À l’occasion de sa deuxième édition, la Paris Creator Week révèle les résultats du premier rapport sur la Creator Economy européenne, réalisé avec Coherent Market Insights. L’étude mesure un marché européen évalué à 32,8 milliards USD en 2025 et projette une croissance spectaculaire jusqu’à 157,3 milliards USD en 2032, soit un CAGR de 25,1 %.
Cette dynamique reflète un changement de paradigme majeur : les créateurs ne sont plus de simples acteurs sociaux, mais une force économique structurante, désormais intégrée dans les stratégies des marques, des plateformes et de l’industrie des contenus.
Un marché européen structuré autour de ses trois puissances : Allemagne, Royaume-Uni et France
L’écosystème européen repose sur trois moteurs principaux. L’Allemagne domine avec un marché valorisé à 9,01 milliards USD, suivie du Royaume-Uni à 8,94 milliards USD, puis de la France à 8,14 milliards USD. Au total, l’Europe compte plus de 8,64 millions de créateurs monétisés en 2025, un chiffre qui pourrait tripler pour atteindre 26,7 millions d’ici 2032. Cette massification atteste d’une démocratisation profonde : les créateurs deviennent une nouvelle catégorie socio-économique à part entière. L’étude montre aussi l’ancrage culturel du phénomène : 78 % des Européens suivent au moins un créateur, et 42 % consomment du contenu créateur chaque jour, tous formats confondus.
La France, l’un des trois piliers européens
Le rapport montre que la France se hisse parmi les trois marchés les plus puissants d’Europe, aux côtés de l’Allemagne et du Royaume-Uni. Valorisé à 8,14 milliards USD en 2025, l’écosystème français progresse fortement (+19 % vs 2024) et pourrait atteindre 38,59 milliards USD en 2032. Le pays compte 348 058 créateurs monétisés en 2025, contre 303 648 un an plus tôt, et ce chiffre pourrait franchir la barre des 1,47 million d’ici 2032. Cette croissance rapide est portée par l’essor des creator brands, la professionnalisation accrue du secteur et une réglementation pionnière qui renforce la transparence et la confiance du public.
Une économie européenne tirée par les micro-créateurs
Le rapport révèle que l’Europe repose largement sur les créateurs de petite et moyenne audience. Les micro-créateurs (10K–100K) génèrent à eux seuls 14,9 milliards USD, ce qui en fait la première source de revenus de l’écosystème. Les nano-créateurs (1K–10K) pèsent 8,2 milliards USD et représentent le segment le plus volumineux du continent, avec plus de 6,3 millions de profils. Leur croissance est exponentielle : ils pourraient dépasser les 20 millions en 2032. À l’inverse, les macro et méga créateurs, plus rares (environ 1,7 % des profils), concentrent près de 9,7 milliards USD de revenus cumulés. Ce déséquilibre démontre une Europe structurée en deux vitesses, où la valeur économique se répartit différemment selon les marchés nationaux.
L’IA générative redessine la carte créative européenne
L’Europe est l’un des continents où l’adoption de l’IA générative connaît la croissance la plus rapide. Selon le rapport, 69 % des créateurs européens utilisent déjà l’IA pour accélérer leur production, traduire leurs contenus, automatiser leurs sous-titres ou optimiser leur diffusion. Cette adoption facilite la création multilingue et multiplateforme, un avantage stratégique pour un continent où la diversité linguistique est un frein historique à la scalabilité. Elle permet également aux agences européennes d’améliorer la prédictibilité des performances grâce à des outils d’analyse comportementale et de recommandation créative, renforçant la fiabilité des investissements dans l’influence.
Les nouveaux business models accélèrent la croissance européenne
L’étude montre que les revenus générés par les créateurs européens proviennent principalement des collaborations marque-créateur, un segment estimé à 15,2 milliards USD en 2025. La publicité sociale représente 6,4 milliards USD, tandis que les abonnements et memberships dépassent 3,1 milliards USD, en hausse de 23,6 % par rapport à l’année précédente. Parallèlement, le marché européen est le théâtre d’une montée en puissance notable des creator brands, des modèles d’affiliation et des stratégies d’influence-for-equity, particulièrement en Allemagne, aux Pays-Bas et en Scandinavie. Cette diversification des modèles économiques rend l’écosystème européen plus résilient et moins dépendant des cycles publicitaires.
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Méthodologie :
L’étude a été réalisée entre août et novembre 2025 à l’aide d’une méthodologie combinant enquêtes quantitatives, entretiens qualitatifs et analyse approfondie de données secondaires à l’échelle européenne. L’échantillon comprend 612 répondants répartis dans sept marchés clés : Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Espagne, Belgique et reste de l’Europe. Il inclut des leaders d’opinion (experts de l’industrie, influenceurs, consultants), des acteurs de la demande (annonceurs, agences, plateformes e-commerce, utilisateurs des réseaux sociaux) et des acteurs de l’offre (créateurs de contenu, entreprises de production, plateformes sociales et fournisseurs technologiques). Des acteurs majeurs tels que Meta, YouTube, TikTok, Twitch, Patreon et Spotify ont contribué à l’étude par la mise à disposition de données sectorielles et d’insights qualitatifs. L’ensemble des données a été consolidé et validé par une approche triangulaire rigoureuse, croisant les résultats des enquêtes primaires, les analyses de bases de données propriétaires (CMI Data Repository) et les recherches secondaires issues de sources internationales (WARC, NielsenIQ, Orbis, Brandwatch). Cette méthodologie garantit des conclusions robustes, comparables entre pays et représentatives de l’évolution réelle de la Creator Economy en Europe.
