Face à l’émergence des moteurs de recherche alimentés par l’intelligence artificielle, une nouvelle discipline émerge : le Generative Engine Optimization (GEO). Décryptage d’une révolution qui redistribue déjà les cartes de la visibilité en ligne.
Quand l’IA redéfinit la recherche sur internet
Nous assistons à un basculement dans l’univers de la recherche en ligne. Selon une étude d’Adyen sur les tendances du retail en 2025, près d’un tiers des Français (31%) utilisent l’IA pour faire leur shopping et 42% sont prêts à le faire pour leurs prochains achats. Parallèlement, une étude menée par Havas Market révèle que 47% des consommateurs français concrétisent leurs achats après avoir consulté une intelligence artificielle.
Les moteurs de recherche basés sur l’IA générative (Google SGE, Perplexity AI, Copilot) ne se contentent plus de lister des liens : ils génèrent des réponses synthétiques, puisant dans les contenus les plus pertinents et fiables.
Le constat est sans appel : une étude menée par des chercheurs de Princeton et présentée à la conférence KDD 2024 révèle que jusqu’à 74% des recherches sur les moteurs génératifs ne génèrent aucun clic vers les sites sources. L’utilisateur trouve sa réponse directement dans la synthèse produite par l’IA.
Au-delà du SEO : comprendre la mécanique des IA
Cette transformation impose de repenser radicalement nos approches. Le SEO traditionnel, axé sur les mots-clés et les backlinks, ne disparaît pas mais devient insuffisant. Les algorithmes d’IA fonctionnent différemment : ils analysent la structure sémantique, évaluent la fiabilité des sources et privilégient la clarté informationnelle.
Le Generative Engine Optimization (GEO) répond à cette nouvelle donne. Cette discipline vise à optimiser les contenus pour qu’ils soient non seulement découverts, mais aussi compris, synthétisés et cités par les intelligences artificielles comme sources fiables.
Les critères de sélection évoluent : plutôt que de “bourrer” un texte de mots-clés, il faut désormais structurer l’information de manière logique, citer des sources vérifiables et démontrer une expertise réelle. Les données de l’étude Princeton montrent d’ailleurs qu’une approche GEO optimisée peut améliorer la visibilité dans les réponses génératives de plus de 40%.
Les nouveaux défis pour les marques
Cette évolution pose des questions stratégiques majeures pour les entreprises. Comment maintenir sa visibilité quand les utilisateurs n’accèdent plus directement aux sites web ? Comment construire son autorité dans un écosystème où l’IA fait office d’intermédiaire universel ?
La réponse réside dans une approche hybride. Les fondamentaux du SEO restent indispensables pour asseoir l’autorité d’un site, mais ils doivent être complétés par des techniques spécifiques au GEO :
• Structuration sémantique avancée avec les données Schema.org pour aider les IA à comprendre précisément le contexte
• Contenus comparatifs objectifs qui répondent directement aux besoins d’analyse des utilisateurs d’IA
• Citations d’experts reconnus qui renforcent la crédibilité perçue
• Mise à jour régulière avec des informations fraîches et des données récentes
Anticiper plutôt que subir
Les projections des analystes sont claires : d’ici 2026, une part significative du trafic de recherche pourrait migrer vers les interfaces génératives. Les entreprises qui intègrent dès maintenant le GEO dans leur stratégie digitale prennent une longueur d’avance décisive.
Cette mutation ne signifie pas la mort du contenu de marque, bien au contraire. Elle impose simplement de repenser la création éditoriale pour répondre aux nouveaux critères d’évaluation des IA. Les marques qui parviendront à être régulièrement citées comme sources fiables par les intelligences artificielles renforceront leur autorité d’une manière inédite.
L’enjeu est double : maintenir sa visibilité dans l’écosystème traditionnel tout en développant sa présence dans les nouvelles interfaces conversationnelles. Une stratégie équilibrée qui combine SEO éprouvé et techniques GEO innovantes devient indispensable pour toute entreprise soucieuse de sa croissance future.
Cette mutation impose aux entreprises de repenser leur stratégie éditoriale dès maintenant. Ignorer le GEO, c’est prendre le risque de l’invisibilité pour une part croissante de leur audience. À l’inverse, les entreprises qui intègrent le GEO dès maintenant prennent une longueur d’avance sur leurs concurrents et se préparent aux futurs changements des algorithmes et des comportements de recherche.
Une tribune de Gaëlle Boutaud – co-fondatrice et directrice générale de Sales Odyssey, agence spécialisée en Growth Marketing et développement commercial B2B.