Aive est une plateforme d’IA vidéo tout-en-un, qui permet de transformer une vidéo en données actionnables pour co-créer, adapter, optimiser et diffuser des contenus à grande échelle.
La startup, créée par Olivier Reynaud et Rudy Lellouche, vient de finaliser sa série A de 16,5 millions d’euros, soutenue par des investisseurs de premier plan.
Nous avons à cette occasion rencontré Rudy Lellouche, qui nous en dit un peu plus.

Aive en quelques mots ?
Nous sommes deux co-fondateurs, anciens de Teads. En 2018, nous avons eu l’idée d’Aive (Artificial Intelligence for Video Experience) pour répondre à un besoin vécu : automatiser la post-production (formats, durées, rythmes, etc.) et rendre l’édition accessible aux marketeurs via un copilote IA, ce pour la vidéo mais aussi l’audio. Le cœur de la proposition c’est de traiter la vidéo comme une source de données (détection d’objets, d’émotions, de présence marque, de plans, etc.) afin d’optimiser chaque déclinaison pour un brief et un réseau donnés.
À qui vous adressez-vous en priorité ?
Historiquement au secteur du marketing et à la publicité : agences et grands groupes. Les cas d’usage vont de l’adaptation de campagnes TV vers les réseaux sociaux à la multiplication de clips pour alimenter des chaînes (YouTube, Instagram, TikTok, etc.).
La techno est agnostique du format, de la durée et du type de contenu. Nous travaillons aujourd’hui aussi avec des entreprises de production de contenus, notamment sur des formats longs.
Un cas client concret ?
Meta, qui est client, nous a mis en relation avec ses annonceurs pour optimiser leurs créations sur ses plateformes ; un test avec le Groupe SEB (pour Tefal) a permis de comparer des publicités adaptées par Aive versus des créations humaines à budget et ciblage identiques. Résultat : le temps passé se compte en minutes et non en plus jours, les coûts sont divisés jusqu’à x10, et les performances font jusqu’à x3 (clics, leads, conversions) à cible et période constantes.
D’où viennent les gains de performance ?
D’une optimisation algorithmique de la créa, alignée sur les contraintes techniques (format, durée, poids) et créatives(rythme, ordre des plans, temps de présence marque/logo, gros plans, etc.). Chaque réseau ayant ses « attendus », Aive génère automatiquement des versions qui les respectent pour maximiser la distribution et l’engagement.
Parlez-nous de votre technologie ?
Aive repose sur MGT – Multimodal Generative Technology, une technologie propriétaire qui combine analytics (compréhension du contenu) et IA générative (production de nouvelles versions à partir d’un contenu source). L’analytics nourrit la génération : on ne « crée pas à partir de rien », on guide la génération par la donnée pour éviter la subjectivité ou l’hallucination. Le stack mêle open source et briques propriétaires. Il est fruit de plus de quatre ans de R&D et de plus de 10 M€ d’investissement. Côté entreprise, l’architecture isole les environnements par client (sécurité et compliance, pas d’usage des données pour entraîner des modèles tiers).
L’IA Aive remplace-t-elle les créatifs ?
Non. L’objectif est d’offrir des “super-pouvoirs” aux créatifs : préserver l’œuvre originale (composition, émotion, moments forts) et automatiser ce qui est répétitif (localisations, formats, déclinaisons multiples) — parfois des centaines d’assets — pour libérer du temps et du budget au profit de la création. Aive n’invente pas un film ex nihilo ; elle part d’un contenu imaginé par un créatif et l’augmente.
Où en êtes-vous en termes de business ?
Nous avons démarré la commercialisation en 2024. Nous avons depuis lors signé une quarantaine de grands groupes et le top des agences qui commencent à équiper leurs clients avec Aive. L’entreprise a dépassé 1 M€ de chiffre d’affaires, dès la première année de commercialisation avec un seul directeur commercial, ce qui valide le potentiel d’une forte capacité de scale. L’année 2025 est consacrée à l’accélération (ventes, customer success managers, support, écoute client) et à la poursuite de la R&D.
Pourquoi lever maintenant ? À quoi serviront les fonds ?
La levée consacre une maturité produit-marché tant en termes de références que de traction. Elle renforce également la crédibilité vis-à-vis de grands comptes. Les fonds vont nous servir à recruter (tant des commerciaux que des customer success managers), déployer plus largement, continuer la R&D. Nous allons également développer ce que nous appelons la “trans-distribution” : boucler la chaîne création / distribution automatisée / récupération des données de performance / réinjection dans les modèles pour une optimisation continue et personnalisée. Nous construisons en la matière un modèle par client, et non des lookalikes génériques.
Et l’international ?
Déjà environ 20 % du chiffre d’affaires est réalisé aux États-Unis, avec des grands groupes et un déploiement depuis la France complété par des déplacements réguliers (présence clients, prospection). Le marché nord-américain est très mûr pour le type de technologie que nous proposons.
Adoption contôlée de l’IA et explosion de la vidéo : deux grandes tendances ?
En effet pour l’IA, la bascule s’est faite entre 2023 et 2024. on est passé de la défiance (« l’IA va me remplacer ») à l’adoption sous contrôle (« l’IA m’accélère »). Les entreprises passent du PoC à l’équipement, avec un souci d’éthique et de gouvernance des données. Aive s’inscrit pleinement dans cette tendance : IA est guidée par la donnée propriétaire et dûment documentée, de manière transparente, à l’opposé de la black-box imposée par certains grands opérateurs.
En ce qui concerne la vidéo, on assiste à explosion de la consommation vidéo sur YouTube / TikTok / Instagram / CTV / streamers, face à l’érosion des audiences TV traditionnelles. Les producteurs et chaînes doivent adapter et publier vite des contenus longs en formats sociaux pour préserver visibilité et monétisation ; Aive vise cette industrialisation qualitative de l’adaptation des contenus longs.
