Perplexity AI, une startup d'intelligence artificielle fondée à San Francisco en 2022 par Aravind Srinivas, fait son entrée sur le terrain publicitaire avec le lancement des Sponsored Questions.
Soutenue par des investisseurs notables tels que Nvidia, Jeff Bezos et Yann Le Cun de Meta, Perplexity AI ambitionne de révolutionner la manière dont les marques interagissent avec les utilisateurs grâce à des questions sponsorisées sur son agent conversationnel. Selon la société, environ 40 % des requêtes formulées sur sa plateforme donnent lieu à des questions annexes (“related questions”), une opportunité et un format hybride pour les annonceurs de capter l'attention des utilisateurs au moment précis où ils cherchent des informations.
Sponsored Questions : une autre idée de l'espace publicitaire ?
L'idée derrière les Sponsored Questions est simple : permettre aux marques de répondre directement aux requêtes des utilisateurs avec des contenus sponsorisés, intégrés de manière fluide dans les discussions. Ce format promet de créer un nouvel espace publicitaire, distinct des méthodes traditionnelles de Google, en se concentrant sur des réponses à des requêtes spécifiques plutôt que sur des annonces affichées en parallèle des résultats de recherche. Cette approche marque un tournant pour Perplexity AI, qui cherche à monétiser son service de manière innovante tout en offrant une valeur ajoutée à ses utilisateurs.
En parallèle, Perplexity a également introduit des articles sponsorisés en collaboration avec des publications prestigieuses comme Time Magazine, Fortune et Der Spiegel. À chaque fois qu’un article est cité pour compléter ou soutenir une réponse, Perplexity s’engage à partager les revenus publicitaires générés avec ses éditeurs partenaires. Cette stratégie de partenariat vise à renforcer la crédibilité des réponses fournies par l’agent conversationnel tout en créant un modèle de revenus partagé avec les médias.
Quatrième trimestre
Perplexity prévoit de lancer ses Sponsored Related Questions au quatrième trimestre de cette année et a déjà commencé à présenter son offre publicitaire commerciale à un nombre restreint d'agences. Le modèle de tarification publicitaire de la startup repose sur le coût pour mille impressions (CPM), avec un seuil minimum fixé à 50 dollars. Les premières catégories disponibles pour les annonceurs incluent la technologie, la santé et les produits pharmaceutiques, les arts et les loisirs, la finance, ainsi que l'alimentation et les boissons. La cible principale de Perplexity est constituée à 65 % de cadres à hauts revenus, un segment attractif pour les marques souhaitant atteindre une audience premium.
Depuis sa création, Perplexity AI a levé 250 millions de dollars et est actuellement valorisée entre 2,5 et 3 milliards de dollars. Les revenus issus des Sponsored Questions devraient contribuer à augmenter les revenus encore modestes de l’entreprise, estimés à moins de 35 millions de dollars cette année. Cette croissance devrait également être soutenue par l’augmentation exponentielle de l’usage de sa plateforme, qui a vu son utilisation croître de 700 % depuis le début de l’année et a répondu à 250 millions de questions rien qu’en juillet.
Loin derrière les géants
Malgré ces progrès, Perplexity reste loin derrière les géants comme Google, qui traite plus de 8,55 milliards de requêtes par jour. Cependant, le défi majeur pour Perplexity et les autres agents conversationnels d'IA ne réside pas tant dans le volume des requêtes, mais dans leur nature. Les requêtes sur les chatbots d’IA sont principalement informationnelles, semblables à celles que l'on rechercherait sur Wikipedia, tandis que les revenus de Google proviennent majoritairement des requêtes transactionnelles, telles que "week-end pas cher" ou "sneakers Nike en solde", qui sont beaucoup moins courantes sur les plateformes de génération d'IA comme Perplexity, ChatGPT ou Claude.
En bref, les requêtes de type Gen AI restent largement cognitives et non transactionnelles, ce qui limite, pour quelque temps encore, leur potentiel à concurrencer directement le modèle publicitaire extrêmement lucratif de Google et ses 240 milliards de dollars de revenus annuels.
En revanche, si le développement des formats publicitaires hybrides et conversationnels sur les ChatBots d’AI s’accompagne d'une hausse rapide des requêtes transactionnelles sur les outils d’AI, la donne pourrait très vite changer.