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Barre de partage social : pourquoi nous avions tout faux

Tous les producteurs de contenus le savent : si créer de la qualité est un prérequis indispensable, cela ne suffit plus à garantir la viralité en ligne. La forme s’avère désormais tout aussi importante que le fond. Il est donc crucial d’avoir un bon web design, notamment en facilitant le partage de ces contenus à travers la fameuse « barre » de partage. Après moult années de tergiversations sur la meilleure façon de procéder, le game changer est arrivé. Décryptage.

Barre de partage : qui ? quoi ? comment ? 

Les barres de partage sur le web m’ont toujours fascinée. Allez comprendre pourquoi. Voilà donc à peu près 5 ans que je collecte dans un zip les meilleures initiatives de médias et blogs sur le sujet. Et tout le monde y va de sa sauce.

Moi, j’observe. À gauche, à droite, en haut de l’article, en bas, qui défile avec le scroll ou pas … Je remarque d’autres subtilités : faut-il placer en début de lecture ou à la fin ? combien de réseaux faut-il mettre en avant ? Quels réseaux valoriser? Ma recommandation est souvent analytique : regardez sur Google  vos audiences, voyez d’où vient votre trafic, mettez en relief ces réseaux en premiers. Car c’est bien connu, less is more. Proposer la panoplie complète ne peut que desservir un internaute alors submergé par le choix. Or le trop plein entraîne souvent l’inaction. Surtout chez des usagers déjà épuisés par les incitations aux clics et scroll-infinis des Facebook & consort.

Le problème avec cette approche analytique, c’est qu’elle ne permet pas d’anticiper les nouveaux usages, comme l'utilisation croissante du mobile, la mutation vers le dark social, les messageries, le revival des sms / portables, les métaverses  si l’on en croit les fascinants modèles qui voient le jour sur Fortnite, ou via l’IoT, une smartwatch, un frigo etc. C’est l’atomisation des plateformes et des usages. Bref, vous me voyez venir : la barre de partage telle que nous la connaissons n’est pas « prospective adaptable », ou « prospective by design », selon la formulation qui vous plaira le plus. Et la mettre à jour tous les 4 matins n’est pas une option, on est bien d’accord.

Avec Bloomberg, la lumière fut !

Dans cette quête insatiable nourrie de frustrations, un jour enfin, ce moment de grâce est arrivé. En naviguant depuis mon mobile sur le site de Bloomberg, je découvre un sujet, passionnant d’ailleurs : la montée en flèche des divorces en Chine suite au confinement. Et soudain, sous mes yeux, ce bouton « copy link » comme une évidence. Sérendipité absolue, ça n’en est que meilleur !

Bloomberg site mobile

Ni en haut de l’article, ni centré sur le bas, pas de fioritures, pas de questionnements, juste en bas à droite, là où mon œil s’est porté immédiatement, toujours visible au fur et à mesure qu’on scrolle, guettant presque le moment parfait de la lecture où nous déciderons que cet article mérite d’être partagé. Plutôt Whatsapp ? plutôt Linkedin ? Peu importe, dans tous les cas, ça reste un lien, et c’est là le véritable insight, la solution. Il faut partir du lien, et pas du plugin. Parce qu’un lien, Je peux le partager sur n’importe quelle plateforme. Maintenant il ne reste plus qu'a le developper AUSSI sur dekstop. L’universalité de la solution. Bingo.

Certains rétorqueront que l’on va perdre en granularité, qu’on ne pourra pas nécessairement comptabiliser les clics par réseau. Le faisions-nous réellement ? Et puis quand bien même, à mon avis, le prix n’est pas cher payé pour le bénéfice côté utilisateur.

Cet exemple c’est aussi l’occasion de retenir quelques leçons de vie : synthèse plutôt qu’exhaustivité, simplicité plutôt que complexité, distanciation par rapport à ses sujets, stimulation de l’esprit, ouverture vers d’autres horizons, vagabondage de la pensée … bref  la sérendipité - car c’est souvent là que la magie opère. 

Marie Dollé