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De la reconnaissance musicale au second écran. Shazam en 7 questions

Dès les débuts de l'iPhone, Shazam s’est imposé comme l’application emblématique de la nouvelle ère mobile. Aujourd’hui disponible sur tous les terminaux, massivement adoptée, Shazam continue de fasciner par sa capacité à reconnaître un morceau de musique en quelques secondes.

Créée et basée à Londres, l'application vient d'enregistrer son 10 milliardième tag, après voir levé cet été 40 millions de dollars auprès de Carlos Slim, l’un des hommes les plus riches de la planète.

Pour en arriver là, la société à su se transformer et se réinventer au gré des usages. En fait créée bien avant l'arrivée des smartphones, devenue l'étoile de la reconnaissance musicale, la société est en train de bouleverser la pub télé.

Qui a dit que les entreprises techno européennes étaient finies ?

1. Comment ça marche ?

Avec Shazam, vous pouvez reconnaître le titre d’une chanson, le tout en tendant votre smarphone vers la source sonore une fois l’application lancée, et ce en quelques secondes !  L’application, gratuite, est désormais disponible sur tous les terminaux mobiles.

Pour l’utilisateur,  l’effet Shazam tient de la magie. Alors, comment ça marche ? Le fonctionnement repose sur le principe de l’empreinte acoustique que laisse tout morceau de musique. Le Smartphone transmet une empreinte, qu’elle compare à celles disponibles sur la base de donnée. Et obtient via une méthode probabiliste le résultat désiré.

2. D’où vient Shazam ?

Shazam fut créé quelques années avant l’iPhone, très exactement en 2000 au Royaume-Uni par 5 entrepreneurs afin, à l’origine, de mettre en relation des individus qui écoutaient la même musique, le tout au format SMS !

Shazam est donc l’exemple plutôt rare du concept lancé avant l’arrivée des usages et qui réussit néanmoins à s’installer dans les mœurs digitales. L’entreprise resta une petite start-up ses premières années, et ne prit son envol qu’à l’apparition du l’iPhone.

Désormais Shazam s’attaque à la télévision et à la publicité.

L’entreprise a donc su se réinventer au cours de son existence et n’a pas fini de le faire. Elle est aujourd’hui dirigée par des pointures du web, des entrepreneurs passées par la direction de sociétés technos leaders. Andrew Fisher, ancien dirigeant d’infospace est executive Chairman. Récemment il a été rejoint par Rich Riley, comme CEO, quant à lui auparavant Exexcutive VP chez Yahoo.

Est-ce un hasard si parmi les fondateurs seul Avery Wang, chief scientist,  figure dans l’équipe dirigeante ?

3. Shazam continue-t-il de progresser en utilisateurs ?

Shazam compte 350 millions d’utilisateurs (Pour comparaison, Instagram en compte 150 millions), dans 200 pays. Aux Etats-Unis, 20% des utilisateurs d’iPhone ont téléchargé Shazam, et, dans certains pays européens, comme la France, c’est plus de 40 % !

L’application vient d’enregistrer son 10 milliardième tag pour le morceau de Lady Gaga « Applause » - le hasard fait bien les choses ! En ce moment, c’est plus de 100 millions de tags par semaine qui sont servis, soit 150% fois de plus qu’il y a un an. Et de fait, il ya 10 millions de nouveaux utilisateurs par mois.

La magie continue d’opérer.

4. Shazam innove-t-il encore ?

L’équipe continue sans relâche à améliorer l’appli, pour en faire un outil toujours plus complet et indispensable, voire qui anticipe les usages.
http://youtu.be/zKOowwejuAQ

Quelques axes ressortent :

-       la simplicité d’utilisation : Sur iPad l’application auto-tague désormais les morceaux afin que l’utilisateur puisse en permanence reconnaître toute musique qui se joue autour de lui.

-       la fiabilité : les mises à jour récentes permettent une accélération de la reconnaissance des morceaux, y compris dans des environnements sonores encombrés

-       la facilité d’achat : Le bouton « clic & buy » pour les devices iOS permet d’acheter très simplement en un clic sur iTunes.  Depuis début septembre, il est même possible de publier sur Twitter non seulement le tag de la musique que vous écoutez mais aussi la carte qui facilite le téléchargement sur iTunes.

5. Quelle part dans la musique en ligne ?

Shazam gratuit, quel peut être son modèle économique ?

Dans un premier temps Shazam a misé sur la vente de musique. En effet, les utilisateurs qui reconnaissent un morceau ont la possibilité de l’acheter en un clic sur le mobile. Un comportement qui s’inscrit dans une tendance de fond : la part croissante des achats de contenu via le m-commerce.

La société annonce générer 300 millions de dollars de ventes de musiques par an.

Selon GigaOm, cela représente 10% des revenus de la musique en ligne.

Cela dit, le commissionnement iTunes étant plutôt limité, cela  ne faisait au final que 25 millions de livres de revenus pour Shazam en 2012, d’après l’équivalent des greffes britanniques.

6. Shazamez-vous ? Face à Twitter, un modèle est-t-il possible dans le second écran ?

La vente de musique, pour massive qu’elle soit, n’est donc pas très rémunératrice.

Shazam croit davantage à la publicité. La mission que se donne  Shazam n'est plus seulement de connecter  ses utilisateurs à la musique, mais désormais aussi à la télévision et aux marques.

Lancée début 2012, Shazam for TV permet aux téléspectateurs d’obtenir des informations relatives aux programmes qu’ils sont en train de regarder. Ils peuvent accéder à des bonus vidéo et des infos complémentaires.

Cette fonctionnalité est évidemment exploitable pour les pubs TV.En les shazamant, les utilisateurs peuvent "s'engager" avec les marques.  En juin dernier, Shazam déclarait  compter dans ses bases 250 campagnes publicitaires taguables. En France, le dispositif fut inauguré par une pub SFR en novembre 2012. Selon le Figaro, Shazam demande aux annonceurs entre 50 000 et 150 000 euros par campagne.

Pourra-t-on bientôt parler de révolution Shazam dans le monde de la publicité ?  A en croire ses dirigeants, la société crée deux ruptures :

- elle permet de mesurer comme jamais avant l’impact des campagnes télé, au-delà même de Shazam. Shazam a même lancé un indicateur le « Shazam Engagement Rate », qui correspond au nombre de tags générés divisés par le GRP de chaque campagne. L’indicateur inventé par Shazam  permet aux annonceurs de savoir si leu campagne résonne avec leur audience cible.

- elle enrichit et rend plus pertinente l’expérience de la pub télé, du point de vue du consommateur,  en tout cas plus engageante.

Il faut dire que Shazam s’inscrit dans un contexte très favorable.  David Jones, le Directeur du Marketing Entertainement, rappelait dans une interview accordée secondscreeninsider.com  que

- 88% des utilisateurs de téléphone utilisent leur appareil quand ils regardent la télé.

- parmi eux, 30 à 40 % utilisent leur téléphone pour trouver plus d’infos

- 19% veulent acheter un produit qu’ils voient à la télé à ce moment-là

La question en définitive est toute simple : quelle place face Twitter ? Ce dernier occupe un position chaque jour plus hégémonique dans le second écran. Son entrée en bourse devrait décupler ses moyens, notamment dans la publicité, comme le suggère la récente acquisition de MoPub.

Certes Shazam, une fois de plus très agile, a récemment permis à ses utilisateur de partager  leurs tags sur le site aux gazouillis. De quoi surfer sur la déferlante Twitter, tout en enrichissant l'expérience utilisateur du réseau.

Cela suffira-t-il ? Alors que Twitter jouit d'une belle présence à l'esprit, tant auprès des utilisateurs que du marché, peut-on vraiment parler d'un réflexe Shazam massivement installé ?

7. Une levée de 40 millions de dollars. Pourquoi Carlos Slim ?

L’entreprise était déjà très bien financée, puisqu’elle avait déjà levé 37 millions de dollars notamment auprès de Kleiner Perkins Caufield & Byers, le fonds de capital-risque qui a investi dans le passé entre autres dans Google, Facebook ou Amazon…

En juillet dernier on apprenait que Carlos avait investi 40 millions de dollars dans Shazam. Selon The Telegraph, tout a commencé quand Andrew Fisher, le Président de Shazam a rencontré Carlos Slim afin de proposer l’appli dans les smartphones de ce dernier. Rapidement le projet de partenariat s’est transformé en investissement sonnant et trébuchant. L’objectif : prolonger la croissance sur la musique et poursuivre l’expansion dans la télévision, développer des forces commerciales en Europe et s’attaquer au marché latino-américain.

Carlos Slim possède en effet America Movil, opérateur qui compte pas moins de 260 millions d’abonnés latino-américains, lesquels se verront naturellement distribuer l’appli.

Et le second écran n’est qu’à un pas. Le magnat mexicain va pouvoir aussi exploiter ses millions d’abonnés télé et possède les droits sur les deux prochaines éditions des Jeux Olympiques pour l’Amérique latine.

Une entrée en bourse est prévue, pas avant fin 2014 selon son Président, le temps de valider le potentiel business du nouveau modèle.

Objectif : une levée de 1 milliards de dollars. De quoi alimenter les grandes ambitions de la petite, patiente et agile start-up londonienne qui pourrait bien arriver à se faire une place parmi les grands acteurs digitaux de la publicité.

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