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Amazon Dash c’est fini. Quels usages pour les boutons connectés ?

James W Copeland / Shutterstock


Amazon vient d'annoncer le 28 février qu’il arrête de commercialiser ses boutons connectés Amazon Dash. Il pourrait être tentant de ne garder de leur courte vie sur le marché (lancés en 2015 aux Etats-Unis, 2016 en France) que l’aspect « gadget » et d’oublier que les boutons connectés ont aussi su trouver une utilité dans de nombreux domaines. Ayons aussi une pensée pour les développeurs et inventeurs qui avec la disparition du bouton Dash à 4,99 Euros perdent une source d’approvisionnement peu couteuse en composants électroniques détournables pour de nombreuses applications pratiques ou ludiques. Retour sur le parcours d’Amazon Dash et sur des usages toujours pertinents des boutons connectés en Europe et en Asie.

Au commencement était le bouton

Pour le lancement du bouton Amazon Dash en France en novembre 2016, quarante produits de marque proposaient un bouton à leurs couleurs, dont de grandes marques d’épicerie et d’hygiène & beauté (Ariel,  Durex, Gillette, Huggies, Kleenex, Le Petit Marseillais, Lipton, Pedigree, Schwarzkopf, Signal, Vania). Le Dash venait ainsi rejoindre la grande famille des objets et boutons connectés à vocation de déclenchement d’achat, aux côtés de pionniers comme la goutte Evian lancée en 2012 et le bouton du service après-vente Darty lancé en 2014. (Retrouvez ce panorama Viuz de 2016 : « 10 objets connectés pour consommer d’un clic ».)

Amazon Dash incarnait un âge d’or du bouton physique connecté, mais ses fonctionnalités seront désormais remplacées par les interactions avec l’assistant vocal Alexa, ou par le programme Dash Replenishment Service intégré dans de nombreux produits d’électroménager, comme les machines à laver Grundig ou les imprimantes Samsung. Le bouton Dash restera aussi actif comme bouton « virtuel » dans de nombreux services en ligne, car la symbolique du bouton à cliquer reste un fort déclencheur d’action et d’achat.

A présent quels usages pour les boutons physiques

Cette mutation du bouton Dash ne signifie pas pour autant la fin des boutons physiques. En B2C, de nombreux services de domotique continuent d’utiliser la logique du bouton. L’interrupteur physique connecté reste encore dans ce domaine un réflexe naturel, même si un constructeur comme Legrand laisse le choix aux clients d’un pilotage au doigt ou à la voix via une « Skill » Alexa.

En B2B un autre bouton a réussi à s’imposer pour les relations entre fournisseurs et acheteurs de la grande distribution, le « Wabel Sourcing Button » dédié aux fournisseurs spécialisés sur le marché des MDD (Marques de Distributeurs). A son lancement en 2016 plus de 50 grands retailers partenaires européens étaient annoncés, dont Asda, Morrisons, Scamark, Iceland, Tesco, Carrefour France et Auchan. Aujourd’hui plus de 500 acheteurs de distributeurs européens ont un bouton Wabel sur leur bureau. Un push sur le bouton et ils sont rappelés dans les 10 minutes par un expert à qui ils soumettent leurs critères pour la recherche de fournisseurs de produits alimentaires mais aussi santé et beauté.

La Chine, l’autre pays du bouton connecté

Le bouton semble toujours vivace chez les retailers Chinois. L’e-commerçant JD.com avait aussi lancé son bouton physique « JD Now » au moment du lancement du bouton Amazon Dash. Ce géant du e-commerce chinois, aux 300 000 millions de clients actifs, entend désormais se frotter à Amazon ou Alibaba sur les marchés internationaux. JD.com a même ouvert en janvier 2019 un bureau à Paris, pour alimenter le site en produits français, très appréciés des clients chinois.

JD.com ne communique plus actuellement sur son bouton connecté, mettant plutôt en avant ses partenariats avec Google et Intel pour imaginer le retail du futur avec l’IOT, et les drones de livraison autonomes nourris à l’intelligence artificielle. Les 4 produits que JD continue de mettre en avant pour l’achat via bouton connecté sont les cognacs Remy Martin, la bière Budweiser, les produits de soin dermatologiques coréens Mediheal, et les médicaments du laboratoire pharmaceutique américain Abbott. Le bouton connecté semble donc garder en Asie un positionnement de niche plus « exclusif » pour des produits sensibles ou d’exception.

Un futur du bouton connecté soumis à l’évolution des usages et des législations

Certains produits ou usages se prêteraient ainsi plus à la commande vocale, d’autres à l’automatisation de suggestions d’achats en ligne, et d’autre à un réflexe physique de poussage de bouton. La limite n’est donc plus aujourd’hui technologique mais dépendra de l’adoption par les consommateurs et de l’évolution des législations pour la protection de la vie privée. Car souvenons-nous qu’en janvier 2019 un tribunal allemand avait condamné Amazon Dash pour violation des lois de protection des consommateurs.

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