Contenus

Tech dispersion

Sommes-nous à l’aube d’un nouveau grand cycle ? Plusieurs signes, faibles et forts, semblent l’indiquer. Ce qui se passe dans le monde tech, par ailleurs, est très révélateur. De grandes et moins grandes entreprises sont bousculées, tandis que de nouvelles innovations, et au premier chef l’intelligence artificielle générative, provoquent une nouvelle ruée vers l’or. Tout cela pourrait être transitoire, le temps pour les uns et pour les autres de s’adapter. Mais il pourrait tout aussi bien s’agir de mutations plus  profondes, avec une recomposition du paysage tech voire une nouvelle grande vague d’innovations et de ruptures. 

Pour y voir plus clair, nous avons détecté 4 tendances qui refaçonnent nos vies. Nous explorons aujourd'hui la 4ème : tech dispersion

Voir les tendances

Tendance 1 : l'impact de l'IA générative

Tendance 2 : la grande délinéarisation

Tendance 3 : comme un besoin de ré-incarnation

Tendance 4 : tech dispersion


Pour ne louper aucune de nos tendances, inscrivez-vous à la newsletter de Viuz ICI


Lorsqu’un objet explose en plein vol, ses débris se dispersent en retombant. Plus le vol est haut et plus l’explosion est forte, plus la dispersion est grande. L’image est un peu forte. Elle n’illustre pas exactement ce qui est en train de se passer pour la tech. Mais il y a peut-être quelque chose de cela

On a assisté en tout cas à une chute, ou au moins à une très significative baisse des valeurs techno : le Nasdaq a perdu 30% de sa valeur en 2022. Parmi les très grands noms de la big tech, Alphabet a perdu 40% de sa valeur. 


La fin des idoles

Cette chute n’est pas que boursière. La cote d’amour pour un secteur qui naguère faisait pourtant rêver en a pris pour son grade.

Deux épisodes survenus presque en même temps  ont marqué les esprits : la faillite de FTX en novembre 2022 et la prise de pouvoir de Twitter par Elon Musk. La faillite de FTX, plateforme de cryptomonnaies, vient sinon en sonner le glas, au moins jeter le trouble dans le monde des crypto-monnaies et par extension dans celui plus large et hétéroclite du web3. Le web3 était annoncé comme la grande nouvelle vague, avec à la clé une nouvelle ère de transparence et de sécurité. Sam Bankman-Fried, le patron fondateur de FTX à l’éternel tee-shirt sombre, se retrouve, au moment où nous écrivons ces lignes, accusé de corruption aggravée et encourt une peine de prison à vie. Le nouveau PDG de FTX mandaté par la justice américaine, liquidateur par le passé d’Enron, il sait donc de quoi il parle, a déclaré qu’il n’avait jamais vu au sein d’une entreprise de telles failles dans les contrôles à tous les niveaux. 

Quant à Twitter les épisodes peu reluisants se sont succédés : licenciements, retour du compte de Donald Trump, retour des comptes de figures notamment complotistes, retour des publicités politiques, fuite des annonceurs.

Ces deux épisodes hautement symboliques sont à l’image d’un malaise plus diffus. La tech connaît depuis l’été 2022 des plans de licenciements massifs. Selon Layoffs.fyi les tech companies ont licencié en 2022 200 000 collaborateurs, contre 80 000 entre mars et décembre 2020 et 14 000 en 2021. 


Après la dissémination

La fin de l’argent facile, l’inflation, la baisse de la consommation ont contraint le secteur de la tech à un retour à la réalité après des années haussières et en particulier après la pandémie.

L’argent facile a financé les digital companies de la Silicon Valley, et les startups des principales scènes tech de part le monde. Il a permis le lancement d’innovations, leur marketing de masse, l’optimisation de l’expérience consommateur… Il a permis la pénétration de produits, services et objets digitaux à des prix inférieurs à leur coût de revient.

La love story entre la big tech et nous, si elle appartient au passé, aura poussé des milliards de personnes venues du monde analogique à embrasser, parfois à corps perdu, le monde digital. Elle aura accéléré une adoption de masse à un rythme et à une échelle jamais connus jusqu’alors. 

Après la dissémination, on aborde une nouvelle étape de dispersion : la tech prolifère en dehors de son jardin d’origine, la big tech, les entreprises digital natives et tout l’écosystème des startups.  Ce pourrait être une revanche des entreprises nées avant ou en dehors du digital, entreprises qui ainsi absorberaient ou rééquilibreraient le développement de la tech. Significativement, les profils informatiques ou data ont du mal à trouver un emploi dans la Silicon Valley et se tournent vers l’industrie et  les secteurs de la distribution, de la banque ou de la santé.


Deux hypothèses

Cela dit, comment interpréter cette crise de la tech ? Quelle en sera l’issue ? 

Deux hypothèses s’opposent :

  1. La crise est profonde, l’âge d’or de la big tech est derrière nous. Il a commencé en un jour de novembre 2018, le super thursday, comme l’a nommé le Financial Times, où les valeurs tech ont flambé, puis n’ont cessé de grimper année après année. Il aurait fini 4 ans plus tard, en novembre 2022, le mois où FTX fait faillite, où Elon Musk s’empare de Twitter, et où Meta enregistre sa plus faible cote boursière depuis le sommet atteint en septembre 2021 (une valeur réduite des trois quarts). Dans cette hypothèse, la tech, notamment sous le poids des législations américaines, continuerait sa dispersion et ses acteurs seraient soumis au mieux à un régime normal, comme les autres secteurs de l’économie. 
  1. La tech traverse une crise conjoncturelle, salutaire, le temps pour elle de s’adapter, de réajuster. Il pourrait même y avoir un rééquilibrage des forces (par exemple dans le si puissant segment du search, naguère le monopole de Google, et demain, un triopole Google - Microsoft - Amazon, chose impensable il y a peu). La tech, dégraissée, pourrait profiter de nouveaux ressorts comme l’intelligence artificielle et même continuer à faire rêver. 


// Pour ne louper aucune de nos tendances, inscrivez-vous à la newsletter de Viuz ICI //


Photo de Kier... in Sight sur Unsplash

Plus d'articles Contenus

+ TOUS LES ARTICLES Contenus
  • Commerce, publicité, IA, influence, consommation, média, RH… 30 chiffres qu’il fallait retenir de ce début d’année

    Les mois de Janvier et Février sont toujours très intéressants pour une lecture globale des marchés qui nous entourent. Tel l’hiver qui sâ...

  • Michaël Nathan (SIG) – Savoir parler à tous : la communication publique à l’heure de l’expérience utilisateur

    Placée sous l’autorité directe du premier ministre, le Service d’information du Gouvernement (SIG) informe notamment le grand public des a...

  • Perspectives : 30 chiffres qu’il fallait retenir de novembre et décembre 2023

    La rédaction de Viuz vous propose un condensé de 30 chiffres marquants sur la fin d’année (novembre et décembre 2023) qui permettent de po...