En novembre 2013, Snapchat disait non à Mark Zuckerberg et ses 3 milliards de dollars. La valorisation actuelle de la startup se situerait entre 16 et 19 milliards de dollars (source : Bloomberg) …

Peu auraient parié il y a encore un an sur l’irrésistible ascension de cette appli de partage social éphémère.

9 points pour comprendre :

1 – Création dans un campus (encore)

Snapchat est créé au printemps 2011, par deux étudiants de Stanford, Evan Spiegel et Bobby Murphy, frères du club Kappa Sigma, pour permettre à leurs amis d’effacer toutes photos compromettantes prises notamment lors des soirées de la confrérie. Lancée sur l’appstore en décembre 2011, l’appli connait un démarrage en trombe dans un contexte marqué aux Etats-Unis par l’affaire Anthony Weiner, ce congressman qui envoyait des messages à caractère explicite à des femmes qu’il rencontrait via Twitter.

2 – 700 millions de snaps par jour

L’appli s’est imposée dans les usages : 100 millions de membres, 700 millions de Snap sont aujourd’hui échangés quotidiennement (350 millions en 2013).

L’application est présente sur pratiquement un iPhone sur trois (29,4%) et un smartphones Android sur cinq (20%) aux Etats-Unis (7Pack Data Inc.)

3 – Après la TV… Une cible très recherchée 

La majorité des utilisateurs a entre 13 et 24 ans (6 utilisateurs sur 10), qui délaissent de plus en plus la télévision au profit du smartphone. Une cible très recherchée par les marques.

4 – Snapchat, une nouvelle grammaire pour les contenus ?

-Lancé en janvier, Discover est une nouvelle section dans l’app qui permet d’accéder à du contenu exclusif via 11 chaines dont CNN, ESPN, Comedy Central, Cosmopolitan, Vice ou encore Yahoo News.

– Snapchat offre la possibilité d’être le héros de sa propre mini-série. Avec Our Story, il est possible de monter facilement de mini-épisodes de vie quotidienne (voyages, évènements etc.) en se filmant par scènes de 10 secondes et de rendre les épisodes publics ou privés.

– Snapchat, en collaboration avec des studios et des youtubers influents lance actuellement des mini-séries avec des super-héros : les SnapperHero.

5 – Pas ciblée, ni imposée : la pub à contre-courant 

Snapchat s’attaque également à la pub. La startup propose une expérience « fun et informative » non ciblée, non-obligatoire ni intrusive. En dénonçant sur son blog le ciblage et une mauvaise créativité/qualité de la communication sur mobile, elle explique qu’elle veut redonner accès à du contenu de qualité, en nous faisant presque oublier que c’est de la publicité. Rappelons que le ciblage serait compliqué à mettre en place vu le peu d’informations qu’elle possède sur les utilisateurs (il ne faut que sa date de naissance, une adresse mail et un mot de passe pour s’inscrire).

Le format de la publicité est une vidéo disponible 24 heures, que l’on regarde si on le veut. Pour cela les marques, seraient contraintes de payer 750 000 dollars (source : Adweek). Les annonceurs seront-ils prêts à sauter le pas en masse ? Selon Snapchat, l’engagement de l’utilisateur serait d’autant plus grand qu’il doit maintenir son doigt appuyé sur l’écran pour voir le contenu.

7 – Bandes-annonces et pubs pour ados

La bande-annonce du film Ouija (Universal Pictures) a été la première vidéo diffusée sur sa nouvelle plateforme de publicité suivi de celle du film Dumb and Dumber 2. Elles auraient été visionnées plus d’1 million de fois chacune.

Selon Millward Brown, qui a analysé les résultats des 6 premières campagnes Snapchat, 60% des utilisateurs de Our Stories et 44% de ceux de Brand Stories ont apprécié les publicités visionnées soit 3 fois la norme.

8- Une stratégie agressive de diversification des services et des revenus – révélée par le hacking de Sony Pictures en décembre dernier, dont Snapchat est une victime collatérale

– Snapchat aurait acquis pour 15 millions de dollars Vergence Labs, qui fabrique des lunettes connectées capables d’enregistrer et de stocker des vidéos.

-Ils auraient aussi acheté une entreprise de Beacon et QR Code nommée Scan.Me pour 50 millions de dollars.

– Si l’achat de la startup Addlive était connu, le montant de la transaction était resté secret. Il s’élèverait à 30 millions de dollars. C’est en utilisant leur technologie que Snapchat a pu mettre en place le tchat vidéo.

– Spiegel a envisagé de lancer un label de musique durant l’été 2014 pour promouvoir des musiciens via l’application. Mais Snapchat et Vevo ne sont pas tombés d’accord sur le partage des revenus publicitaires ce qui a empêché le partenariat.

On l’aura compris, Spiegel a bien l’intention de bouleverser l’utilisation du smartphone et une partie de son économie – en mettant à jour le fameux modèle média & services.

9 – Valorisation stratosphérique : Snapchat dans le trio de tête

Après le refus opposé à Facebook, Snapchat a enchainé les levées de fond. La société d’Evan Spiegel a levé 485,6 millions de dollars auprès de 23 investisseurs en 2014. Elle serait en train d’en conclure une nouvelle de 500 millions de dollars pour une valorisation qui se situerait entre 16 et 19 milliards de dollars.

Snapchat profite pleinement du climat financier très favorable aux startups de la Silicon Valley, notamment mobile only. Elle accède de fait à la troisième place en terme de valorisation des startups non côtées en bourse derrière Uber (40 milliards de dollars) et le fabriquant chinois de smartphones Xiaomi Corp (45 milliards de dollars) – et atteint le niveau de Whatsapp, cédée 19 milliards de dollars à Facebook début 2014 (et finalement payée 22 milliards de dollars en octobre suite à des fluctuations boursières).