Créé en Décembre 2009 par Hervé Brunet et Gilles Chetelat ancien de Redback Networks (Groupe Ericsson) Sticky Ads TV s’est imposé en moins de trois ans en France comme la régie leader de la vidéo premium sur le web avec 210 sites premium dans son portefeuille et 3 à 4 millions de publicités vidéos diffusées chaque jour.
La société de 21 personnes a levé 1,7 millions d’Euros auprès d’Isai et de business angels privés. 10 recrutements sont prévus d’ici la fin de l’année. Hervé Brunet, son CEO et fondateur décrypte pour Viuz les raisons du succès de Sticky Ads et nous parle de ses futurs projets.
VIUZ : Comment expliquez vous cette montée en puissance ?
Au départ, on a bénéficié d’un très bon « Time to Market » Je suis un ancien Ingénieur et je ne connaissais ni le média, ni la pub, ni internet. Lors de mon précédent poste en Asie constatant l’explosion de la vidéo sur les réseaux d’IPTV, j’ai examiné les différents business modèles américains liés à la l’explosion de ces nouveaux usages délinéarisés, notamment ceux des premiers Vidéo AdNetworks.
L’élément vraiment fondateur a été pour nous le discours d’investiture de Barack Obama qui a été plus regardé sur le Web qu’en vidéo. C’est après ce point d’inflexion que nous avons décidé de créer Sticky Ads TV.
Le marché était vierge, derrière YouTube en France, il n’y avait pas de «One Stop Shop» dans la publicité vidéo premium en pre-roll et nous avons profité de ce gap dans le marché pour signer rapidement des petits acteurs de la TNT, aux forces commerciales limités mais également de grands diffuseurs comme le groupe TF1 (ndlr pour la monétisation de la plateforme WAT) qui disposaient d’invendus. Nous avons aujourd’hui dans notre portefeuille les espaces de grandes marques médias comme TF1, MSN, Prisma Media, Doctissimo, Première, Gulli, Disney, 20 minutes, Cent, ZDnet, CCM benchmark et beaucoup d’autres.
Nous avons complété notre offre par le lancement de notre AdExchange Vidéo : Stycky Exchange notre plateforme d’achat automatisée qui représente déjà 25% – quatre mois après le lancement – de notre chiffre d’affaires.
Côté annonceur, nous commercialisons nos espaces vidéos auprès de 90% du top 100 des annonceurs français. Notre audience agrégée selon Médiamétrie, représente 45% de part d’audience sur des vidéonautes uniques mensuels français (Un vidéonaute est un internaute ayant consulté au moins une vidéo dans le mois).
VIUZ : Quelle est la spécificité de votre offre ?
Avec notre dispositif ReachNow, l’idée pour nous est de séduire les annonceurs en vendant sur le Web vidéo la puissance du Hertzien.
Par exemple, nous nous sommes donnés pour mission de transformer le Web vidéo en une véritable chaine de TV en terme de puissance instantanée. Dans le cadre de ce dispositif déjà testé avec Orange, nous proposons 300.000 à 500.000 contacts en prime time synchronisés avec une chaine TV référente de son choix. Le tout certifié par une technologie TDF permettant de traquer l’usage multidevice.
Nous travaillons également notre différenciation par rapport à YouTube et aux comportements dits de « Snacking Vidéos » en mesurant la puissance du contexte dans lequel est joué la vidéo et en mesurant son impact. Nous valorisons auprès des annonceurs l’ecrin média dans lequel sont visualisés nos publicités vidéos.
Nous explorons ainsi de nombreux dispositifs innovants et des expériences plus immersives comme la mise en place de questionnaires de Post-Test placés en dessous des vidéos publicitaires, un mécanisme très prisé des annonceurs. Nous générons 500 à 1000 répondants chaque jour sur des campagnes à 10.000 diffusions journalières.
VIUZ : Quels sont vos futurs projets ?
Notre premier objectif cette année est de se déployer à International. Nous sommes le premier acteur européen à avoir développé une technologie d’AdExchange vidéo. Nous avons fait des premiers tests concluants en Espagne (où 40% de vidéos vues viennent de l’Amérique Latine). Nous attaquons bientôt l’Allemagne le deuxième plus gros marché derrière la Grande Bretagne.
Notre deuxième axe consiste à accélérer les développements de notre propre technologie car le marché se structure rapidement. Pour la petite histoire, c’est un conseil précieux que nous avait donné Jean-David Chamboredon d’Isai.
Enfin, nous pensons que le marché du RTB de la vidéo online est une réalité et que la part de l’achat média va croître considérablement. Selon moi, le marché de la publicité audiovisuelle (TV broadcast « offline ») va basculer vers le RTB, dans les 5 années à venir, nous y sommes techniquement préparés. La composante business est plus difficile à mettre en œuvre car elle suppose que l’ensemble des acteurs de la chaîne de valeur TV s’alignent pour permettre l’envol du RTB TV. L’enjeu est considérable car le marché TV pèse 3 milliards d’Euros en France.
VIUZ : Quelles sont vos principales leçons d’entrepreneur ?
Entreprendre, c’est courir un sprint sur une distance de Marathon. C’est ma première impression.
La deuxième conseil que je donnerai c’est de trouver la capacité à exécuter, mais tout en prenant de la hauteur. Je conseille à mes amis entrepreneurs de s’aménager des moments de calme pour sortir du rush et savoir s’isoler dans une bulle pour prendre du recul.
Enfin, je dirai que dans les petites structures le risque est de sauter sur toutes les opportunités, même juteuses à cour-terme mais qui peuvent vous faire dévier de votre cœur de métier et de votre vision. Il faut savoir garder le cap.
