Le « Paypal bashing » est depuis quelques temps à la mode dans le milieu tech et e-commerce. Certains annoncent la fin inéluctable du leader du paiement en ligne, d’autres critiquent son service client, sa lourdeur technique ou encore son système de détection des fraudes arbitraire. Pourquoi tant de haine ? Paypal compte 128 millions d’utilisateurs dans le monde et a fait 1,36 milliards de dollars de CA en 2012. Sur un marché de plus en plus concurrentiel, Paypal a la peau dure.
– Paypal, l’ennemi des développeurs ?
Les développeurs en charge de son intégration reprochent à Paypal son côté « usine à gaz » et son expérience utilisateur très mauvaise. Les options supplémentaires comme la gestion multidevises sont facturées au prix fort. Autre reproche : Paypal permet difficilement de mettre en place des abonnements, de plus en plus demandés.
– Des concurrents qui montent, qui montent
Les concurrents de Paypal comme Stripe, (financé par Peter Thiel, le fondateur de….. Paypal), Paymill, la solution créée par Rocket Internet, Braintree, Zooz, Recurly, MangoPay ont l’avantage d’être extrêmement faciles à intégrer, de pratiquer des commissions beaucoup plus faibles et surtout transparentes. Stripe, considéré comme l’une des « next big thing » du Web a levé 40 millions de dollars en deux ans et se développe très vite. Ces services sont plébiscités par le marché pour la simplicité de leur technologie.
Mais leur capacité à acquérir des clients au-delà de la communauté des startups et des développeurs reste à prouver. Paypal, présent dans 193 pays reste une marque extrêmement forte et rassurante. Autre barrière à l’entrée : la diversité des législations et des monnaies en Europe rend plus difficile l’accès aux marchés européens pour les nouveaux acteurs du paiement.
– Paypal, un géant qui sait innover
Paypal a su s’adapter et développer des services pour les nouveaux segments du marché. Paypal a par exemple lancé un concurrent de Square, Paypal Here, considéré par certains comme plus performant que Square lui-même. Grâce au rachat de la startup Card.io, Paypal Here permet par exemple de payer en prenant une photo de sa carte bancaire, ce que Square ne fait pas encore. Paypal a également annoncé un partenariat avec les magasins Home Depot qui permet aux clients de payer avec leurs comptes Paypal des achats en magasin via un terminal. Dernière innovation et pas des moindres : Paypal serait sur le point d’intégrer le nouvelle monnaie virtuelle Bitcoin, ce qui serait une grande première.
– Le mobile : nouvel eldorado
La croissance de Paypal provient largement du mobile : sur les 5 millions nouveaux membres acquis au premier trimestre 2013, 2,8 millions viennent du mobile.
Paypal a également annoncé il y a un mois le lancement d’un nouveau SDK (software development kit) permettent aux applications mobiles d’accepter l’in-app purchase, c’est-à-dire le paiement dans l’application, sans avoir à changer de page.
Paypal a également réalisé de nombreuses acquisitions, comme la start-up Zong, rachetée pour 240 millions de dollars et qui permet d’impacter des achats sur mobile directement sur sa facture téléphonique. Le fondateur de Zong, David Marcus est devenu l’actuel PDG de Paypal. PDG atypique, puisqu’il aurait demandé à ses salariés « d’oublier tout ce qu’ils savaient sur Paypal » pour rebondir. Une stratégie qui semble porter ses fruits pour l’instant.
Par Antoine Amiel, CEO de , l’université collaborative des entrepreneurs