Les Luddites vont-ils avoir raison 200 ans après ?
L’avènement des machines et des robots supprimerait plus d’emploi qu’il n’en créerait et ce à un rythme accéléré, telle est la conclusion d’économistes qui décrivent ce phénomène sous le nom de «Chomâge technologique».
De la même façon que les progrès en termes de mécanisation de l’agriculture au début du siècle ont fait émigrer des millions et des millions de travailleurs vers la ville, sommes nous au bord d’une révolution similaire dans les services ? C’est la démonstration et l’avertissement que lançait l’économiste Paul Krugman en 2011 dans le New York Times faisant écho à l’un de ses célèbres articles rédigé en 1996 :les cols blancs deviennent bleus.
General Motors employait 850.000 personnes dans le monde à l’aube des années 80 aujourd’hui les trois leaders de la technologie Google, Apple et Facebook emploient à eux trois moins de 150.000 personnes.
Une situation que décrit Martin Ford , un entrepreneur et célèbre Ingénieur de la Silicon Vallez dans son essai The lights in the Tunnel et qui invite les sociétés contemporaines à réfléchir d’urgence aux moyens de contrecarrer l’accélération inéluctable de l’innovation technologique et son impact sur l’emploi .
Le changement radical induit par cette nouvelle automatisation accélérée: la technologie a permis de dépasser le simple stade d’outils mis à disposition des travailleurs pour mieux exécuter leurs tâches pour remplacer littéralement le travailleur lui-même, comme le montrent les robots de Kiva Systems. (NDLR Kiva Systems a été rachété en Mars 2012 par Amazon pour 775 millions de dollars).
Cols bleus et Cols blanc nul ne sera épargné. Certaines tâches confiées à des avocats ou à des radiologues sont sur le point d’être entièrement automatisées.
Depuis un moment, Alan Blinder, économiste à Princeton tire la sonnette d’alarme sur ce phénomène et démontre que les gains de productivité réalisés grâce à l’accélération de l’innovation technologique ne sont plus redistribués sous formes de salaires dans l’économie réelle.
La fin de la prosperité ?
Cela fait de nombreuses années que certains spécialistes préviennent les gouvernement « Les emplois ne reviendront plus ». Dès lors, si même l’éducation ne nourrit plus la perspective d’un emploi meilleur -l’écart de salaire entre emploi qualifié et peu qualifié stagnerait depuis 1997 après des décennies de hausse- le contrat social risque d’être brisé .
A un niveau plus global, l’assèchement brutal de la création d’emplois signifie moins de salaires et une baisse de la consommation, strictement réduite aux biens essentiels pour une majorité de gens.
Le scénario catastrophe que certains n’hésitent plus à envisager: la réduction des emplois entraîne une réduction de la consommation et de la demande et au final plus personne ne consomme les biens et services produits par les machines et l’économie automatisée. La boucle est bouclée, l’avancée technologique a créé sa propre perte.
Alors Comment atténuer cette tendance irréversible. Martin Ford parle de taxation et de redistribution, d’autres évoquent la nécessité d’un revenu de Base.
Federico Pistono, un scientifique de 26 ans rattaché au programme Singularity affirme dans son ouvrage « Les Robots tueront nos jobs mais c’est ok» que la croissance infinie n’est plus mathématiquement possible. Les emplois détruits ne reviendront pas et selon ses estimations le chiffre de 30% de chomâge n’est pas irréaliste. A 30% de chomâge les structures socio-économiques actuelles des grandes économies occidentales ne pourront pas survivre et s’écrouleront.
S’il y a urgence, il n’y a pourtant pas de solutions miracles. Selon Federico Postino, inspiré par Herman Daly le père de l’économie écologique : il est temps de revoir, intégralement, les fondements de notre consommation et de notre économie.