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“Résilience alimentaire : nourrir les territoires en temps d’incertitude” – bilan UTOPIES

Dans la lignée de l’étude publiée en 2017 sur l’autonomie alimentaire des villes, UTOPIES, dresse le bilan du modèle alimentaire français dans une étude intitulée “Résilience alimentaire : nourrir les territoires en temps d’incertitude”. À quels risques nos systèmes alimentaires sont-ils exposés ? Quelle est la robustesse des différentes filières alimentaires ? Quelles sont les régions les mieux armées pour absorber les chocs à venir et se réinventer ? Et, surtout, quelles sont les voies à explorer afin de bâtir un nouveau modèle alimentaire et gagner en résilience ? Le modèle agro-industriel mis en place à partir des « Trente Glorieuses » a largement rempli sa mission : fournir une nourriture abondante, bon marché et sûre à une population toujours plus importante, tout en permettant à la France de structurer un puissant secteur exportateur. Pourtant, ce modèle présente aujourd’hui des limites et vulnérabilités majeures, entraînant un risque croissant de perturbations et de chocs que les acteurs des filières se doivent de mieux cerner pour renforcer la résilience alimentaire.

Une étude inédite qui mesure et défini la capacité de la France et de ses régions à être “résilientes” sur son alimentation
Cette étude propose de manière inédite de mesurer et de définir la capacité de la France et de ses régions à, d’une part assurer un certain niveau d’autonomie sur les filières alimentaires essentielles (agricoles, agroalimentaires, intrants, packaging, machines…), et d’autre part à se renouveler en cas d’aléas mettant à mal le système national (ruptures d’approvisionnement, intempéries, flambée du prix de certaines matières premières…) : le prisme de la résilience est abordé de manière assez inédite au sein de cette étude. 


Évaluer la résilience alimentaire sur nos territoires

La résilience alimentaire correspond à  la capacité d’un territoire à assurer la satisfaction des besoins alimentaires de ses habitants face à différents aléas (climatiques, naturels, industriels, sanitaires, etc.) susceptibles de perturber le fonctionnement de son système alimentaire. Cette dernière peut se mesurer par la capacité d’un territoire à développer :

  • Une forte autonomie, en prenant compte de l’étape de la production agricole, mais également des activités de transformation, de distribution et de restauration,
  • Une grande diversité d’activités agricoles, agroalimentaires et d’activités connexes pour avoir la capacité de rebondir face à un choc,
  • Une soutenabilité des modes de production et de consommation, c’est-à-dire assurer la transition vers des modes de production et de consommation plus durables pour anticiper de nombreux aléas environnementaux.

Pour faire face à ces chocs, il est essentiel de travailler et de coordonner toutes les échelles territoriales, l’idée étant de maximiser le potentiel de relocalisation et de diversification de chacune.

Évaluer la résilience alimentaire en France…
Travailler la résilience alimentaire d’un territoire ne peut se limiter au seul champ agricole puisque l’étude rappelle que seulement 7% de notre consommation est composée, en valeur, de produits agricoles bruts et pris au domicile. La France présente une autonomie alimentaire de 43% sur la production agricole et de 72% pour la transformation agroalimentaire. Pourtant, l’étude révèle que la France a les moyens d’une autonomie beaucoup plus élevée (108%) : si 100% de la production était tournée vers la demande domestique, elle disposerait d’une autonomie potentielle de 98% sur la production agricole et de 144% sur la transformation agricole. La faute à l’exportation ? En effet, le niveau d’autonomie alimentaire pourrait être corrélé au fait qu’une large partie de la production agricole nationale est exportée directement (environ 25% de la production) ou indirectement (en étant incorporée à des produits transformés exportés), parfois pour importer les mêmes produits… A titre d’exemple, si l’on s’intéresse à la production laitière, qui montre une autonomie intéressante de 62%, on constate que la France exporte 10% de sa production, pour ré-importer par le même temps 11% de sa consommation, sur un produit identique…

… selon les filières…
Une analyse croisée a permis de mettre en lumière des filières vulnérables, et d’autres qui constituent des points d’appui ou tout du moins de progrès pour soutenir une autonomie alimentaire.

  • Les filières d’appui (filières fortement productives et bien ancrées localement) : filières d’élevage, ainsi que la filière laitière et la boulangerie ;
  • Les filières de progrès (filières très productives, mais qui exportent énormément ou peu productives, mais bien ancrées localement) : cultures de céréales et de plantes aromatiques, la fabrication de farine, de fromage, de produits à base de fruits et légumes ou encore de pâtes alimentaires ;
  • Les filières critiques (filières très peu productives et très exportatrices) : culture de fruits et de légumes, les activités de pêche ou encore la fabrication d’aliments surgelés.

Et pourtant, si l’on considère l’amont agricole, chacun des secteurs français est en capacité de répondre à plus de 60% de la demande nationale, mais la majorité de ces secteurs exporte plus de 20% de leur production. Quant aux secteurs de la transformation agroalimentaire, les 3/4 auraient la capacité d’approvisionner 100% de la consommation nationale, alors que près d’un quart de la production nationale est exportée du territoire.

… au niveau régional.
Si l’on descend à l’échelle régionale, le paysage est très contrasté. Globalement, aucune région ne dépasse l’autonomie alimentaire nationale, avec en moyenne un taux d’autonomie alimentaire de 35% (17% pour la production agricole, et 45% pour la transformation agroalimentaire).

Cependant, l’analyse d’UTOPIES démontre que, si la majorité des régions exportent aujourd’hui largement leur production (47% de la production agricole sort du territoire national, dont 71% vers l’international) elles disposent en moyenne d’une capacité de production supérieure à la production nécessaire pour nourrir leur population. En cela les régions semblent être la bonne échelle pour penser les questions d’autonomie : elles ont la capacité d’offrir un équilibre entre la production et la demande locale et sont dotées des compétences de développement économique à même de porter la diversification des filières alimentaires.

Autre indice à prendre en compte : la diversité économique d’un territoire qui constitue le second pilier de la résilience alimentaire et qui permet de mesurer la capacité de nos régions à mettre en place des stratégies de diversification et de relocalisation pour augmenter leur production alimentaire, en s’appuyant sur leur capital productif local, c’est-à-dire leurs ressources naturelles mais également les compétences ou les outils industriels dont elle disposent pour se réinventer.

La Bretagne est un bel exemple, puisqu’elle arrive à la première place des régions les plus résilientes  :

• Score de diversité de 79%, avec une large possibilité d’accroître sa résilience

• Score de 30% d’autonomie sur la production agricole, ce qui est néanmoins relativement bas au regard de la capacité du territoire. Elle pourrait couvrir 3 fois plus les besoins en produits agricoles de son territoire.

• Score de 55% d’autonomie sur la transformation agroalimentaire, mais encore avec le potentiel de mieux répondre aux besoins locaux.

Mais comme n’importe quel territoire, la région Bretagne ne doit pas oublier sa vulnérabilité à moyen terme : la marche vers la résilience reste encore grande tant qu’une transition massive vers des pratiques agro-écologiques ne sera pas engagée.


Quelles solutions pour renforcer notre résilience alimentaire ?

En préservant le capital agricole national… 
Au-delà des questions de préservation du foncier, un enjeu exploré par la note est la juste rémunération de l’amont agricole, mais également de la diversification de leur revenu, qui permettrait de pérenniser le secteur. Une augmentation du montant versé aux agriculteurs de 10%, toutes filières confondues, serait une première étape, dont les efforts sont détaillés dans l’étude, et se traduisent en moyenne par un recul de 2,6% de la valeur ajoutée chez les industriels de l’agroalimentaires, un recul de 1,7% des marge des intermédiaires (transporteurs, distributeurs) et une augmentation du prix final de 0,7% pour les consommateurs.

… en distribuant mieux l’outil industriel sur le territoire…
Une meilleure résilience alimentaire passe également par une plus grande distribution de la transformation alimentaire sur le territoire. Pour ce faire, les régions doivent prendre conscience de leur patrimoine productif local et des “parentés productives” qui pourraient être davantage exploitées, que ce soit au niveau des compétences et savoirs-faire ou même au niveau technologique : des machines ou intrants mobilisés par des entreprises locales extérieures aux filières alimentaires pourraient très bien se révéler utiles pour ces dernières.
Plusieurs approches peuvent être menées selon le contexte territorial. La relocalisation et la diversification des filières alimentaires est un enjeu majeur de la résilience alimentaire et va nécessairement passer par le développement de nouveaux lieux, permettant de rapprocher lieu de production, lieu de transformation et lieu de vente, en tirant au maximum partie des synergies entre les acteurs locaux : micro-transformation, mutualisation des outils, circularité sur les ressources…
Exploiter les parentés productives locales et la diversité d’un territoire, c’est ouvrir aux acteurs de la filière de nouveaux modèles d’affaires.

… et en veillant à s’adapter au défi écologique et climatique
Enfin, la prise en compte de la question climatique demeure essentielle lorsque l’on parle de résilience alimentaire, que l’on parle de réchauffement climatique ou même de l’appauvrissement de nos sols causé par l’utilisation à outrance des intrants chimiques : la résilience agricole passera par des efforts d’innovation – voire de redécouverte – de semences plus résilientes, comme s’attache à le faire la ferme conservatoire de Charly, avec le soutien de l’institut Vavivol.
Il faut également repenser plus largement notre autonomie, puisque notre dépendance aux intrants, notre besoin en énergie, machines, équipements, est couvert à 54% par des importations internationales. Pour gagner en autonomie – et donc en résilience – le système alimentaire français doit créer des symbioses locales en repensant son logiciel productif sous le prisme de la circularité. Encore faut-il embarquer les concitoyens dans cette transition. L’évolution des comportements alimentaires peut certes passer par de la sensibilisation, mais la créativité des acteurs agroalimentaires sera essentielle pour accompagner la transition des habitudes alimentaires en imaginant de nouveaux produits et formulations.

Plus local, mieux distribué, plus diversifié, circulaire : le modèle alimentaire résilient sera nécessairement le fruit de nouvelles coopérations entre la société civile, les acteurs économiques, financiers et les collectivités régionales. Car la question alimentaire, plus que toutes les autres, va nécessiter d’oeuvrer à la fois dans les champs de la planification (stratégie agricole, investissement dans les infrastructures industrielles et logistiques…), de l’innovation (résilience des semences, sobriété des process, décarbonation de l’offre alimentaire), de la réglementation (intégration des externalités environnementales dans les cadres comptables, fiscalité carbone), et du changement de comportements (capacité de l’aval à collaborer avec l’amont agricole, construction d’un prix juste, évolution des pratiques d’achat et composition de l’assiette).

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