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Apps mobiles : Jean Baptiste Hironde (Edjing), décryptage d’un succès planétaire

Avec 11 millions de téléchargements, dont 92% à l’international, edjing première application sociale de mix au monde domine son marché sur les Appstores. Présente en versions Freemium (gratuite) et Premium (payante), edjing est la seule application multiplateforme de mix au monde disponible sur iOS, Android, Amazon et Windows 8.

La start up vient de lever 2,5 millions de dollars auprès de Bertrand Folliet, du fond français Entrepreneur Ventures. Elle a également accueilli le co-fondateur de Deezer, Daniel Marhely, en tant qu’actionnaire et membre de l’Advisory Board.

Décryptage d’un succès mondial «made in France» par Jean-Baptiste Hironde, son fondateur et CEO âgé de 27 ans et ingénieur aérospatial.

Viuz : Quels sont, à votre avis, les ingrédients du succès d’edjing ?

Jean-Baptiste Hironde : Rétrospectivement, on peut se dire qu’on a trouvé le bon produit, sur le bon support au bon moment auprès de la bonne cible, mais ce n’est pas venu aussi facilement que cela.

Edjing, c’est surtout le fruit d’un long processus de maturation et de réajustements. Initialement, je réfléchissais à une table de mixage tactile pour les bars en 2007. Plus tard, alors que j’étais encore étudiant ingénieur, je travaillais 8 heures par jour pour mon école et 8 heures comme entrepreneur. Avec mes associés, nous avons sorti un site web de tables de mixage en flash full web, mal référencé de surcroit qui présentait des problèmes de mémoire ingérable. Cela dit, ce premier lancement nous a permis d’acquérir des compétences et un savoir-faire unique en termes de maîtrise du système son et de gestion du temps de latence, une expérience très utile pour nos futurs développements mobiles.

Nous avions décidé de créer notre structure juridique beaucoup trop tôt, en juillet 2009, ce qui ne servait à rien car nous n’avions aucune activité commerciale. Après une petite levée de « love money » en 2010 pour payer les serveurs, on n’avait déjà plus d’argent en février 2011. Heureusement, nous avons obtenu un premier prêt d’honneur de Scientipôle initiative.

A cette époque, nous ne sommes plus que 3 (j’ai perdu deux partenaires en route) et en juillet 2011 nous réalisons notre premier tour de table auprès d’HDF. Nous embauchons alors 3 personnes et 2 stagiaires. Face aux difficultés rencontrées sur le web, nous décidons de lancer edjing sur mobile sous forme d’application pensée pour le « tactile ».

Ce revirement stratégique est motivé par la croissance exponentielle des Smartphones à cette période. Nous apprenons alors à coder sur le mobile tout d’abord en objective C et j’apprends de mon côté les techniques de dessins sur Illustrator et Photoshop.

En février 2012, nous sortons enfin edjing sur iPhone, qui réalise dans ces premiers jours 50 à 100 téléchargements par jour. Suite à ce lancement on obtient alors quelques articles, puis on est mis en avant par Apple dans la rubrique « New App ». C’est alors qu’on monte dans le classement de l’Appstore et que l’on connaît un premier pic de 400000 téléchargements en 15 jours. La croissance a été continue depuis.

Pour viraliser l’application à l’époque, on avait inventé le « Tweetmix » un moyen de publier ses mix sur Twitter ce qui nous donnera plus tard l’idée de développer une application plus sociale sur l’iPad en octobre 2012. C’est sur iPad que la table de mixage deviendra véritablement sociale : partagée sur le Cloud, Facebook et Twitter. L’histoire s’enchaine, on est mis en avant sur la page Facebook Developer Worldwide. Ces fonctionnalités de partage social nous permettent de basculer à 1,5 millions de téléchargements par mois.

Les Appstores fonctionnent par palier, si votre application est suffisamment virale elle ne redescend pas

En février 2013, nous publions enfin la version Android d’edjing qui atteint 600000 téléchargements par mois sans marketing, suivi de la version edjing sur Amazon et edjing sur Windows 8 en juin avec un gros appui RP et TV de la part de Microsoft.

En juin 2013, après avoir fait la preuve d’une monétisation accélérée en trois mois, edjing décide d’organiser un nouveau Round pour accélérer son développement et les LOI (Letters Of Intention) pleuvent, auprès de grands fonds français et anglo-saxons pour une levée de 2,5 millions de dollars qui sera dévoilée officiellement fin septembre.
Depuis septembre, de nombreux OEMs comme HP, Lenovo, Panasonic Intel ou même des marques de boissons ainsi que des fabricants de matériel audio nous ont contacté pour monter des partenariats.

Viuz: Pouvez vous détailler comment vous avez travaillé la monétisation de votre application mobile ?

Jean-Baptiste Hironde : Début 2012, nous avions un usage massif mais on ne gagnait rien. Début 2013, nous avons donc décidé de nous concentrer sur la monétisation pour rentabiliser notre application et faciliter la levée de fond. Nous avons alors travaillé avec Mobinlife, spécialiste du Freemium pour bâtir la première stratégie de monétisation de notre application.

Nous avons alors développé des Effets, des Bundle, des Skins et analysé nos Cohortes d’utilisateurs. Nous avons, en parallèle, codé la mécanique de notre store en ligne et introduit une monnaie virtuelle.

Puis, nous avons lancé d’un coup 15 options achetables à l’unité et différents niveaux de Packs dont un Pack Gold à 10 Euros. Pendant 6 semaines nous avons connu une croissance des ventes à deux chiffres. A l’issue de cette période, edjing était devenue rentable. Nous avons alors décidé de sortir le pack Platinium à 40 euros et le Pack Diamond à 100 Euros. Entre 1 et 2% de nos utilisateurs achètent des packs ou des options supplémentaires.

Enfin, nous avons lancé une application Premium Edition, offrant des réductions sur le premier pack ce qui nous a permis de doubler le chiffre d’affaire en juin 2013.

Outre le fait que le mix est une activité constamment renouvelée, la valeur perçue sur le service est énorme.
edjing est ainsi de plus en plus souvent utilisée en soirée. Lorsque vous dépensez 1000 euros pour organiser une soirée, 20 à 50 euros supplémentaires ne représentent pas un coût exorbitant.

Le mix est le symbole d’une génération et nous sommes donc dans un business générationnel.

Viuz : Quels sont vos futurs projets ?

Jean-Baptiste Hironde : Nous voulons devenir le leader des applications musicales mobiles. Nous travaillons actuellement sur une version Pro avec des fonctionnalités et des effets exclusifs.

Nous allons également développer la vente d’accessoires physiques liés à l’univers du mix. Il faut savoir que dans cette industrie, certains accessoires se vendent jusqu’à 15000 euros et nous avons une des plus grosses bases de donnée du monde d’apprentis DJ (6 millions d’abonnés à la Newsletter).

Nous travaillons également avec plusieurs industriels dont Google, Apple, Intel et Microsoft sur de nouveaux projets qui devraient voir le jour dans quelques mois.

Viuz : Quels sont vos conseils d’entrepreneur, spécialement en termes de levée de fonds ?

Jean-Baptiste Hironde : La qualité de l’équipe est essentielle, et j’en parle en connaissance de cause car j’ai perdu deux partenaires en cours de route. L’équipe fait vraiment le succès de la boite et l’idée de départ ne vaut rien si les fondements sont manquants.

Je conseille également aux créateurs de sous traiter la partie administrative qui est éminemment chronophage et n’apporte aucune valeur.

Enfin, il faut penser produit avant tout. Chez edjing, notre stratégie produit est régie par les utilisateurs. Notre produit évolue en fonction des demandes de la communauté. Nous avons également des platines dans nos bureaux et des DJ Pro donnent des cours d’initiation au mix à tout nouveau salarié.

En ce qui concerne la levée de fonds, ce que vous devez impérativement montrer aux investisseurs c’est le potentiel de votre équipe, votre vision, et enfin votre connaissance du marché, là sont les clefs de la réussite de votre entreprise. Agrémentez tout cela d’un business plan ambitieux et essayez de voir le maximum d’investisseurs. Enfin, ne vous bradez surtout pas, vous êtes peut-être le futur Google ou Facebook français !

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