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Covid-19 : du social media au « metasocial », l’irréversible mutation

Photo by Hal Gatwood on Unsplash
Photo by Hal Gatwood on Unsplash

Entre le défi du huis-clos quotidien et l’échappatoire digitale, « mon cœur balance »... Pur cynisme ? Si la crise actuelle rend nos vies terriblement binaires, les marques, elles, tâtonnent, peinant à (re)positionner leur marketing et leur comm : should I stay or should i go ? Le refrain de la célèbre chanson du groupe Clash est de circonstance. Une crise engendre toujours des bouleversements structurels. Observer, réfléchir avant d’agir ... Certaines mutations se dessinent déjà. On vous explique tout.

Messageries privées, eldorado des marques ... vraiment ? 

Voici plusieurs années que l’on observe, avec admiration ou terreur suivant les cas, l’application chinoise WeChat : un véritable couteau suisse que les mastodontes occidentaux du social media rêveraient de retranscrire dans leurs écosystèmes. À tort ? Peut-être. On nous avait promis l’eldorado pour les marques astucieuses. Et si on s’était fourvoyé ?

Il y a d’abord eu le succès mitigé des chatbots, de l’intelligence artificielle à « l’artifice » d’intelligence comme le souligne Thomas Gouritin dans une tribune datée de 2018. Mais les incursions des marques dans ces sphères se sont aussi manifestées sous d’autres formes. Concrètement ? Des stickers de marque mis à disposition dans les messageries privées ou un billet d’avion ou de train réceptionné par ce canal.

Avec du recul, il faut reconnaître qu’on a connu mieux. D’autres exemples ? J’ai cherché, vraiment. Je me suis perdue dans les profondeurs de Google, sans grand succès. Le néant ? Pas tout à fait mais presque. On en revient toujours au même cas d’école  : Adidas et ses Tango Squads. Les enseignements ? Premièrement n’est pas « Adidas » qui le veut car il n’est guère évident de retranscrire cela avec autant de succès.  Secundo, si on analyse les ingrédients de l’équation, il n’y a rien de sorcier : une approche servicielle, de la micro-influence et du bon sens. A reproduire donc si vous voulez infiltrer ces sphères prisées. Mais faire simple n’est pas toujours si simple et il faut reconnaître que le digital et ses innombrables innovations brillent et provoquent souvent une cécité prématurée.

Multiplication des « feux de camps » numériques ?

Aveuglement donc. Vous trouvez le terme un peu fort ? Parlons alors de rétrécissement du champ de vision ... et l’angle mort se situe ailleurs que dans les messageries privées. L’occasion aussi de repréciser la notion de « dark social » : le partage social de contenus opéré en dehors de ce qui peut être mesuré par des outils d’analyse web. Or ce « dark social » ne concerne pas uniquement les messageries privées, il se densifie sous l’effet de la crise sanitaire. J’avance volontiers deux explications :

Un aperçu de ce panorama titanesque ?  Voici un florilège non exhaustif :

Résumons en trois mots : « Social by design » ou comment tout devient social dès la conception. Cela fait des années qu’on se questionne pour savoir qui  pourrait détrôner Facebook. Vous avez la réponse : ce n’est pas un nouvel acteur mais une véritable intégration de la brique « sociale » à tous les niveaux. D’ailleurs, Facebook n’est plus seulement « social » c’est un conglomérat tech. Bref, le terme « social media » est dépassé, désuet. Dans une tribune intitulée « L’ère des médias sociaux antisociaux » parue sur Harvard Business Review, Sara Wilson, digital strategist, avance l’idée de « Feux de camps numériques », qu’elle décline en trois grandes catégories : les messageries privées, les micro-communautés ; des genres de forums, de groupes où les utilisateurs se réunissent autour d’intérêts ou de passions et enfin les expériences partagées. Si la réflexion et l’approche sont intéressantes, ce concept ne retranscrit pas à sa juste mesure l’ampleur de cette mutation.

Metasocial : des micro-mondes sociaux greffés partout

J’ai d’abord pensé aux métaverses telles que décrites dans le roman Snow Crash de Neal Stephenson (Le Samouraï virtuel), paru en 1992 (eh oui, certains sont plus visionnaires que d’autres !). Sauf que deux points me chiffonnent : 1. ce concept ne traduit pas l’élément essentiel, à savoir le lien social qui demeure le fondement. 2. Le terme « métaverse » représente UN monde, qui plus est virtuel. Ici on assiste à une atomisation et si pour l’heure ces communautés, ces micro-mondes sont confinés en ligne, ils vont se phygitaliser. Des technologies comme la réalité augmentée vont passer un nouveau cap grâce à la 5G et aux solutions de réalité augmentée « persistantes » dans le Cloud ; cela va encourager la création l’accès et surtout le partage d’expériences en RA entre de multiples utilisateurs.

Comme l’explique le consultant américain en RA / RV, Charlie Fink, auteur de deux livres sur le sujet, le monde est sur le point d’être peint de données. Dans tous les endroits. Partout. Des micro-mondes sociaux greffés absolument partout et qui vont se phygitaliser encore, toujours plus. Chaque personne. Retenez donc ce terme « métasocial », il va devenir incontournable, fondateur même.  Mais pour l'heure, que faut-il retenir pour s’adapter à cette nouvelle atomisation du social ? De manière très pragmatique,  voici une liste non-exhaustive :

MD