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Le paiement invisible… de plus en plus perceptible

Une tribune d'Aude Vicaire, DG Market Pay - Tech & Crypto

Cela ne fait plus de doute, le paiement est désormais clairement identifié comme non seulement une étape cruciale de l’acte d’achat mais aussi comme un levier de croissance. A ce titre, les innovations qui l'entourent sont en perpétuelle évolution.

L’objectif ultime des acteurs de l’industrie du paiement, tout comme des commerçants, est de le rendre invisible, indolore. Ainsi, il marquerait toujours le point de contact final avec le client mais sans apparaître à ses yeux. Plus aucune friction ne viendrait perturber l’expérience. Dans certains cas d’usage, ce paiement invisible existe déjà. L’exemple le plus symbolique est sans doute celui d’Uber. Plusieurs innovations, disponibles ou en passe de l’être, vont dans ce sens et s’adressent à d’autres cas d’usages.

Quelles sont-elles ? A qui s’adressent-elles ? Et surtout, sont-elles sécurisées pour les acheteurs ?


Le graal du paiement

Alors qu’une transaction aboutie repose en grande partie sur la confiance de l’acheteur, on est en droit de se demander pourquoi un paiement invisible est à ce point plébiscité.

Pour le comprendre, rappelons que le paiement invisible ne signifie pas mode de paiement inconnu. Il décrit avant tout un processus entièrement automatisé et intégré à l’achat, avec la volonté de “désensibiliser” le consommateur du paiement. La procédure se déroule en arrière-plan et dès lors que l’acheteur a renseigné son moyen de paiement favori lors de la première utilisation, il n’est plus sollicité par la suite.

De cette manière, l’acte d’achat n’est plus une étape délicate et singulière mais fait partie intégrante de l’expérience globale. Les bénéfices d’un tel paiement sont évidents : une expérience ultra fluide, un gain de temps, une réduction drastique de l’abandon de panier, un meilleur taux de conversion, une plus grande fidélité client… in fine, un élément clé de la croissance et de la satisfaction client.


La révolution annoncée du Click to Pay

Si le paiement invisible tel que Uber le propose ne peut s’appliquer à toutes les expériences de vente en ligne, des solutions existantes s’en rapprochent. En autorisant le marchand à conserver les données de carte bancaire par exemple. Cela implique néanmoins la création d’un compte et augmente les risques de vol de données personnelles. Quant aux portefeuilles numériques (Apple Pay ou Google Pay), plus sécurisés et conçus pour les achats en ligne, ils ne sont pas toujours proposés par les commerçants.

Une nouvelle méthode de paiement en un clic devrait changer la donne. Lancé en 2023 à l’initiative du réseau EMVco qui regroupe Visa, Mastercard, American Express et Discover, le Click to Pay devrait progressivement se déployer en France dès le second semestre. Présenté comme un mode de paiement intelligent en ligne, il ne nécessite ni mot de passe ni enregistrement préalable de numéros de cartes. L’utilisateur doit simplement passer, une seule fois, par une étape « d’enrôlement » via son application bancaire ou sur la page de paiement du site marchand. Dès lors, il pourra régler en un clic sur tous les sites marchands qui valident cette nouvelle fonctionnalité sur leur page de paiement. Compte tenu de la popularité des moyens de paiement Visa et Mastercard, il est probable que la fonctionnalité se développe très rapidement.

Click to Pay redéfinit le passage en caisse en ligne. Plus besoin de saisir des numéros de comptes, de rechercher des mots de passe ou de remplir de longs formulaires. Ainsi, il n’est plus nécessaire de transmettre des informations relatives à la carte et des données personnelles sur chaque site. La sécurité s’en trouve largement renforcée.

Outre proposer une expérience de paiement qui sera remarquée, Click to Pay engendre des taux d’autorisation plus élevés et un risque de fraude plus faible. Il transmet également au marchand les adresses de facturation et de livraison.


Le paiement mobile comme catalyseur

Ces méthodes de règlement innovantes, actuelles et futures, sont toutes portées et stimulées par le canal de vente en ligne et les devices qui lui sont associés : mobile et plus largement ordinateur. C’est à travers l’e-commerce que l’on s’approchera petit à petit d’un paiement invisible généralisé, pour nos achats en ligne ou en points de vente.

Au restaurant par exemple, le paiement via QR code, sans quitter sa table et sans faire la queue au comptoir est de plus en plus proposé. Au supermarché, le « lâcher de caddie » ou « shop & go » est une illustration parfaite du paiement invisible en magasin. Sans passer par la caisse, le caddie rempli est conservé par le point de vente qui le livrera à domicile. Le paiement s’effectue à la maison. Enfin, à l’image d’Uber, citons par exemple les applications ou services en ligne tels que Deliveroo ou Booking.com pour lesquels l’étape du paiement est quasi imperceptible.

Le paiement sans contact participe lui aussi à ce mouvement. Très récemment, le Forum NFC a d’ailleurs annoncé plusieurs évolutions qui faciliteront encore son usage. La portée de la connexion NFC sera augmentée, il ne sera donc plus nécessaire de coller le smartphone au terminal. N’importe quel téléphone équipé du NFC pourra se transformer en terminal de paiement, une évolution qui fait écho au « Tap to Pay » d’Apple qui lui aussi devrait arriver bientôt en France.

Demain, ce sont les technologies biométriques qui prendront le relais. L’empreinte digitale est d’ores et déjà utilisée et le paiement vocal commence quant à lui à se démocratiser. A travers les enceintes connectées ou dans l’écosystème automobile, on teste des procédés vocaux. Au moment de confirmer l’achat, l’utilisateur reçoit un appel scénarisé et confirme son paiement vocalement à l’aide de mots-clés simples comme « je confirme le paiement par voix ». Carrefour a lui aussi développé un service de shopping vocal pour les utilisateurs d’un smartphone Android, équipé de l’assistant vocal de Google.

Pour mettre en œuvre le paiement invisible, le commerçant doit interfacer une solution de caisse numérique et signer un contrat avec le fournisseur du moyen de paiement. Il doit pouvoir identifier ses clients via un login, des données biométriques ou un token de carte bancaire, ce qui nécessite une solution unifiée de gestion et de pilotage des données de paiement.

Mais le défi majeur reste de convaincre la clientèle de l’intérêt, de la praticité et surtout de la sécurité de ces nouveaux moyens de paiement. A l’image de la DSP3 dont les contours commencent à se dessiner, le cadre réglementaire évolue lui aussi, laissant davantage d’opportunités à l’innovation. C’est aux acteurs du paiement de concilier les deux. Car dans le paiement, tout est affaire de confiance…

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