La crise du Coronavirus pourrait supprimer 25 millions d’emplois selon l’organisation internationale du travail. Les premiers touchés seront tous ceux qui ne bénéficient pas de contrats de travail. Qu’en est-il des travailleurs de la gig economy, sans contrat de travail mais en activité pour le compte d’une ou plusieurs entreprises ?
Explosion de la Gig economy
D’après une étude de MetLife parue à l’été 2019, 20% des travailleurs aux Etats-Unis, soit 35 millions d’individus, tireraient leurs revenus de la gig economy. 15 autres millions en tireraient des revenus secondaires, en complément d’une activité salariée.
Deux tendances lourdes sont à l’oeuvre. D’un côté les individus : la gig economy est un gisement d’emploi. C’est souvent un choix : ils sont à la recherche de plus d’autonomie, de flexibilité, et, pour les plus dipômés, d’accomplissement ou tout simplement de sens, dans un monde ou vie professionnelle et vie personnelle se mélangent. Toujours d’après MetLife, 85% des gigsters souhaitent (souhaitaient ?) continuer dans cette voie au cours des 5 prochaines années, et 49 % des salariés seraient tentés.
De l’autre côté, les entreprises, et notamment les grandes voire très grandes entreprises, notamment dans le monde de la tech. Elles cherchent à diversifier les profils et les statuts. Parfois un peu trop ? Dans un document interne de Google révélé par le New york Times, la firme de Mountain View employaient en mars 2019 121 000 travailleurs externes (temporary, Vendor, Contract Workers) contre 121 000 individus embauchés à temps-plein.
A deux vitesses
Mais le terme de gig economy recouvre une réalité mal définie, et il faudrait plutôt parler de réalités au pluriel. Comme il s’agit du monde très divers des indépendants, sont concernés aussi bien les chauffeurs de VTC et les livreurs à vélo ou camionnettes que les travailleurs intellectuels comme le freelances créatifs ou les consultants marketing à leur compte.
Dans son sens parfois critique, le terme de gig economy est le plus souvent associé aux travailleurs souvent de profils peu qualifiés et faiblement rémunérés, dépendants souvent d’une plateforme principalement, de type Uber ou Deliveroo.
Dans ce sens strict, la gig economy est mise en cause par les Etats. En Californie une loi, dite AB5, entrée en vigueur en janvier 2020 requalifie les chauffeurs en salariés. En France, la cour de Cassation, vient de requalifier en contrat de travail la relation entre un chauffeur VTC et Uber. Au-delà des chauffeurs VTC, le monde des freelances pourrait être concernés. C’est donc tout le modèle qui pourrait être cassé.
Maillon faible de la crise
La crise sanitaire du coronavirus vient jeter une lumière crue sur le statut très précaire pour ne pas dire risqué des gig workers. Par la nature de leur travail, les livreurs comme les chauffeurs de VTC sont aujourd’hui exposés à la propagation du coronavirus. Sans contrat de travail, en cas de baisse de l’activité, comme c’est le cas pour le VTC, ils ne sont pas protégés. Les livreurs quant à eux à l’heure où les commerces physiques ferment, sont plus que jamais un maillon essentiel ,mais il sont exposés en manipulant des produits et entrant en contact avec les clients qu’ils livrent.
Des mesures sont prises. En France, l’Etat vient d’assurer que les indépendants pourront toucher une indemnité de 1500 euros par mois et a appelé à systématiser la livraison sans contact.
Les acteurs le Gig economy se bougent aussi, mais plus timidement. Uber vient apporter un soutien avant tout d’ordre sanitaire. Seuls les chauffeurs malades sont concernés. Une indemnité est prévue, elle sera comprise entre 400 et 1700 dollars sur 14 jours en fonction des gains quotidiens moyens préalablement enregistrés au cours des dix derniers mois.
Le soutien ne concerne en revanche pas les cas de baisse de l’activité.