Quand le monde s’accélère, il éclot de nouveaux êtres à la fois fascinants et anxiogènes et parmi ceux-ci : le collègue artificiel, dernier avatar de la révolution de l’IA.
Souvenez vous, Dario Amodei, le CEO d’Anthropic avait proclamé il y a quatre mois, que nous assisterions à la première société d’IA Milliardaire à mono-employé humain.
Concrètement
Pour l’instant, Anthropic et Open AI travaillent activement à mettre sur le marché la première génération de collègues artificiels monotâches qu’ils seraient en train d’entraîner sur les grands modèles d’ERP ou autres applications d’entreprises.
Déjà, l’introduction d’agents artificiels sous forme de collaborateurs non-humains a commencé à bas bruit. Ils sont pour l’instant assignés à des tâches d’assistances : résumés de réunions, planifications de rendez-vous, tâches d’entrée de données sur ERP. Mais des agents plus sophistiqués d’optimisation de workflow voient le jour : c’est le cas du projet FinRobot développé conjointement par l’AI4 Finance Fondation, l’université de New York et celle de Columbia..
D’autres startups aux noms évocateurs comme Crew AI, Adept AI, Lindy AI ou Relevance AI travaillent également à l’introduction de travailleurs AI ou de systèmes d’orchestrations destinés à coordonner une batterie d’agents monotâches et complémentaires.
Aujourd’hui, même si les Startups les plus avancées développent ce qui s’apparente à des équipes d’agents AI spécialisés, la voie semble tracée vers l’introduction d’agents polyvalents.
Une introduction complexe
Même si Anthropic à développé des modules pour familiariser les Agents AI auprès des Humains, l’introduction d’employés artificiels et la mise en place d’équipes hybrides ne s’annoncent pas si fluides. Un sondage récent a montré que 32% des employés redoutaient d’être remplacés à terme par une IA. Ils ne seraient que 6% à estimer que l’introduction de l’intelligence artificielle augmenterait la création d’emploi.
Open AI de son côté travaille depuis quelques années à son “Open AI Canvas” son modèle de collaboration Humain-AI et accélére le recrutement dans des fonctions radicalement nouvelles comme “Human AI collaboration Lead”.
Le rapport The ”Artificial” Colleague
Avant de se lancer dans la révolution du collègue artificiel, les DRH et autres Chief People Officer feraient bien de s’inspirer des recherches de Shadan Sadeghia et Marc Hassenzahl. Dans un rapport publié en 2022, ils tiraient les trois enseignements suivants :
1- Les humains ont tendance à tâche égale à considérer les collègues IA comme subordonnés.
2- Dans les cas où l’on assigne des tâches supérieures où plus valorisantes à un collaborateur non humain, les employés ont tendance à répercuter leur insatisfaction sur l’IA.
3- En terme de job design, il est crucial que les tâches assignées aux humains répondent à leurs besoins psychologiques fondamentaux de compétence, d’autonomie et de lien social.
Leur conclusion demeurait, in fine, très humaine : travailler avec un collègue humain est perçu comme plus motivant et porteur de sens que de travailler avec une IA, même lorsque le résultat final du travail est identique et positif.
Sécurité informatique
Ils seraient également bien avisés de discuter avec leurs collègues de la sécurité informatique, lors du Black Hat USA 2025 plusieurs démonstrations ont mis à jour le danger d’infiltration d’agents artificiels par, je cite : “injection de prompt”.
Bref, à maints égards la fiabilité de ces collègues artificiels tout nouveaux, tout beaux est encore à prendre avec quelques pincettes. Et…si on n’arrête pas le progrès, il peut parfois être utile de le ralentir.