E-Commerce/Paiements

Hugo Borensztein (Omi) – Le défi pour les marques à l’heure du métavers : la cadence des contenus et le coût associé

Nous avons rencontré Hugo Borensztein CEO co-fondateur de Omi, startup française de modélisation et de rendus photos et vidéos 3D pour les marques.

Omi en quelques mots ? De quel constat êtes-vous parti et où en êtes-vous ?

Omi est un logiciel très simple d’utilisation à destination des marques commercialisant des produits. Nous leur permettons de modéliser leur catalogue en 3D hyper réaliste et de mettre leurs produits en scène à l’infini en photo et en vidéo, pour leurs besoins en contenus à destination du eCommerce (packshots, fiches produit, newsletter…), du Social Media (organique et paid) et du offline (PLV, impression packaging, affichage…). 

Le point d’origine de notre réflexion avec mon frère Paul vient de mon expérience en tant que Directeur des Opérations pour l’Europe du Sud chez Facebook et Instagram. Matin, midi et soir, j’avais la même question récurrente de la part de mes clients (annonceurs SMB comme Fortune 500) : “Maintenant que j’investis 50% de mon mix media sur le digital, comment suivre la cadence en contenu ?”. En parallèle de cette réflexion globale, les écosystèmes traditionnels (photographes, studios, agences créas etc) ne peuvent ni scaler, ni suivre le rythme de production, alors que les besoins en contenus explosent, notamment ceux liés aux visuels.

Nous lançons alors Omi en plein confinement en mars 2020 avec mon frère (cofondateur et CTO). Dans la foulée, nous levons un pré-amorçage puis développons notre techno 3D propriétaire et l’app jusqu’au lancement officiel en septembre 2021. Jusqu’à aujourd’hui, nous avons eu une très forte traction avec déjà plus de 200 marques abonnées de la DtC au grand groupe (Feed, Manucurist, Nestlé etc). La raison ? Le module de création 3D ultra réaliste est 100% fonctionnel : nos clients peuvent créer des vidéos et des photos produits de qualité ultra réaliste et professionnelle, en quelques minutes et pour seulement quelques euros.

Côté produit, notre ambition est d’être le Canva de la 3D. Cela veut dire être un outil simple à utiliser mais aussi un outil accessible à des dizaines de milliers de marques. Notre objectif est de servir tous les besoins en contenu et marketing produit via la 3D. Nous opérons d’ores et déjà sur le marché de la création de contenu visuel et nous allons cette année nous concentrer sur de nouvelles fonctionnalités e-commerce : modules de visualisation 360 (visionneuses 3D), distribution des assets 3D dans des expériences de réalité augmentée (caméras IG et Snap en priorité, supports Shopify) et nous annoncerons prochainement une feature unique sur le marché de packshots dynamiques (contextualisé via IA en fonction de la saisonnalité, contexte utilisateur etc) embarquée sur les sites e-commerce.

L'ambition coté business est internationale : début 2023 nous attaquerons l’Espagne, l’Italie et prévoyons un déploiement aux US dès la fin 2023. C’est pour cela que nous venons de clôturer une levée de 6M€ en Seed menée par Dawn Capital, fonds leader du logiciel BtB en Europe.

Contenus : quelle est votre vision ?

1. Le contenu est central : c'est le pétrole des marques de toutes tailles qui doivent alimenter leurs canaux (sites, réseaux, magasins etc) en permanence pour continuer à exister (Enterprise) ou émerger (DtC). En 2021, 69% des marketeurs précisaient avoir augmenté leur usage de contenu visuel (hubspot). 

2. Le contenu est désormais temporaire notamment avec la pression des formats éphémères (Stories, TikTok, Snap) devenus le standard des plateformes. 50% des contenus organiques postés sur le digital durent moins de 2 jours, et seulement 10% sont distribués plus de 15 jours (Facebook, 2021). 

3. Le contenu reste traditionnel : scaler son contenu est impossible pour une marque qui doit, le cas échéant, animer tout un écosystème de créateurs (agences, photographes, influenceurs, UGC…). 51% des marketers ont passé entre 5 et 10h par semaine sur leur création de contenus visuels en 2021 (Venngage).

Ce triple critère place les marques sous une pression permanente à créer du contenu à coût maîtrisé et à haut volume. Omi est donc la baguette magique !

Qu’avez-vous « craqué » pour percer ?

Nous nous sommes concentrés sur 3 éléments clés. Le premier est le photoréalisme. Nos rendus 3D ressemblent à une vraie photo ou une vraie vidéo. Cela nous ouvre des perspectives infinies car nous ne sommes pas limités aux usages seulement 3D. Grâce à cet ultra réalisme, nous adressons l’ensemble du marché de la création visuelle produit.

Ensuite, nous nous sommes structurés autour de la simplicité d’utilisation avec une app tout en Drag&Drop et pre-sets. Comme Canva, Omi est utilisé par des milliers d’utilisateurs non techniques : Community Managers, eCommerce Managers, PR, Traffic Manager, CMO… Ainsi, nous permettons aux marketeurs d’exploiter le potentiel de la 3D, sans bagage technique.

Enfin, le troisième est l’offre. Elle est d’abord très accessible car nos coûts de rendus imbattables, grâce à une infrastructure cloud optimisée, permettent d’offrir des abonnements dès 225€, soit 10 à 100 fois moins cher qu’une alternative traditionnelle ou concurrente. 

Pour terminer, nous apportons toutes les fonctionnalités nécessaires aux marketeurs produits : PNG transparent, photo produit, vidéo produit, personnalisation infinie, catalogue de textures, objets, fonds etc inclus, résolution de HD à 8K, modification des lumières, modification des caméras… 

En e-commerce jusqu’où ça va ?

Visionneuse 360 embarquées sur site, AR, IA packshot dynamiques… Les avantages d’Omi sont très nombreux afin d’apporter des bénéfices concrets à l’univers du e-commerce dont l’augmentation de la conversion/performance, l’augmentation de la rétention, ou encore la réduction des retours produits… 

Ensuite, nous nous sommes concentrés sur la personnalisation des produits. À mesure que le parcours client change, ainsi que les points de contact avec les marques et l'interaction avec leurs produits, le dialogue entre le client et la marque doit être personnalisé pour dynamiser à la fois l'expérience individuelle d'un client et sa relation avec la marque. La 3D n’est pas figée, elle est dynamique et permet donc de customiser en temps réel un produit sur un store e-commerce par exemple. En résumé, la 3D permet de rapprocher ses clients/prospects de son produit comme jamais. Shopify indique d’ailleurs +94% de taux de conversion pour produit AR vs produit sans AR.

Mais surtout la modélisation 3D permet aux marques d’explorer les nouvelles frontières du e-commerce, qui sont fondées en 3D. La 3D est à la RA et VR ce que la pierre est à l’immobilier.

A noter que ces derniers nécessitent un asset 3D pour exister, et que l’AR et la VR pour le retail, le commerce et le marketing dépasseront 12 milliards $ d’investissement d’ici 2025 (ABI Research). 

Enfin, Omi est déjà en capacité de lister et distribuer tous les modèles 3D, lesquels sont interopérables, dans les futures stores 3.0 construits dans les Métavers. Une fois que les retailers et marques auront construit leurs stores virtuels, nous serons les mieux outillés pour y distribuer leurs objets 3D en réalité virtuelle (ou mixte et augmentée).

Quelle data ? Quel rôle ? 

Nous contrôlons toute la data des produits reconstruits en 3D avec une capacité infinie d’application de ces modèles 3D (AR, VR, 360…). Nous nous en servons pour des applications produits (ex : projet en RA d’un objet dans un espace en temps réel), mais surtout pour entraîner un algorithme propriétaire de simplification d’assets 3D via du machine learning et pour estimer et reconstruire des matériaux complexes (transparence, réfraction et réflexion de la lumière etc) via du computer vision.

Meta va-t-il réussir dans le metaverse ?

Oui, Meta sera un des principaux artisans du Métavers !

D’abord, le sujet 3D est ancien chez Meta avec le rachat de Oculus qui a presque 10 ans (2014). Ensuite, ce sont des milliers d’ingénieurs qui travaillent sur le sujet sans limite d’investissement depuis une décennie. Meta est donc en avance technique même si l’on peut entendre que pour le moment le hardware limite fortement la capacité à embarquer des millions d’utilisateurs en VR. Mais le marché grandit : les ventes de Noël 2021 ont battu tous les records dans ce secteur. 

Ensuite, de façon plus macro, la critique faite à Meta sur son incapacité à créer le Métavers me rappelle les critiques adressées lors du pivot complet de Facebook sur le mobile en 2012, alors en retard sur l’explosion des smartphones. Pourtant, la suite lui aura donné raison dans des proportions indiscutables : l’entreprise restera la seule société arrivée à 100 milliards $ de revenus, presque 100% mobile, le plus rapidement de l’histoire. 

Cependant, il va être intéressant de surveiller l’évolution d’Epic Games (grâce à Unreal Engine), qui pourrait bien être le véritable artisan d’un Métavers consumer friendly dans les prochaines années...

Le retour de D to C, tendance intéressante en ce moment ? 

On assiste à un retour massif au physique des D to C : le retour de l’inflation pèse déjà sur la consommation et a favorisé l’explosion des coûts d’acquisition sur les plateformes sociales depuis 6 mois. Cela place les marques dans une situation compliquée côté coûts et l’on observe un fort retour au retail direct ou indirect comme outil de correction. Il est intéressant de voir aujourd’hui des marques nées sur le digital lutter pour s’établir dans le monde physique contrairement aux acteurs plus classiques des marchés qu’elles disputent.

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