Quels sont les nouveaux métiers liés au Big Data ? Quel est le parcours de ces nouveaux spécialistes, Quel est concrètement leur travail au quotidien et leur vision de l’avenir de la Data ?
Dans une série d’interviews, Viuz est allé à la rencontre des nouveaux acteurs du secteur.
Nous cloturons aujourd’hui ce dossier thématique avec Alexis Sukrieh, Manager R&D chez Weborama
Viuz : Quel est votre parcours ?
J’ai fait un DUT en informatique après un Bac scientifique, option Génie Logiciel. En 2000 j’ai fait un stage à Paris chez CVF une filiale de France Telecom spécialiste de développement de sites E-commerce. J’étais membre de la communauté d’utilisateurs de Weborama.fr et c’est comme cela que j’ai rejoint Weborama la même année en tant que développeur junior.
En 2002 j’ai quitté Weborama pour effectuer diverses missions informatiques dont une mission chez Cegetel sur l’ADSL. Au moment du rachat de Cegetel par 9 Telecom, je suis revenu en contact avec Weborama, pour monter un projet qui est devenu Yoolinkpro.com un Réseau Social d’entreprise dont Weborama est actionnaire. A la fin de ce projet, j’ai rejoint Weborama comme Manager de l’équipe R&D qui compte une trentaine de personnes en France.
Parallèlement à mon activité professionnelle, je suis très engagé dans la communauté open-source, plus particulièrement autour du langage Perl. Je suis notamment l’auteur d’un framework de développement web : Perl Dancer. Cet engagement m’a toujours semblé pertinent dans le sens où contribuer à la vie d’un langage est la meilleure manière de le maîtriser, et de suivre ses évolutions. C’est une philosophie que j’encourage beaucoup au sein de l’équipe R&D à Weborama et qui nous permet aujourd’hui d’être un acteur reconnu dans l’écosystème Perl. Contribuer au monde open-source est une des meilleures écoles pour un ingénieur. Cela apprend l’humilité et le sens du travail abouti.
Viuz : En quoi consiste votre travail au quotidien ?
Nous avons deux produits phares : un outil d’adserving et d’ad analytics, Weborama Campaign Manager et l’offre Weborama Audience Exchange (WAX), plateforme publicitaire privée premium et 100% ciblée. Sur la base de ces deux produits, on collecte des données anonymes pour comprendre les comportements des utilisateurs afin d’établir des profils permettant d’optimiser les campagnes publicitaires. La donnée est au cœur de ce que nous construisons.
Mon premier rôle c’est de s’assurer que tous les développements en R&D «factorisent le code» – veiller à ce que nos développements permettent de mutualiser les besoins de l’entreprise. Au quotidien cela consiste à coordonner les équipes, et veiller à ce que l’infrastructure supporte les 500 millions de requêtes par jour notamment par la mise en place de Bases de données de type No SQL (technologie RIAK) pour gérer nos 250 millions de profils. Je suis très impliqué dans la communauté open source et le langage Perl. Utiliser des logiciels open-source et s’impliquer dans leur développement est une conviction chez Weborama.
Viuz : Comment voyez-vous l’avenir de la data ?
L’analyse que je fais c’est que la data constitue la troisième révolution industrielle du monde numérique. La première a été la révolution de l’ordinateur pour tous, le deuxième : celle de la démocratisation de l’internet connecté.
La troisième, c’est la data. Par exemple, si l’on regarde aujourd’hui la direction de Facebook, y compris avec le développement de Facebook Home, on comprend que leur véritable métier est de vendre des données.
Que va-t-on faire de la data ? Va-t-on privilégier le droit à l’oubli ?
Chez Weborama, Nous croyons au respect de la vie privée. Ainsi, nous refusons de lier un profil à un nom ou à une adresse e-mail. Cette question va être une question fondamentale dans l’évolution des marchés la data : que vont devenir les datas stockées par Google Glass ?
Derrière cette notion de vie privée, le challenge immédiat pour les acteurs de la Big Data est celui du volume. Enfin, le mobile présente des contraintes de tracking, notamment au niveau du cookie tiers (un cookies différent de celui du site que je visite qui permet de définir un profil d’internaute). Par exemple, les terminaux iOS refusent les cookies tiers sur Safari. Cela force les acteurs du marché à utiliser d’autre biais pour identifier l’internaute, comme le Fingerprinting » (signature numérique générée en code JavaScript à partir de métriques récoltées sur le terminal), qui sont moins détectables pour l‘internaute, moins transparents.
Pour finir, Le RTB (l’achat de publicité en temps réel) est intimement lié à la data, notre objectif est donc de rendre la donnée partie intégrante de chacune de nos solutions pour que les profils soient achetables d’une manière plus automatisée via les produits publicitaires RTB.
Retrouvez également la première et deuxième partie de notre dossier “Les Sorciers de la Data” avec Stéphane Levy et Isabelle Cabrera.