30 millions de dollars ? C’est le montant que viendrait de lever Inrupt la société de Tim Berners-Lee pour poser les fondations d’un nouvel internet, voire d’une nouvelle ère… La somme paraît presque modeste face aux levées faramineuses qui profitent à certaines start-ups. Mais à l’heure du Web 3, ce n’est qu’un début.
Un peu de contexte et beaucoup de regrets
Tim Berners Lee est connu. Il serait même la figure tutélaire du web. Le citoyen britannique, anobli depuis par la Reine, a inventé le web en 1990, au sein du CERN en Suisse. Le but était alors de faciliter l’échange de documents entre chercheurs (Le web est une invention européenne !)
Il exprima 15 ans plus tard un premier regret : avoir inventé un format d’adresse URL bien compliqué, notamment le fameux double slash “//” après “http:” géré depuis par les grands navigateurs créés par de très grandes entreprises de la tech…
Précisément, en 2016, c’est tout l’internet qu’il en est venu à critiquer : où plutôt le monstre qu’il a engendré, le pouvoir que concentrent lesdits géants du numérique et de la data.
Lors du dernier web summit en novembre 2021, Tim Berners Lee a voulu rappeler l’asymétrie radicale créé par l’internet d’aujourd’hui, “Les gagnants sont ceux qui créent la data, et les perdants tous les autres”.
Inrupt, du Web 2 au Web 3 : une gestion libre et décentralisée de la donnée à la main de l’utilisateur
En 2018, Tims Berners Lee co-fonde, avec John Bruce, Insrupt (Lire notre article : on prend le web et on recommence). Sa mission : refonder internet en créant une plateforme qui donne aux utilisateurs le contrôle de leur data.
Pour ce faire, les fondateurs de Insrupt ont créé Solid, à la fois un projet commercial et un ensemble de standards et de protocoles open source.
L’idée de base est la suivante : les utilisateurs peuvent stocker leur data personnelle dans des POD (Personal Online Datastores). Les utilisateurs contrôle leurs données, tandis que les entreprises et les Etats, à travers leurs applis, pourront migrer sans rupture dans un nouvel internet et dans un cadre régulé. Le tout sera permis par un web décentralisé, ouvert et collaboratif. Bref c’est le Web 3, dont Inrupt pose, selon ses investisseurs, la meilleure infrastructure.
Une question à plus de 30 millions de dollars
Selon Techcrunch, Inrupt viendrait de lever 30 millions de dollars, en série A.
Une question taraude : au début des années 90, le web 1 comme il ne s’appelait pas encore alors, n’annonçait-il pas déjà un monde meilleur ? Espérons que le web 3 ne sera pas suivi des mêmes regrets. Tim, lui, semble jurer qu’on ne l’y prendra plus… A méditer dans les chaumières entre Noël et le jour de l’an.