“Our employees are not children. Spotify will continue working remotely”. Ce slogan m’est resté en tête. Il dit tout, avec brutalité : soit on fait confiance, soit on n’embauche pas.
Depuis la généralisation du télétravail, beaucoup d’entreprises avancent à reculons. Elles veulent les gains… sans en assumer les conséquences. Elles installent des jours fixes, imposent des horaires, traquent les connexions, surveillent les mouvements de souris. Comme si la distance libérait forcément la paresse. Mais le vrai sujet n’est pas là. Il n’a jamais été là. Le sujet, c’est la confiance.
Et poser la question de la confiance, c’est poser une question fondamentale de culture managériale : est-ce que je crois que mes équipes sont capables de faire leur boulot sans que je sois derrière leur dos ? Ou est-ce que, pour me rassurer, je préfère les garder visibles ? Ce n’est pas une question de technologie. C’est une question de maturité.
Le télétravail ne fragilise pas la culture d’entreprise. Il révèle celle qu’on a.
Chez nous, ça fait cinq ans que le 100 % remote est devenu la norme. Pas une expérimentation, pas une faveur. Un choix assumé. Et non, ce n’est pas l’anarchie. C’est de l’organisation. Des objectifs clairs. Des outils bien choisis. Une charte du télétravail écrite et signée. Des rituels précis. Et surtout, un climat de respect mutuel.
Mais plus encore qu’une nouvelle organisation, ça a été un véritable game changer. Le télétravail a renforcé la confiance, déverrouillé l’autonomie, accéléré la responsabilisation. Jusqu’à transformer notre modèle de gouvernance : aujourd’hui, tous les salariés d’Adrénaline détiennent une part du capital. On a écrit ensemble un pacte d’associés, qui reflète cette confiance collective. 20 % du capital de l’agence appartient désormais à celles et ceux qui la font vivre au quotidien.
Résultat ? Un meilleur équilibre de vie. Une équipe plus engagée. Zéro turnover. Moins d’émissions carbone. Et paradoxalement, plus de collaboration. Parce qu’on écrit, on documente, on partage. Et parce qu’on fait d’autant plus attention à l’autre qu’on sait que le lien n’est pas intangible.
Réinventer le rôle du manager
Alors non, tout le monde ne veut pas du télétravail à 100 %. Et toutes les structures ne peuvent pas l’adopter tel quel. Mais le principe reste valable : quand on choisit la confiance, on découvre souvent que les gens donnent le meilleur d’eux-mêmes.
Les chiffres le confirment : 91 % des cadres estiment que leur manager leur accorde la même confiance en télétravail qu’en présentiel, selon une récente enquête de l’APEC. Et 69 % constatent que les pratiques managériales ont su s’adapter. Preuve que la confiance à distance, c’est en train de devenir la norme. Et la balle aujourd’hui est dans le camp des managers.
Manager à distance, ce n’est pas disparaître. C’est changer de posture. Écouter plus, diriger autrement. Passer d’un rôle de contrôle à un rôle de soutien, porteur de sens et de confiance. Ce n’est pas moins de management, c’est un autre management.
Et cette transformation donne naissance à de nouveaux modèles, plus adaptés à un monde du travail décentralisé. Comme par exemple l’application de la subsidiarité au management que proposent David Gréa et Marc Fassier dans leur livre “Pour des managers en soutien : La subsidiarité dans les organisations” : une approche qui consiste à laisser les décisions à ceux qui sont les plus proches du terrain, plutôt que de les faire remonter. C’est une logique de responsabilisation, pas de validation permanente. C’est une logique de confiance.
Oui, le télétravail est un test de leadership. Et comme tous les bons tests, il ne juge pas les équipes. Il juge ceux qui les dirigent.
Tribune rédigée par Mathieu Vicard, DG de l’agence Adrénaline, membre de l’AACC.
Adrénaline est une agence de communication indépendante spécialisée en stratégie de marque, création publicitaire et activation digitale. Indépendante et engagée, l’agence se distingue par son modèle de fonctionnement en 100% télétravail, qui favorise l’agilité, l’équilibre de vie et l’efficacité des équipes.
Adrénaline est certifiée RSE Agences Actives et investit 1 % de son chiffre d’affaires chaque année dans Team for the Planet. Elle est membre de l’AACC – Association des Agences Conseil et Création