E-Commerce

Le secteur de l’assurance connait une transformation digitale rapide, tout comme le secteur bancaire auparavant (Mickael De Sa – Allianz Trade)

Partenariat Viuz - A l’occasion de France Digitale Day qui s’est tenu le 20 septembre dernier, nous avons rencontré Mickael de Sa, CDO d’Allianz Trade en France. Nous avons notamment parlé avec lui de la transformation digitale du secteur de l’assurance-crédit et des habitudes de consommation instantanées en BtoC qui se répercutent sur le marché du BtoB.

,


Pouvez-vous présenter Allianz Trade en quelques mots et quelques chiffres ?

Allianz Trade, anciennement Euler Hermes, est le leader mondial de l’assurance-crédit, qui vise à protéger les entreprises contre le risque d’impayés. Le crédit commercial interentreprises, c'est-à-dire les délais de paiement que les entreprises s’accordent entre elles. Elle représente en France environ 750 milliards d'euros de transactions par an. Cela dépasse de trois fois le crédit bancaire court terme accessible aux entreprises, évalué à 230 milliards d'euros, faisant du crédit inter-entreprises le principal moyen de financement des entreprises.

L'assurance crédit englobe trois services clés : prévention du risque, recouvrement, et indemnisation. Tout d'abord, la prévention du risque consiste à évaluer la solvabilité des acheteurs et à aider les entreprises à prendre les meilleures décisions commerciales. Ensuite, nous proposons à nos clients une couverture basée sur cette analyse avec un montant associé. En cas de défaut de paiement, nous prenons en charge le recouvrement pour l'entreprise. Si le recouvrement échoue, nous indemnisons l'entreprise selon le montant de la garantie d'assurance qui lui a été attribuée.

Allianz Trade compte 5500 collaborateurs dans le monde, avec une équipe de 700 personnes en France, principalement basée à Paris. Nous surveillons la santé financière de 83 millions d'entreprises à travers le monde, dont 4 millions en France.

Notre mission, en tant qu’équipe en charge de la transformation digitale d’Allianz Trade en France, consiste à développer des solutions connectées via des API pour intégrer des produits d'assurance dans diverses plateformes e-commerce. Cela inclut des plateformes de vente en ligne ainsi que des partenaires faisant partie des écosystèmes du financement et du paiement. Nous travaillons également sur la création de nouveaux produits d'assurance distribués de manière innovante, le tout reposant sur des systèmes d'API.


Quelle est la place du digital dans l’entreprise ?

Le secteur de l'assurance connaît une transformation digitale rapide, tout comme le secteur bancaire l'a fait auparavant. Notre entreprise s'adapte en numérisant intégralement ses systèmes internes. Cette transition inclut la création d'un réseau d'APIs internes, favorisant une communication fluide entre nos systèmes. Elle renforce notre agilité pour développer de nouveaux produits d'assurance et ouvrir certaines de nos APIs, notamment dans notre domaine principal, l'assurance-crédit.

Allianz Trade a lancé sa transformation numérique il y a plusieurs années. L'objectif était de moderniser ses outils, son modèle commercial et de mettre les collaborateurs au centre de ces évolutions.

Allianz Trade n’est pas qu'assureur-crédit, même s’il s’agit de notre cœur de métier. Nous disposons également d'une activité de caution que nous avons digitalisée il y a quelques années grâce à la création d'un portail dédié. Ce portail nous permet de proposer directement en ligne des actes de caution de manière entièrement numérique. Ainsi, une entreprise souhaitant obtenir une caution d'Allianz Trade peut désormais souscrire ce service de manière entièrement numérique et dématérialisée. Auparavant, il était nécessaire de contacter directement l'assureur ou de passer par un courtier, ce qui pouvait entraîner des procédures parfois plus longues et complexes. Aujourd'hui, les petites opérations de caution se font en ligne de manière simplifiée. Les opérations de plus grande envergure continuent d'être gérées de manière traditionnelle en raison de leurs spécificités.


Data Science : quelle transformation cela a-t-il apporté chez vous ?

Le travail de l’assureur-crédit est évidemment basé sur la donnée, et entant qu’acteur centaine du secteur, disposant d’un fort réseau d’intelligence terrain, nous considérons la data comme un puissant levier de performance. Nous avons développé avec des data scientists des algorithmes de machine learning. Tout d’abord, pour renforcer notre capacité d’intelligence prédictive et ainsi mieux protéger nos assurés, afin d’identifier avec précision les entreprises nécessitant le plus une assurance-crédit.

Nous avons également mis en place des algorithmes de détection de fraude, le crédit commercial étant particulièrement exposé à ce risque.

Ce travail autour de la donnée nous permet une meilleure compréhension de notre écosystème mais les données seules ne suffisent pas, la qualité de la relation entre nos équipes de relation client et les clients était tout aussi cruciale. 

Enfin, nous avons également développé un autre algorithme visant à aider nos chargés de recouvrement à améliorer leur efficacité en gérant les impayés de manière appropriée, tout en préservant les relations commerciales entre les fournisseurs et leurs clients.


En tant qu’assureur, quelle est votre vision sur le e-commerce en France ?

Nous opérons sur des marchés très verticaux, spécialisés, tels que le BTP, l'agroalimentaire ou encore les équipements informatiques de bureau par exemple, qui sont en pleine transformation et digitalisation. Contrairement au BtoC, nous n'avons pas encore observé l'émergence de grandes places de marché polyvalentes, mais de nombreux acteurs spécialisés se lancent vers le commerce en ligne.

Cela engendre de nouveaux besoins pour les marchands et les acheteurs. Les marchands cherchent à automatiser leurs processus, à les rendre plus digitaux et moins dépendants de l'intervention manuelle. 

La demande d'instantanéité est croissante. Comme en BtoC, les acheteurs veulent la même simplicité pour leurs achats en ligne. Les entreprises vendeuses, de leur côté, ont besoin de réponses immédiates quant à la couverture de leurs créances commerciales. Pour répondre à cette exigence, nous avons développé une solution digitale d’assurance-crédit qui permet aux vendeurs de proposer un délai de paiement à leur acheteur, sans s’exposer au risque d’impayés. Ll'objectif des sites de vente en ligne n'est pas de remplacer les équipes commerciales, mais d'ouvrir de nouveaux canaux de distribution et d'élargir leur clientèle et c’est là que notre rôle est primordial. Nous avons mis en place un système d'assurance connecté par API qui permet une réponse en temps réel concernant la capacité à couvrir un panier d'achat. Si la couverture est possible, le paiement différé est autorisé. En cas d'impayé après l'échéance, notre équipe de recouvrement intervient pour gérer le processus de résolution. Le e-commerce devient ainsi pour le BtoB un canal de vente additionnel et complémentaire des canaux plus traditionnels, tout aussi sécurisé et efficace.


Des projets futurs pour Allianz Trade ?

Nous avons de fortes ambitions pour développer nos lignes métier, notamment dans l’e-commerce et la caution. Nous sommes leader sur l'assurance crédit à l'échelle mondiale, mais nous sommes conscients que les enjeux diffèrent d'une région à l'autre, avec des marchés établis en Europe et des opportunités de croissance aux États-Unis et en Asie - où culturellement, l'assurance-crédit est moins courante. Nous comptons sur notre expertise, nos équipes et la puissance de la marque Allianz pour développer ces régions. 

Notre défi est de rester leader tout en gardant l'esprit d'un challenger, en innovant constamment. Nous établissons des partenariats pour enrichir nos services et répondre aux besoins émergents des entreprises en B2B, qui convergent vers le B2C. Nous travaillons également avec les régulateurs pour trouver des solutions mutuellement bénéfiques.

Plus d'articles E-Commerce

+ TOUS LES ARTICLES E-Commerce
  • Fast fashion : 7 Français sur 10 (presque) prêts à lever le pied pour l’environnement

    Les Français le promettent, ils peuvent changer. En tout cas 7 Français sur 10 se disent prêts à changer leurs habitudes d’achat, pour lim...

  • 18 effets sociaux et environnementaux du commerce sur la ville

    ...

  • Julien Caillau (Oney) : la consommation à l’heure du paiement fractionné

    Du 11 au 13  mars s'est tenu One to One Retail E-commerce. Ce fut un grand succès : 2 200 participants, 1 150 retailers et e-commerçants....