En 2003, la firme McKinsey éditait un premier livre blanc à destination du top-management sur les tendances technologiques qui allaient impacter les entreprises pour les 10 prochaines années.
Depuis 2003, les technologies ont proliféré et leur adoption s’est faite à une vitesse impressionnante. Il faut maintenant avoir en tête que le stock de données mondiales double tous les 20 mois, que le nombre de terminaux connectés à Internet a atteint les 12 milliards et que les paiements sur mobile vont bientôt représenter mille milliards de dollars.
Les éléments qui une décade en arrière étaient des tendances émergentes comme le big data ou le marketing programmatique sont aujourd’hui intégrés (ou en passe de l’être) de façon systématique au sein des entreprises. Leur maîtrise est ainsi devenue au fil du temps une condition sine qua non de survie pour la majorité des entreprises. En parallèle, les technologies dites “sociales” ont transformé les organisations en reliant et engageant comme jamais auparavant collaborateurs, clients et fournisseurs dans ce que le cabinet McKinsey appelle une “matrice sociale”.
Les prochaines lignes reprennent les 10 tendances clés identifiées par le cabinet McKinsey pour la décennie à venir :
1- Rejoindre la “Matrice Sociale”
Les technologies dites “sociales” ne s’appliquent pas seulement aux consommateurs, les entreprises deviennent elles aussi de plus en plus poreuses et le besoin de connecter toutes les parties prenantes d’une entreprise ; clients, collaborateurs et partenaires, grandit.
Par exemple, rechercher une information, lire et répondre à des emails puis collaborer avec ses collègues consomme environ 60% du temps d’un “travailleur du savoir”. L’usage des technologies sociales pour remplacer à terme les emails devraient apporter un gain de productivité de 25%.
Ces technologies sont également de formidables moyens pour collecter du feedback et ainsi réduire de façon intelligente la prise de risque dans le procédé de conception de produits innovants ou bien faire appel à l’intelligence collective (crowdsourcing) pour résoudre des problématiques.
2- Les analytics et la big data, futurs avantages concurrentiels
La connaissance client, et l’analyse de signaux faibles sont de plus en plus stratégiques pour les entreprises alors que les coûts d’analyse chutent. La visualisation de données et les infrastructures “cloud” augmentent également notre capacité à traiter et stocker les données de plus en plus abondantes. Les entreprises améliorent ainsi la compréhension de leurs cibles, définissent des micro-segments marketing auxquelles elles appliquent des traitements spécifiques et sont capables pour les plus avancées de détecter par de l’analyse de sentiments sur la toile des signaux d’ordres plus qualitatifs de nature à impacter leurs offres.
L’entreprise de base de données Acxiom possède une base de plus de 500 millions contacts chacun qualifié sur plus de 1500 points.
3- L’ère de l’Internet des objets
A mesure que les capteurs se perfectionnent et que leur coût de production baisse, il devient évident que l’internet des objet va devenir omniprésent et ouvre des opportunités énormes.
D’un point de vue opérationnel, les capteurs et autres puces RFID vont représenter des gains de productivité et de la création de valeur.
D’un point de vue “individuel”, L’internet des objet va préfigurer le développement de la tendance “quantified-self” ou ” la capture, analyse et le partage de ses données personnelles” pour améliorer son bien-être et sa santé.
4-“Anything as a service”
Le modèle économique de vente et achat des services issus de biens physiques tend à se développer de plus en plus. Le mouvement à démarré dans l’industrie IT avec l’essor de services d’hébergement flexibles et à la demande sur le cloud et se poursuit jusqu’à des entreprises de livraisons B2B qui décident de louer leur flotte de véhicules de transports plutôt que d’en devenir propriétaire.
Néanmoins, les auteurs considèrent que le modèle est encore en cours de définition et que sa forme définitive risque d’être sensiblement disruptive par rapport à sa forme actuelle.
5- L’automatisation du travail intellectuel
A mesure que se perfectionnent les systèmes d’intelligence artificielle, des machines sont capables de structurer des reporting à partir de documents qu’elles ont scannés, détecter des anomalies et incohérences ou même assister des médecins dans leur diagnostics de maladies graves. Quand la marge d’erreur et d’autres paramètres comme le coût de production auront été maîtrisés, certaines professions intellectuelles risquent d’être profondément modifiées et demander des efforts de redéfinition de postes (notamment pour les professions réglementées), ainsi que des modification des programmes scolaires.
6- 3 milliards de nouveaux citoyens digitaux
La digitalisation des marchés émergents représente des poches de croissance énormes que les auteurs de la note évaluent à 3 milliards d’individus technologiquement connectés. Aujourd’hui la pénétration du digital en Inde par exemple n’est que de 10% et de 40% en Chine. Les niveaux croissants de connectivité vont stimuler l’inclusion financière des individus, l’entreprenariat local et générer d’énormes opportunités pour les entreprises.
7- Des expériences à la fois digitales et physiques
Les deux mondes sont voués à être de plus en finement corrélés. De nouvelles technologies telles que les Google Glass ou iWatch rendront possible cette interconnexion du digital et du physique de manière très concrète. Même si les expériences clients restent majoritairement physiques, de nouveaux modes d’interaction émergent.
D’un point de vue professionnel, les entreprises intègrent également ces outils qui leur permettent d’améliorer leur productivité et l’efficacité de leur processus.
Les consommateurs (du moins une grande partie) vont rapidement être en demande d’une intégration plus intime du digital et du physique. Les entreprises doivent examiner leur business et identifier les points de friction que des expériences immersives ou interactives peuvent enrichir.
8- Faire évoluer son business modèle en s’inspirant d’Internet
Après près de deux décénnies à consommer en ligne, les consommateurs s’attendent à ce que les services qu’on leur propose soient gratuits, personnalisés et suffisamment simples d’utilisation pour ne pas nécessiter de lecture de notice d’utilisation. Alors que les consommateurs sont de moins en moins enclins à débourser de l’argent pour un service, il devient urgent de trouver des business models de contournements, adjacents qui permettent de financer le service principal (ex : vente de données clients).
Par ailleurs, ces derniers s’attendent à être reconnus et valorisés en tant qu’individus par les entreprises dont ils sont clients ou utilisateurs comme il pourraient l’être au sein d’une application web personnalisée en fonction de leur comportement.
Personnalisation, gratification instantanée et simplicité d’accès seront les piliers des services de demain.
9- Le commerce “digital” appelé à bondir
De plus en plus d’outils et de plateformes (places de marché) vont être créées pour accompagner le développement d’un commerce peer to peer venant supplanter les opérateurs de commerce traditionnels (distributeurs notamment). Cela favorisera l’apparition de nouveaux systèmes de paiement et modèles de monétisation.
Ainsi les barrières à l’entrée auront baissé à un point que les personnes souhaitant commercialiser une production artisanale de vêtements pourront vendre à leur production à une large base de clients potentiels. Cette tendance deviendra encore plus évidente au cours de la prochaine décennie: 600 villes, pour la plupart sur des marchés émergents, représenteront environ les deux tiers de la croissance du PIB du monde
