Il est bien loin le temps où Cannes Lions était entièrement consacré au film publicitaire. Certains ont pu s’en plaindre. La créativité reste pourtant au coeur de cette 63ème édition. Elle épouse son époque, celle de la tech et de la data.
Servi cette année par un temps exceptionnel mais une météo géopolitique moins clémente (le Brexit… Sachant que 3000 anglais avaient fait le déplacements) Cannes Lions conserve très largement son attractivité, voire semble l’accroître d’année en année.
Pour s’en convaincre, un seul chiffre : 43 000 dossiers de candidatures ont été postés dans l’espoir de décrocher un prix – un record !
Les dossiers sont issus de 93 pays, ils sont départagés par 387 jurés répartis sur 24 catégories. Les cérémonies de remise de prix font salle comble, et il s’y dégage une énergie collective contagieuse – on comprend que les gagnants viennent encore chercher leur récompense les yeux humides en remerciant leurs parents.
Cannes Lions (ainsi nommé car l’événement qui se tenait à l’origine à Venise se référait aux lions de la place Saint Marc) est de fait le plus gros festival à Cannes. Il réunit pas moins de 15 000 délégués venus des quatre coins de la planète créative et désormais du monde techno.
Parmi les annonces, illustrant bien la fusion entre créativité, contenus et technologie, il faut retenir :
– Instagram compte désormais 500 millions de membres
– Vice Media s’étend en Afrique, Asie et Moyen Orient, ce qui fait un total de 51 pays.
Rappelons que le CEO co-fondateur Shane Smith a remporté, larmes à l’oeil, le prix de personne media de l’année
– Facebook lance de son Creative hub, afin de créer des publicités plus simplement sur mobile
– Twitter étend la durée pour ses vidéos de 30 à 140 secondes
– Youtube lance son Youtube Brand Partner Program Certification
Quelques observations :
– l’intelligence artificielle était l’un des sujets. The Next Rembrandt, cette oeuvre entièrement composée de manière artificielle par JWT pour ING, a raflé pas mois de 15 prix (à l’heure où nous écrivons cet article), dont le Grand Prix dans la très signifiante catégorie “creative data”
– la réalité virtuelle était un autre sujet récurrent. Oculus rift était en démo dans de nombreux stand, dont Facebook. Samsung a installé une démo, accessible au grand public, de montagnes russes. Lors de la conférence de presse, Clay Bavo, VP réalité Virtuelle chez Google déclarait
” Cette technologie va changer notre manière de voyager, de communiquer, de raconter des histoires, de penser et de mémoriser “.
Parallèlement, Youtube publiait sa liste des vidéos VR les plus populaires , dont voici la numéro 1 ( Compte YouTube: BMW, Agence créa: KBS, Agence media: Universal McCann)
https://youtu.be/OwDtPixqJLc
– Snapchat : pas de plage privée ni de Yacht (pas encore ?). La messagerie instantanée occupait intelligemment l’un des deux grands écrans au-dessus du tapis rouge à l’entrée du Palais des Festivals (à côté d’Accenture, tiens, qui occupait l’autre écran, avec un mot : BrandTech). Snapchat était dans toutes les conversations, et il est vrai qu’au delà des audiences qu’elle rassemble, la messagerie incarne très bien la magie promise à Cannes : la fusion en cours de la tech et du storytelling, qui plus est portée par les jeunes générations
– Facebook, Twitter, Youtube, Smartadserver, Openx,Teads, RadiumOne, Quantcast… les acteurs du digital ont envahi cette année encore de manière très visible la Croisette, les pages privées, les hôtels de luxe et les yachts. Une deuxième vague arrive : des acteurs moins historiquement liés à la pub, et davantage issus de la data, des bases de données ou de l’intégration comme Oracle ou Accenture. Lors de la rooftop party organisée par sa société à l’hôtel Mariott, un dirigeant d’Oracle Marketing Cloud a dit très justement :
“Oracle à Cannes, c’était à peine imaginable il y a encore deux ans. Le monde change très rapidement”
Cannes Lions, festival international de l’hybridation…
