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Karine Schrenzel (ShopInvest) : nos ambitions pour Rue du Commerce


C'est officiel : ShopInvest vient de finaliser l'acquisition de Rue du Commerce auprès du Groupe Carrefour.

A cette occasion, nous avons interviewé Karine Schrenzel, CEO de ShopInvest. C'est un plaisir de retrouver Karine, qui fût la remarquable Présidente du Jury de la Nuit des Rois 2020.


Quand ShopInvest s’est intéressé à Rue du Commerce ? 

Nous sommes entrés en contact avec Carrefour à l’été  2019. Le Groupe dirigé par Alexandre Bompard voulait se désengager du non alimentaire. 

Nous avons signé en novembre 2019 un accord d’exclusivité. Malgré les crises, malgré le coronavirus, nous sommes parvenus à convaincre Carrefour que nous avons le bon profil pour le retournement, car il s’agit bien d’un projet de retournement. 


Pourquoi Rue du Commerce ?

Rue du commerce est une marque de confiance avant tout, c’est un des précurseurs de l’e-commerce français, créé en 1999. C’est une marque toujours très bien positionnée dans les classements. C’est un site en top position pour acheter en toute confiance, et sur toutes les catégories couvertes, de fait le service client est exceptionnel.

Au-delà de la notoriété, la base de donnée client est un point très positif, elle compte 6 millions de clients, dont 1 million de clients actifs. Le site réalise 280 millions d’euros de chiffres d’affaires, un chiffre stable dans le temps. 

Rue du Commerce c’est aussi un portefeuille de fournisseurs qui travaillent en confiance, on trouve peu de sites e-commerce qui travaillent avec autant de marques high-tech françaises et internationales.


En quoi l’acquisition de Rue du Commerce s’inscrit dans la stratégie de ShopInvest ? 

Rue du Commerce a connu une période entrepreneuriale, puis en 2012 a été acquis par Altaréa et en 2016 par Carrefour. Le site perd beaucoup d’argent, c’est vrai, mais depuis qu’il a été racheté seulement.  Le site a connu depuis lors un fonctionnement moins souple, et des stratégies différentes qui se sont succédées, sans positionnement très clair. Pour nous, il s’agit là d’une opportunité. En effet, nous souhaitons occuper le segment des biens d’équipement, que ShopInvest n’adressait pas jusque-là. 

En particulier, Rue du commerce propose un service innovant, le pack reprise, qui permet à chaque acheteur de renvoyer un produit qui ne lui convient pas contre un bon d’achat  d’un montant égal à 80% du prix du produit au moment de l’achat, et ce pendant un an. L’idée c’est bien de démocratiser la high-tech. 


Quel projet pour Rue du commerce ? 

Plusieurs points sont clés, ils s’inscrivent bien dans l’approche de Shopinvest. Nous allons : 


Quel modèle de croissance ?

Nous voulons remettre la rentabilité au coeur. Ce faisant, à 5 ans nous visons un chiffre d’affaires de 500 millions d’euros, cela en deux temps : d’abord une phase de consolidation et de rentabilité, puis une phase de développement. Comme pour les 3 Suisses, nous allons d’abord investir dans les outils et les process, puis dans la communication. 


Comment vois-tu la phase post-covid ?

On assiste à une accélération. Beaucoup d’entreprises vont fermer, mais pour beaucoup, leurs problèmes datent d’avant la crise. C’est une période plus favorables aux entrepreneurs, qui par nature savent rebondir.

Chez Shopinvest, nous avons connu une baisse très forte à la mi-mars, mais depuis mi-avril nous avons récupéré et nous sommes actuellement sur une tendance normale. La question est de savoir comment on sort de cette période particulière. Après un premier choc, nous allons assister probablement à une réorganisation du travail. Au début du confinement, nous avons enregistré une baisse de l’activité de - 40 % et il a fallu en même temps très rapidement calé l’organisation, les équipes et le travail. Près de trois mois plus tard, on voit qu’une nouvelle manière de travailler fonctionne. La télétravail, ça marche ! L’inconnue concerne plutôt la culture d’entreprise. Peut-elle exister à distance ? Et, par exemple, comment faire entrer de nouveaux collaborateurs dans la culture d’entreprise à l’heure du télétravail ? 


Quelles ambitions pour ShopInvest ?

La crise a bénéficié à l’e-commerce. Elle accélère une tendance. Les 3 Suisses connaissent une croissance très forte depuis l’automne dernier, en ligne avec le budget. 

Certes, le retail est une activité très difficile avec des marges et des rentabilités faibles. L’une des questions étant notamment comment vit-on face à Amazon. Cela dit, même si nous risquons d’assister à une contraction de la consommation, c’est l’e-commerce qui progressera largement en part de marché.

L’e-commerce va croître fortement, et peut-être encore plus fortement dorénavant, car la crise que nous traversons a converti de nombreux nouveaux consommateurs. C’est toujours le premier achat qui est le plus difficile, ensuite il se répète.

Je pense que les consommateurs vont être de plus en plus demandeurs en terme de services et de différenciation auprès des spécialistes, comme ShopInvest sur la mode, la lingerie, la high-tech.

La crise va également accélérer l’envie de consommer auprès d’entreprises qui ont plus de conscience et qui mettent davantage au coeur la solidarité sociale, les stratégies sociales, l’économie circulaire, la protection des salariés lors de crises sanitaires. 

Nous avons l’ambition de devenir dans ce contexte un groupe leader, responsable, indépendant et rentable de l’e-commerce en France