Il y a quelques jours, Steve Bailey, auteur d’une étude d’IHS Screen Digest sur le marché des jeux sociaux sur Facebook évoquait un net ralentissement du marché. Steve Bailey a accepté de répondre à nos questions et de partager sur sa vision du marché des jeux sociaux :
VIUZ : Vous dites que les joueurs Facebook ne représentent plus que 25% de la base installée comment expliquez vous cette chute ?
Steve Bailey : Il y a eu deux tendances en 2011 :
1) Nous avons vu un glissement significatif dans les types de terminaux utilisés pour accéder à Facebook, beaucoup d’utilisateur utilisent leurs téléphones mobiles. Cependant, ce n’est qu’à la fin de 2011 que Facebook a publié un SDK pour ses applications mobiles. Donc les gens n’ont pas pu «exporter» leurs jeux avec eux dans la transition du PC vers le mobile. Cette situation a changé et les éditeurs de jeux ont désormais la possibilité de toucher leurs audiences mobiles, ce qui représente également un nouveau challenge.
2) Tout au long de 2011 Facebook a connu un accroissement majeur de son audience dans les pays émergents comme l’Inde et le Brésil. Alors que les jeux se localisaient dans des langues étrangères, les langues telles que le Portugais, le Turc, L’Arabe et l’hindi ont été des priorités secondaires par rapport à l’Anglais, l’Allemand et l’espagnol. Les nouveaux utilisateurs de ces pays émergents sont donc moins bien servis par les éditeurs. Ce qui explique par ailleurs la croissance d’un acteur comme le Turc Peak Games en 2011. Comme je l’évoquais à propos du point précédent, cette situation va également changer en 2012.
VIUZ : Qui seront, à votre avis, les futurs gagnants du secteur ?
Steve Bailey : Il ne fait aucun doute que Zynga est dans une position fantastique en ce qui concerne le gaming sur Facebook. Hormis sa performance à ce jour en termes d’acquisition de rétention et de monétisation du trafic, la société dispose d’un trésor de guerre considérable et ce qui doit être l’une des bases de données d’analytics la plus riche jamais vue dans le gaming.
Au-delà de la capacité à exécuter sa stratégie mobile et établir sa propre plateforme, ce qui sera clef sera la capacité pour ses derniers titres de conserver la fraicheur, l’attraction renouvelée et le dynamisme atteint par ses anciens hits tels que Farmville, Mafia Wars et Zynga Poker.
En ce qui concerne les autres opérateurs, je suis certain qu’EA et Wooga continueront de bien performer. En dehors de ceux-là le paysage évolue rapidement et nous avons vu l’année dernière l’émergence et la chute de plusieurs acteurs de taille moyenne. Une tendance qui se poursuivra en 2012.
VIUZ : Quels sont les autres perspectives du marché des jeux sociaux en 2012 ?
En dehors des points déjà évoqués (Facebook mobile et des localisations plus larges) il y aura bien évidement une importance accrue de la rétention et de la monétisation, particulièrement face à des coûts d’acquisitions en hausse.
Nous allons également assister à une spécialisation en termes de contenus, tandis que les opérateurs essaieront de capturer une audience plus petite mais plus engagée, plus susceptible de se convertir en utilisateurs payants avec un plus haut niveau de dépenses.
Il y aura également plus de deals de coédition, à l’exemple de ce que font Disney et Zynga qui permettront à de petits développeurs disposant d’une idée pertinente de trouver une traction sur un marché encombré mais également aux gros opérateur de diversifier leurs portefeuilles sans acquérir ou créer de nouvelles propriétés intellectuelles.
VIUZ : Comment voyez vous Google + évoluer en tant que plateforme de jeux ?
Graduellement. Il est intéressant de voir le contraste entre Google + et d’autres plateformes de Google comme Orkut et Android. Google garde actuellement un contrôle plus grand, ne publiant que peu de jeux et le faisant à travers des partenariats choisis attentivement.
Je pense que la raison est évidente, c’est un domaine dans lequel Google va explorer des modèles de revenus autres que la publicité.
Dans le but de maintenir un niveau de qualité satisfaisant, Google se doit de filtrer le contenu de manière à ce que les utilisateurs ne soient pas envahis par le contenu, spécialement à ce stade de développement de la plateforme.
En dehors de cela, la capacité à jouer à des jeux sociaux à travers l’application mobile Google + est bien évidement sur sa feuille de route.