RH

Véronique Marimon (Salesforce) : Le management a dû s’adapter à la crise. La confiance devient plus que jamais centrale.

Salesforce vient d acquérir Slack, la messagerie collaborative, pour la somme de 27,7 milliards, le plus gros investissement de son histoire. Une étape majeure dans la course à la taille.

Nous avions interviewé il y a peu Véronique Marimon, Chief of Staff Salesforce France. Nous lui demandions quelle était la nature du mouvement de son entreprise vers le collaboratif, fortement amorcé depuis la pandémie.

Comment traversez-vous la crise ? 

Nous traversons une période unique. Chez Salesforces, nous nous sommes retrouvés à 100% en télétravail dès le 12 mars. Nous avons dû mettre en place les outils collaboratifs. Ce n’était pas nouveau pour nous, et de fait cet aspect s’est révélé relativement fluide. L’impératif a concerné la santé de nos collaborateurs. Il s’est agi de prendre soin de chacun d’eux, et  de faire en sorte qu’ils puissent prendre soin d’eux et de leur entourage. Portée par le management, la préoccupation du bien-être des collaborateurs est devenue un point central. L’équilibre professionnel-personnel est clé, même s’il est difficile à trouver. 

Salesforce a mis en place un certain nombre de pratiques. Par exemple nous avons rendu possibles de prendre 6 semaines de congés payés pour accompagner un parent souffrant. 

La crise a transformé le travail et notre environnement, on ne sait plus si notre domicile est une maison ou un bureau.

Pour le Français, l’une des priorités est de trouver un environnement de travail adéquat. Salesforce a permis de financer à hauteur de 2 x 250 dollars des équipements qui vont permettre d’améliorer le confort en télétravail (grand écran, répéteur wifi, coussin ergonomique…). 

Comment préservez-vous la culture d’entreprise ? 

Un enjeu majeur est de maintenir le lien avec les salariés. 

Au niveau mondial, notre comité de direction nous réunit une fois par semaine pendant 1h30, nous partageons en transparence les dernières informations de la société.

Tous les matins nous recevons e-mail, qui précise toutes les ressources mises à disposition, qui donne des conseils, ou qui évoque les derniers produits que nous lançons.

En France, nous parlons à nos collaborateurs, dans le cadre de all hands toutes les deux semaines, toute comité de direction est présent. 

L’idée est de maintenir présente notre culture. Nous avons depuis le covid accueilli beaucoup de salarié. Nous avons donc des salariés qui n’ont jusqu’à maintenant jamais été présents physiquement dans les bureaux de Salesforce. Nous avons pour ce faire encore améliorer notre onboarding, en ajoutant notamment des moments de rencontre, de partage de nos valeurs. Nous présentons la dimension du bénévolat, très importante chez nous. Nous proposons des actions de bénévolat que les collaborateurs peuvent faire à distance. 

De nouvelles activités sont nées depuis la crise, comme les cours de cuisine, le soir, nous faisons des marches virtuelles, nous avons ainsi participé à la marche des fiertés. 

L’art du management a-t-il évolué chez Salesforce ? 

Un point a également changé : le rapport du collaborateur et du manager. Une valeur a pris une importance encore plus grande : la confiance. Il s’agit de donner de l’autonomie au collaborateur, ce qui induit une adaptation du management. 

Nous disposons de tous les outils collaboratifs, mais au-delà il faut être prêt à avoir une écoute, et et les choses se passent à distance, en visio ou au téléphone, ce qui en s’apprend, et ce au fur et à mesure. Il faut une oreille ou regard différent. Nous avons proposé à nos employés des modules de formation portant sur le travail à distance, sur la gestion d’équipes à distance. 

Les entreprises doivent-elles avoir un impact sociétal ?

Aujourd’hui, comme le montre une étude que nous avons mené,  les individus attendent  de l’entreprise qu’elle ait un impact, et qu’elle contribue à un monde meilleur. Salesforce se positionne sur ce sujet depuis longtemps et de manière plus appuyée encore maintenant, depuis la crise. En effet, nous avons mis en place un certain nombre d’actions pour aider nos clients afin qu’ils puissent stabiliser leurs activités et réagir dans l’urgence. Mettre ses employés en télétravail en un temps record a été une prouesse pour tous. Par exemple, chez Office Dépôt, nous avons mis en place un système de télétravail chez une grande partie des salariés, en même temps qu’une partie des boutiques de l’enseigne restent ouvertes. Des outils de collaboration employés/clients permettent de continuer de répondre à la demande physique et online. Notre priorité a été d’aider les entreprises à réagir. 

Notre rôle, en tant qu’entreprise, est de s’assurer, bien évidemment, du bien-être de nos salariés, mais cela va bien au-delà. Nous devons participer à l’élaboration de solutions durables grâce à nos technologies. Nous avons, par exemple, participer à la mise en place du numéro vert SOS crise - à la fois d’un point de vue technologique, où nos équipes ont configuré la plateforme pour répondre aux besoins des personnes isolées qui nous contactaient pendant la crise; mais aussi d’un point de vue humain, grâce à des volontaires qui se sont mis derrière les téléphones pour répondre directement aux appels.

Ceci est un exemple très concret du rôle que nous devons avoir pour contribuer à rendre plus simple le monde dans lequel nous vivons.

Dans les études que nous avons publiées, il y a des enseignements très importants autour du télétravail. Toutes les entreprises ne sont pas prêtes à cela, alors que les Français pensent qu’il va devenir la norme. L’avenir du télétravail est un enjeu majeur et déjà des premiers signes d’inégalité apparaissent car tout le monde n’a pas accès aux mêmes technologies.

Un autre enseignement, qui me semble des plus importants, concerne l’accès à l’emploi. En effet, 90% des Français déclarent que l’accès à l’emploi ne s'améliore pas. Il y a une attente en ce qui concerne les formations. L’entreprise doit faire évoluer ses collaborateurs vers les métiers de demain, et notamment dans le digital. Il d’agit pour nous d’accompagner les entreprises en ce sens.

Le positionnement de Salesforce évolue-t-il, notamment vers le collaboratif ?

Salesforce est le n°1 mondial du CRM. Depuis toujours, grâce aux nouvelles technologies (cloud, réseaux sociaux, IA,...) nous permettons à nos clients de se connecter eux-mêmes à leurs clients qui peuvent se connecteur eux-mêmes à leurs clients. C’est ce qu’on appelle la transformation client, et ce qui correspond chez nous à Salesforce Customer 360. Nous accompagnons la transformation des entreprises. Notre plateforme permet aux commerces en ligne, aux services clients, etc… de disposer d’une seule source d’information sur leurs clients. Ils peuvent être au plus proche des besoins de ces derniers.

Avec la crise, nous avons regroupé un certain nombres de nos offres autour de Work.com, une solution qui accompagne la reprise d’activité en permettant aux entreprises de travailler autour des données concernant leurs salariés : leurs venues au bureau, des questionnaires autour de la santé physique et psychique, des outils de planning, des systèmes d’alerte, du soutien émotionnel, etc.

Nous avons regroupé certaines solutions sous une même bannière. Certaines existaient déjà auparavant d’ailleurs, comme Trailhead, une plateforme de formation en ligne, gratuite pour tous, qui permet d’acquérir de nouvelles compétences. Certains de nos clients ont utilisé cette solution pour former leurs équipes. Soit, comme Engie, dans le cadre de réadaptation agile et rapide, notamment sur les discours clients ajusté du fait de la crise. Soit, dans d’autres cas, pour permettre à leurs employés d’acquérir de nouvelles compétences dans un contexte de temps disponible accru pendant la crise. 

Chez Salesforce, nous avons avons adopté cette même démarche. Marc Benioff, notre CEO, nous a encouragé à rester connecté et surtout à se former au maximum et acquérir de nouvelles compétences. 

Il faut être acteur du changement et être en accord avec ses valeurs, en externe comme en interne. Nos valeurs de confiance, de succès client, d’innovation et d’égalité sont au centre de notre ADN, surtout dans une période où la notion de solidarité est plus indispensable que jamais. La crise est une opportunité pour renforcer ces valeurs.

Plus d'articles RH

+ TOUS LES ARTICLES RH
  • IA et futur du travail selon le FMI : 10 idées à retenir

    ...

  • Guillaume de Villèle (Ontrust / Onboard) : la quête de sens à l’heure du travail hybride

    Travail hybride, quête de sens, valeurs de l'entreprise, révolution collaborative... Où en est-on ? Nous avons interviewé Guillaume ...

  • B Corp et RH : 9 entreprises françaises championnes du monde

    Les initiatives ESG s’attaquent aux problèmes environnementaux ainsi qu'aux enjeux sociaux. Passer une certification ESG est donc aussi l’o...