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Yan Claeyssen (Sparkling Partners) : le startup studio, un modèle malin, pragmatique, créatif et énergisant

Nous avons rencontré Yan Claeyssen, qui a quitté Publicis il y a quelques mois pour Sparkling Partners, la très active startup studio lilloise.

Qu’est-ce qu’un startup studio ?

A la fois investisseur et incubateur, le startup studio crée, finance et accompagne des projets innovants en propre ou en partenariat avec des corporates.

Un véritable startup studio est à même d’accompagner la société à chacune des étapes de sa création. De fait, le startup studio doit avoir intégré, en partie ou en totalité, des expertises très diversifiées en marketing, en UX, en développement web, en growth hacking, parfois même en électronique, mais aussi dans certaines fonctions supports (finances, ressources humaines, juridiques…). 

Quel est le modèle économique d’un startup studio ?

L’objectif d’un startup studio est de faire en sorte que les sociétés que nous créons acquièrent de la valeur, qu’elles séduisent leurs cibles, génèrent du business et puissent le plus vite possible devenir rentables. Le startup studio matérialisera ensuite cette valeur au travers d’un exit ou d’une levée de fond. Cela peut parfois prendre du temps, souvent plusieurs années.

Un deuxième levier est celui lié à l’exploitation pour des tiers de nos propres assets. Ainsi, au sein de Sparkling, nous nous appuyons sur 3 filiales pour créer nos boites : SNARK qui développe des sites et des applications, KANOPE qui est spécialiste en IoT et SPAAG qui est notre cabinet spécialisé en marketing digital. Ces trois sociétés se sont développées en accompagnant nos propres structures. Elles accompagnent désormais de plus en plus d’autres sociétés, de la PME à l’ETI, avec beaucoup d’agilité et de succès. Dans ce cadre, nous pouvons avoir une rémunération à la performance sur des dispositifs de marketing digital ou un pourcentage de chiffre d’affaires sur du e-commerce.

Peux-tu nous en dire plus sur Sparkling Partners ?

Sparkling Partners a été créé en 2014 par Martin Toulemonde, co-fondateur de Chronodrive revendu à Auchan, mon ancien associé Jean Derreumaux, co-fondateur de ETO revendu à Publicis et Charles Perrard, ex. A.T. Kearney en charge de l’innovation auprès de Grands Comptes.

Depuis son lancement, Sparkling Partners a créé une vingtaine d'entreprises dans différents domaines d’activités : Retail, agriculture, agro-alimentaire, santé connectée, IoT, marketing digital ou encore DNVB. Ces entreprises, en phase de croissance forte, ont déjà généré plus de 200 emplois. Il y a eu relativement peu d’échec et nous avons eu notre premier exit en 2019 avec Delitoon revendu à un Groupe Coréen. 

Contrairement à certains startup studio, nous ne sommes pas spécialisés même si nous avons un certain intérêt à l’origine pour le retail. C’est surtout le pragmatisme qui nous caractérise : le succès est le fruit d’un bon mix entre un projet innovants bien piloté et une équipe avec un esprit d’entreprise forte. 

Quel est l’intérêt pour une entreprise du CAC 40 ou une ETI de travailler avec un startup studio ?

Les bénéfices sont multiples :

On sait combien les relations entre les entreprises et les startups peuvent être alambiquées. Les organisations, les cultures, les process et les profils sont trop éloignés pour se comprendre, s’imbriquer réellement et en définitive réussir. Le studio connecte les deux entités, traduit leurs souhaits et réquisits, apporte agilité, expérience et contrôle. En bref, il assure une interface opérationnelle optimisée entre ces deux acteurs que tout sépare.

Le second intérêt est plus opérationnel. Ce mode de collaboration permet une créativité hors cadre, de raccourcir les délais de production, de respecter l’état de l’art en termes d’ergonomie et de mutualiser des coûts.

Enfin, en cofinançant le projet, le studio partage le risque. Le studio ne rencontre le succès que si ses projets eux-mêmes sont des succès. C’est une différence de taille par rapport aux honoraires d’une agence. Le studio n’a pas de clients mais des associés partenaires. 

Pourquoi quitter l’univers des agences pour rejoindre celui, plus incertain, des startup ?

J’ai passé toute ma carrière en agence pour finir chez Publicis à qui nous avons revendu ETO en 2013. J’ai adoré le travail en agence, surtout le fait de mixer stratégie, créativité et technologie. Pour autant, l’arrivée des plateformes et des solution logicielles en SAAS, la multiplication des freelances et des consultants, la volonté des annonceurs d’internaliser et de mieux maitriser leurs coûts, tout cela fait courir des risques énormes sur le business model des agences. J’avais d’ailleurs participé à des travaux à l’AACC sur ces problématiques et je cherchais comment nous pouvions disrupter le marché.

De fait, de nouveaux modèles émergent avec des positionnement et/ou des modalités de collaboration innovants : Indahouse propose de créer des agences en interne, de plus en plus d’agences font désormais de la régie à l’instar de TeamInside, les plateformes de freelance se multiplient, etc. Le startup studio me semble un modèle malin, pragmatique, créatif, très orienté business et surtout énergisant : c’est la volonté d’entreprendre, de créer des business et de faire grandir des équipes qui nous drive !