’est quoi ?

L’outplacement est une prestation d’accompagnement dont le but est de favoriser le retour à l'emploi d'un salarié qui doit quitter son entreprise. L'outplacement doit permettre de rebondir vers une nouvelle orientation choisie. C'est une étape cruciale, surtout dans un monde où les métiers sont en train d’évoluer très fortement du fait de l’automatisation et de l’essor de l’Intelligence Artificielle. Une démarche d’outplacement réussie consiste à porter un diagnostic éclairé sur son employabilité actuelle et à bâtir son employabilité future. Elle permet de repenser son projet professionnel, de cibler les secteurs et domaine d’activité adéquats, et enfin de bâtir une stratégie des moyens pour faire aboutir sa recherche. Et c’est là que le digital rentre fortement en ligne de compte, avec cette notion d’outplacement 3.0.

L’outplacement du futur : les plateformes et l’IA aident à concrétiser votre nouveau projet

Plus de 80% des emplois ne font pas l’objet d’une annonce et sont trouvés par une démarche de réseau[1]. Et plus on est expérimenté, plus ce constat se vérifie. De fait, dans une démarche d’outplacement 3.0., l’intervention du consultant doit notamment porter sur la manière de bâtir une stratégie digitale robuste pour que le candidat anime ses réseaux (LinkedIn, Twitter ou encore Instagram, selon le secteur visé) et communique sur sa prochaine étape professionnelle tout en améliorant son « personal branding ». Il y a clairement un enjeu de ciblage et d’audience qualifiée à engager sur les plateformes quand on cherche son futur job. L’outplacement 3 .0. permet  d’apprendre à capitaliser sur sa propre communauté et à l’animer efficacement pour rebondir.

De plus, pour un  candidat en process d’outplacement, l’IA représente également une opportunité de mieux cibler sa recherche lors de l’envoi d’une candidature spontanée. Par exemple, Pôle Emploi a développé un algorithme fiable à 80% et basé sur les données de l’URSAFF  (La Bonne Boîte ) qui identifie en temps réel les entreprises à fort potentiel d’embauche et préconise au postulant le meilleur canal pour obtenir un rendez-vous. Une mine d’or !

Enfin, dans un monde post crise du COVID, il y a fort à parier que tous ne choisiront pas de revenir vers un emploi salarié classique. D’après une étude de MetLife de 2019, 20% des travailleurs américains, soit 35 millions de personnes, tireraient leurs revenus d’une activité de freelancing.  C’est souvent un choix. Et ce choix, l’outplacement peut permettre de le faire en aidant ceux qui le souhaitent à lâcher la rampe du salariat pour créer leur propre activité. Les freelances & les solo-entrepreneurs sont à la recherche de plus d’autonomie, de flexibilité, ou tout simplement de plus de sens. Toujours d’après MetLife, 85% des freelances souhaitent continuer dans cette voie au cours des 5 prochaines années, et 49 % des salariés seraient tentés. Là encore, des plateformes comme Malt ou encore la Crème de la Crème offrent des opportunités intéressantes pour amorcer ce type de rebond.

L’outplacement, pourquoi cela marche ?

Le SYNTEC Conseil publie chaque année une étude sur l’outplacement. Les principales conclusions du dernier opus sont les suivantes :

  1. Grâce à l’outplacement, près de 8 personnes sur 10 obtiennent un nouveau poste à salaire équivalent (49%), voire supérieur (30%), à leur précédente rémunération
  2. L’outplacement aboutit à un emploi salarié en CDI pour 77% des candidats et à la création d’activité dans 15% des cas
  3. Près d’1 repositionnement sur 2 est accompagné d’une mobilité géographique (en France : 35% ; hors France : 11%) ; cela constitue une tendance en progression sur le long terme (40% des repositionnements seulement en 2011)
  4. Les sociétés de moins de 250 salariés constituent le premier lieu de repositionnement des candidats .

Pour mémoire, l’outplacement est né d’entreprises américaines pour :

  • Proposer un coach en communication afin que le dirigeant qui change d’entreprise envoie les bons messages,
  • Remobiliser de ceux qui restent autour de celui qui part (enjeu du « si ca m’arrive, je serai bien traité »),
  • Remercier un collaborateur qui n’a pas démérité.

Comme l’affirme Eric Beaudoin, qui préside la Commission Evolution Professionnelle du SYNTEC Conseil  « l’impact du digital sur le reclassement est très important, notamment via les réseaux sociaux. Mais le  contact humain n’est pas remplacé totalement par le digital. Les candidats ont besoin de soutien et d’accompagnement. » Et surtout, l’outplacement permet de diviser par 2 ou 3 la durée de reclassement d’un cadre.

Pour conclure, je reprendrai les mots de Pline l’Ancien : « La seule chose certaine, c’est que rien n’est certain. » Et dans ces temps de situations inédites, les cabinets d’outplacement ont un défi à relever grâce au digital et un rôle essentiel à jouer pour favoriser le retour à l’emploi du plus grand nombre. Partenaires de femmes et d’hommes en transition, ils doivent être l’interlocuteur stratégique de chaque candidat pour l’accompagner dans l’identification de son métier du futur, tout en s’appuyant sur l’Intelligence Artificielle et les plateformes qui offrent de nouvelles opportunités à saisir dans un monde en pleine transformation.

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Isabelle dirige depuis 2017 Colibri Talent , cabinet de recrutement et d’outplacement qui accompagne la transformation digitale des entreprises. Elle est l’auteur des Métiers du Futur publié chez First,  et a co-fondé un observatoire du même nom.


[1] Source Pole Emploi

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