Alors que la grève des taxis a bien eu lieu, nous avons voulu faire le point sur Uber, l’application qui effraie les chauffeurs en colère.
Il y a beaucoup de hype autour de Uber, consacré très récemment par sa colossale levée de fond, notamment auprès de Google. Uber, c’est l’exemple type d’une stratégie mobile first réussie, largement prise en exemple par les entrepreneurs nouvelle génération, et capable à elle seule (ou presque) de transformer une industrie.
1 – Création : La start-up fut créée en 2009 par Garrett Camp, aussi co-fondateur de StumbleUpon, service de recommandation web. Il injecta de sa poche 250 000 dollars au démarrage. Elle est aujourd’hui dirigée par Travis Kalanick, de l’équipe fondatrice, et lui aussi serial entrepreneur. Le but affiché d’Uber est de faire évoluer l’industrie du transport urbain en le rendant plus simple, fluide et agréable.
2 – Service de réservation : Uber propose un service de réservation de voiture avec chauffeur. Tout se fait sur l’application : la réservation proprement dite et le paiement. L’utilisateur peut voir en temps réel où se trouve le véhicule jusqu’à la prise en charge. Pas de surprise donc sur le coût du trajet. Les voitures sont haut de gamme, de type berline.
3 – Appli : esthétiquement impeccable, elle est en phase avec le positionnement haut de gamme. Les trajets sont le plus souvent un peu plus chers que le taxi. L’appli est en même temps très pratique et simple. Les utilisateurs peuvent même noter les chauffeurs. C’est un modèle du genre, qui a contribué au succès tant auprès des utilisateurs que des professionnels du digital.
4 – Les chauffeurs : certifiés par Uber, ils doivent êtes des professionnels et dûment assurés. La maraude (prises en charge de personnes à la sauvette) leur est interdite et ils sont notés pas les utilisateurs. Uber compterait aujourd’hui une centaine de chauffeurs à Paris et Lyon.
5 – Concurrence déloyale ? Différentes polémiques ont vu le jour. En France, la polémique porte sur la concurrence faite aux taxis. Un décret entré en vigueur ce début d’année a contraint les VTC (Véhicules de Tourisme avec Chauffeurs, dont Uber) à respecter un étonnant délai de 15 minutes entre la commande et la prise en charge du client. Le motif : « concurrence déloyale »… En effet, Uber et consorts (Snapcar, Taxiloc…) agiraient sans contrainte alors que les professionnels du taxi sont très strictement encadrés. Une décision contestée par l’Autorité de la concurrence.
La grève lancée aujourd’hui par 5 syndicats dénonce elle la destruction d’emploi et la précarité induite par les projets à la Uber. Les 15 minutes de délai n’auront pas suffi (ils en réclament 30 !)…
6 – Polémique du “surge pricing”. Une autre polémique s’est faite jour et elle concerne les prix jugés parfois excessifs : le « surge pricing ». Les prix peuvent en effet connaître une montée subite. L’algorithme qui calcule en temps réel les tarifs met en balance demande et offre. Lorsqu’un déséquilibre apparaît, notamment comme lors de la période de grand froid que vient de connaître le Nord-Est des Etats-Unis, les prix peuvent être multipliés par 2 ou 3.
Les bad buzz sont assez fréquents. Récemment, même un Salman Rushdie outragé, jusque là connu pour des causes plus universalistes, s’est fendu d’un tweet définitif :
Dear @Uber_NYC, your cynical rip-off “surge pricing” (i.e. doubling the price because you feel like it) is making you… not worth using.
— Salman Rushdie (@SalmanRushdie) 13 Novembre 2013
Les dirigeants justifient la hausse de manière très simple : des prix élevés incitent plus de chauffeurs à se rendre disponibles…
surge pricing helps us keeps cars available when you most need them, but we just sent you an email with a bit more detail.
— Uber NYC (@Uber_NYC) 13 Novembre 2013
7 – Le transport, nouvelle frontière du digital. Les polémiques s’inscrivent dans les mutations que connaissent les transports urbains, voire les transports en général (songeons à Hyperloop, le projet très grande vitesse d’Elon Musk qui pourrait changer le transport entre villes…). Le marché des taxis est souvent considéré comme inefficient. C’est particulièrement criant à Paris où l’on compte 3 chauffeurs de taxi et de VTC pour 1000 habitants, contre 11 pour New York !
8 – Uber X, plus accessible. Une réponse à la polémique du “surge pricing” est le lancement récent de Uber X. La course sera plus abordable (8 euros minimum), mais le client devra accepter de sacrifier le standing des véhicules.
9 – Google a investi une somme colossale ! Uber a levé au début du mois d’août dernier 361 millions de dollars, principalement auprès de le firme de Mountain View (258 millions de dollars, son plus gros investissement à ce jour) mais aussi de TGP Capital – un montant qui valorise la start up à 2,5 milliards de dollars.
10 – Nouveau monopole ? La concurrence existe, avec des services comme Lyft ou Sidecar. D’aucuns craignent qu’elle ne soit étouffée par le succès et surtout la levée de fond d’Uber, créant à son tour un nouveau monopole, sur un marché du chauffeur privé tout juste naissant…
11 – Uber se développe partout dans le monde, et serait d’ores et déjà présent de source officielle sur 35 villes. Pour l’heure… Puisqu’aujourd’hui plus de 100 villes sont proposées à tout chauffeur désireux de travailler pour la société.