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Au temps du Covid-19, un journalisme de solutions, utile et constructif

La notion de journalisme constructif ou de solutions est antérieure à la crise du coronavirus mais est aujourd'hui plus que jamais nécessaire. En France comme ailleurs les médias ont une responsabilité de continuité d’information vis-à-vis de leurs lecteurs et de la communauté qu’ils représentent. Mais au-delà de la transmission des faits et de leur analyse, on compte désormais sur la presse pour être le relais de solutions et de services d’aide. Tour d’horizon d’initiatives de médias français.

Les pionniers français du journalisme de solutions

Le sociologue des médias Jean-Marie Charon analyse depuis de nombreuses années ce concept de journalisme de solutions. En 2016, dans la revue des médias, il expliquait déjà que « Les syndicats, les partis politiques, la famille, les institutions religieuses ne sont plus audibles ou accessibles dans notre société. L’espace public est de plus en plus occupé par les médias. D’où le fait que nous attendons d’eux d’enrichir et animer le débat public avec plus d’analyse, de décryptage, d’interprétation et effectivement de solutions Â».

En France, dès 2012 la plateforme Sparknews s’est consacrée aux reportages constructif, ne se focalisant pas que sur les problèmes mais plutôt sur des solutions et initiatives porteuses de changement, autour des enjeux sociétaux et environnementaux. La revue européenne des médias et du numérique nous rappelle que le créateur de Sparknews, précédemment co-fondateur de l’association Reporters d’Espoir, Christian de Boisredon avait dès 2005 proposé ce concept à Libération et que le quotidien réalisa sa meilleure vente cette année-là avec la publication d’un Libé des solutions. Sparknews organise également depuis 2014 un Impact Journalism Day, auquel participent une cinquantaine de médias du monde entier à travers la publication de suppléments dédiés.

Les médias régionaux légitimes pour être porteurs de solutions

Les médias a déjà connu plusieurs crises, et n’ont pas tous fini leur mutation numérique. Pour la presse régionale, une baisse continue des ventes et des ressources publicitaires a amené un mouvement de concentration des titres et le lancement de stratégies « web first Â» d’innovation par le numérique. En 2017, La Voix du Nord a ainsi lancé Vozer, un site ciblant les millenials. Dans la même logique, Ouest-France a créé L’Edition du Soir en ligne et a depuis également lancé ses podcasts. Régionalement, le journalisme de solution s’affirme aussi comme un positionnement fort pour des médias légitimes pour relayer des initiatives d’aide locales. Le groupe Nice-Matin a aussi créé une offre abonnés sur le numérique centrée sur le journalisme de solutions et lancé sa plateforme d’entraide « coronAIDES, solidarité Coronavirus Â».

De nouveaux format et rubriques utiles en temps de crise

Tous les grands médias ont bien sûr bouleversé leurs rubriques pour coller au plus près des besoins de leurs audiences en pleine crise du Coronavirus, comme le Parisien qui propose aussi désormais une nouvelle newsletter appelée « Le Guide du confiné Â». Au menu, séries en famille, pâtisseries et visites (virtuelles) de musées car pour Le Parisien « Confinement peut aussi rimer avec divertissement. Nous vous proposons chaque jour des clés pour résister à ce climat anxiogène avec un tas de bons plans pour occuper vos enfants et vous évader... en restant à la maison Â».

Du côté de Radio France, programme plus studieux avec le relai de l’initiative « Nation apprenante Â». Pendant toute la durée de la fermeture des écoles, des collèges et des lycées, Radio France se mobilise, en partenariat avec le ministère de l’Education pour proposer des émissions et podcasts en lien avec les programmes scolaires.

Télévision et interactivité

Pour le sociologue Jean-Marie Charon, la crise du coronavirus se matérialise aussi dans notre nouveau rapport à la télévision. Dans un entretien récent au Figaro, il explique que durant le confinement, au même titre que le repas familial la télévision est redevenue une cérémonie collective, et remet en avant un journalisme de solution fait de conseils, accompagnement, entraide et interactivité.

Illustration avec le groupe TF1, qui dans un communiqué du 2 avril réaffirme sa mission aujourd’hui de soutenir les français et mettre en avant les héros du quotidien : « Informer sur les enjeux et les évolutions de cette crise sanitaire, soutenir le travail exceptionnel du personnel mobilisé, prévenir des risques, sensibiliser aux gestes barrières, favoriser l’entraide et partager des ondes positives sont aujourd’hui les priorités du groupe TF1 Â». Parmi les initiatives numériques lancées par TF1 pour favoriser l’interactions avec ses publics, le lancement d’un chatbot en partenariat avec Doctissimo sur LCI.fr (élaboré par les rédactions du Groupe TF1 avec le Docteur Gérald Kiezerk (urgentiste et expert santé TF1/LCI), les équipes Doctissimo.fr et la startup française Clustaar). L’objectif, répondre en temps réel à toutes les interrogations des Français sur la crise du Coronavirus et lutter contre les fake-news.

Et si ce nouveau mode de journalisme « utile Â» donnait des fruits intéressants pour l’avenir de la télévision et des médias dans leur ensemble?

Séverine Godet

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