Ex-Ceo de Pulpmedia et Keyline, agences de search, Yohann Dupasquier a fondé avec Charles Gros (ex Zanox et Advertising.com) Tradelab, trading desk pionnier des campagnes display en temps réel (Real-Time Bidding) depuis 2010.
Pour Viuz, il détaille les caractéristiques de son service.
Viuz : Quelle est la spécificité de votre offre ?
Yohann Dupasquier : Partant du principe que les annonceurs souhaitent aller vers un marketing plus individualisé, nous avons d’abord opté pour le développement de notre propre base de données (le Tradelab Data Center) entre 2010 et 2011. Elle qualifie aujourd’hui plus de 10 millions de profils exclusifs regroupés dans des segments verticalisés et nous permet de cibler les internautes en fonction de leurs intérêts, leurs profils socio-démographiques ou encore leurs intentions d’achat. Sans surcout pour l’annonceur.
Et pour être sûrs de cibler les bonnes personnes, nous avons développé un système d’Analytics intelligent qui analyse les internautes visitant le site de nos annonceurs. Il étudie leurs historiques, leurs profils, leurs fréquences de visite, leurs intérêts, etc… puis identifie, via une méthode de clônage, les internautes qui leur ressemblent et qui sont donc a priori plus disposés à s’intéresser aux produits et services de l’annonceur en question.
Je vais prendre un exemple plus parlant : en utilisant ce système pour un de nos annonceurs du secteur de la rencontre, nous avons pu savoir que les femmes consultant des contenus liés à la forme, le fitness, et la mode étaient plus à même de s’inscrire sur ce site. Nous avons ainsi pu adopter une stratégie d’achat plus agressive sur cette population. Et grâce à notre outil de DCO propriétaire (bannières dynamique en flash et HTML 5) nous avons aussi pu leur adresser un message spécifique en acquisition quand les autres acteurs ne personnalisent que les bannières en retargeting.
Notre deuxième spécificité ce sont nos technologies propriétaires qui permettent de mesurer la visibilité de chaque emplacement publicitaire pour isoler les plus visibles et prioriser l’achat sur ces derniers. De fait, l’annonceur sait que ses publicités sont bien vues, en tout cas plus que lors de campagnes display classiques.
Viuz : Quelle est la part de l’humain dans ce métier ?
Yohann Dupasquier : En fait les hommes et les technologies sont complémentaires.
Les technologies propriétaires d’un trading desk sont primordiales pour ses performances. Nous faisons partie des rares Trading desks à travailler avec nos propres modèles d’achats et non les technologies américaines que tout le monde utilise et qui sont dotées d’algorithmes similaires.
Mais les hommes sont aussi essentiels dans ce marché. Leur connaissance locale des sites internet du territoire et des consommateurs est primordiale pour orienter correctement les machines. Comment un homme pourrait-il aider un outil à privilégier un ciblage ou un domaine si il ne connait rien des éditeurs locaux ou des habitudes des consommateurs ?
VIUZ : Qui sont vos clients en France ?
Yohann Dupasquier : Nos clients proviennent de différents secteurs d’activités, banque-assurance, tourisme, rencontre, téléphonie mobile, immobilier, e-commerce, automobile, éducation, divertissement etc.. Principalement des sociétés du CAC 40, ainsi que des pures players.
Quel que soit leur spécialité ils ont besoin d’un display qui soit plus efficace, plus transparent et plus intelligent. Ils sont aussi souvent à la recherche d’un partenaire qui les accompagne dans leur display au quotidien, de l’identification des cibles aux différentes manières de les toucher.
VIUZ : Quels sont vos futurs projets ?
Yohann Dupasquier : D’un point de vue business, l’objectif principal est d’accélérer le développement de notre activité. Nous avons connu 300% de croissance en 2012 et nous ambitionnons au minimum de doubler cette année notre Chiffre d’Affaires 2012. Par ailleurs, nous allons explorer de nouveaux marchés en Asie du Sud Est, à partir de nos bureaux de Singapour.
Pour ce qui est de notre métier, nous continuons de développer nos propres technologies pour tenter de rendre l’achat display plus efficace.
VIUZ : Comment voyez-vous l’avenir de la publicité digitale ?
Yohann Dupasquier : Vaste question, et je ne parlerai que du RTB. La plupart des annonceurs matures envisagent désormais le RTB comme un canal à part entière. Ils ont besoin d’un niveau de prestation au plus haut niveau. Ce qui va éliminer progressivement les acteurs sans réelle proposition de valeur forte. Et cela même si le marché RTB grandit (il devrait être multiplié par trois d’ici 2015 selon IDC Research).
