Connaissez vous le "Slow Media" ?
A une époque où multitâche et temps réel sont devenus la norme et où notre capacité à se concentrer s'est réduite comme peau de chagrin, un mouvement citoyen a émergé et revendique la lenteur pour une consommation plus modérée et équilibrée des médias. Ce mouvement s'appelle le "Slow Media". Il allie l'idée de « refus de l'urgence » à celle de « circuit court », et consiste à retisser le lien entre les journalistes et leurs publics, qu'il s'agisse d'une « relocalisation de la production » ou même d'une tendance au « localisme ».
Les principes fondateurs des Slow Médias ont été publiés dans un manifeste, Viuz vous en présente les différents points :
1. Les Slow Médias s'inscrivent dans une certaine pérennité.
La notion de durabilité est intrinsèque aux Slow Médias et s'exprime par leurs process, leurs politiques d'achat, leurs conditions de travail etc... Dumping salarial, exploitation et commercialisation non régulée des données privées n'apporteront pas le cadre nécessaire au développement de médias pérènnes.
Le terme renvoie en même temps au caractère intemporel des contenus créés par les Slow Médias.
Les revues Feuilleton et XXI par exemple ne proposent aucune publicité, elles ne sont financées que par la vente au numéro.
2. Les Slow Médias promeuvent le mono-tâche
La consommation d'un Slow Média mobilise la pleine attention de son consommateur, les Slow Médias ne peuvent s'apprécier pleinement que dans une concentration active.
Les revues se revendiquant du slow media se composent ainsi de quelques articles fouillés en format « long » (quinze à quarante pages de contenus) et sont publiées à un rythme au minimum mensuel et plus souvent trimestriel. La revue Long cours a par exemple choisi de miser sur des formats tels que des enquêtes, des reportages, analyses.
3. Les Slow Médias s'engagent dans une démarche d'amélioration continue
Le Slow Média ne se traduit pas forcément par des nouveautés produits/titres/formules. Il est avant tout l'amélioration en permanence (optimisation) d'interfaces utilisateurs qui doivent être consistantes, accessibles et parfaitement adaptées aux usages médias des consommateurs.
"Au fait", Le magazine qui ralentit l'actualité et dernier né des Slow Médias a par exemple lancé une version pour iPad du magazine enrichie et animée accompagnant la version papier.
4. Les Slow Médias rendent la qualité palpable
Les Slow Médias réalisent production, contenus et design en fonction de standard de qualité élevés et se distinguent par l'ergonomie de leurs interfaces utilisateur et le caractère inspirant de leur design.
Un choix récurrent parmi les revues "slow média" est de privilégier des illustrations plutôt que des photos par exemple.
5. Les Slow Médias alimentent les consomm'acteurs
Le consommateur d'un Slow Média, inspiré par ce dernier va développer de nouvelles idées et agir en conséquence, il s'oppose au consommateur passif. Un Slow Média inspire et affecte durablement les pensées et actions de son utilisateur.
6. Les Slow Médias sont discursifs et engagent à des conversations
Le choix de la cible média est secondaire, la capacité à entrer en conversation reste prioritaire. Lent signifie aussi être attentif et abordable afin d'être capable d’observer et de questionner sa propre position sous un angle différent.
Ainsi les formats des contenus choisis sont de nature à privilégier la réflexion sur l'information qui est plus le terrain des quotidiens.
Souvent des "invités" publient ou donne leur point de vue de manière approfondie.
7. Les Slow Médias sont sociaux
Des communautés vibrionnantes ou des tribus se constituent autour des Slow Médias. Les Slow Médias contribuent à la diffusion de la diversité et respectent les particularismes culturels et locaux.
La revue Le Ravi basée en région PACA traite en bonne partie de sujets locaux prenant racines dans sa région.
8. Les Slow Médias respectent leurs utilisateurs
Les Slow Médias communiquent avec leur utilisateurs d'une façon amicale et humble.
Ils connaissent et acceptent que leurs utilisateurs emploient de l'ironie ou usent d'une certaine complexité dans leurs messages. Les Slow Médias ne prennent pas de haut leurs utilisateurs et ne sont pas non plus autoritaires avec eux.
9. Les Slow Médias se développent grâce au bouche à oreille et à la recommandation
Le succès des Slow Médias n’est pas fondé sur une forte pression publicitaire qui sera perçue comme intrusive mais sur la recommandation entre pairs (amis, des collègues, membres de la famille,...).
10. Les Slows Médias sont intemporels
Ils s'inscrivent dans la durée et restent pertinents même après plusieurs années ou décades. Leur qualité est conservée d'année en année.
11. Les Slows Médias rayonnent
Ils dégagent une aura. Bien qu’ils soient partiellement produits avec des procédés de fabrication industriels, ils sont riches d'évocations et d'associations.
12. Les Slows Médias sont progressifs (et non réactionnaires)
Les Slow Médias trouvent des raisons d'exister dans le progrès technologique et notre mode de vie connecté. C'est grâce à l'accélération de la société que des îlots de lenteur peuvent émerger, elle légitime l'existence des Slows Médias. Les Slow Médias ne sont pas en contradiction avec les notions de temps réel et simultanéité qui caractérisent Twitter, les blogs ou les réseaux sociaux mais incarnent une façon différente d'en faire usage.
13. Les Slows Médias se concentrent prioritairement sur la qualité
Et cela aussi bien dans la production de leurs contenus médias que dans les contenus qu'on leur fournit.
Ils doivent posséder des compétences internes pour la critique des sources, le classement et l’évaluation des sources d’information et cela d'autant plus que l’accès croissant à une information disponible en grande quantité se fait facilement.
14. Les Slows Médias demandent votre confiance et construisent leur crédibilité dans le temps
Derrière les Slows Médias, des hommes sont à l'oeuvre et cela se ressent.