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BCG : Le BlockChain expliqué à mon CEO…La grande désintermédiation ?

Credits Shutterstock wutzkohphoto

“De même que le Punk Rock a été repackagé dans la New Wave, le Bitcoin a été domestiqué par la Blockchain” . Dans un rapport rédigé par Philip Evans , le BCG s’intéresse au BlockChain et decrypte l’impact de la technologie sur la chaîne de valeur des biens et des services.

Synthése, insights et perspectives :

“ Prolonger la vie de la Data dans le monde réel”

Les dérivés du Bitcoin ou les jetons digitaux ainsi que la BlockChain, deux technologies complémentaires se servent du stockage digital à bas coûts pour “prolonger la vie de la data dans les assets du monde réel”

La technologie n’est pas encore mature. Mais si les problème de “scalabilité” sont résolus, ils bouleverseront radicalement les transactions complexes dans le commerce, l’industries de la santé, et l’Internet des objets (IOT).

“Il n’est pas évident que les intermédiaires traditionnels soient capables de la contrôler”.

L'Architecture de la confiance

Dans la nouvelle configuration distribuée induite par la Blockchain, quels sont les questions à se poser lorsqu’on est CEO ?

Aux sources de l’avantage stratégique de la Blockchain

Les dérivés du Bitcoin et les technologies apparentées au Blockchain sont complémentaires.

Les jetons digitaux déterminent à la fois la propriété et le contrôle d’assets digitaux ou physiques, la blockchain instaure ainsi une vaste registre de transactions de confiance. Ce registre est  irrévocable, partagé et sécurisé.

Ensemble les deux technologies sont des facilitateurs d’Identité, de propriété, de contrat et de confiance.

En ce sens, elles s’étendent bien au delà des services financiers et peuvent s’appliquer à la supply chain, aux propriétés immobilières et actes notariés, aux données de santé, aux micro-transactions et aux contrats intelligents entre des milliards de terminaux intelligents de par le monde.

Plus d’1 milliard de dollars ont été investis par les sociétés de capital risque pour disrupter ces industries via la Blockchain.

“Continuité Virtuelle” : La nouvelle chaîne de valeur

Ces dernières années les progrès exponentiels de l’informatique, de la bande passante et du stockage ont créé les conditions économiques d’un système distribué tel que la Blockchain.  

La continuité est une propriété essentielle du monde physique. La révolution de la Blockchain c’est la “Virtualité continue”. Cette possibilité de “Virtualité continue” garantit l’identité, les transactions, la confiance et la propriété. Elle révolutionne la micro-économie des contrats.

“L’ensemble du système capitaliste est basé sur la continuité”. Or dans le digital il n’y avait jusqu’à présent aucune manière d’établir l’authenticité et l’identité d’une suite de data ou de distinguer une copie de l’original.

Les technologies du Blockchain donnent de la continuité à la data. Le blockchain, le bitcoin et ses dérivés permettent d’encapsuler et de garantir l’historique des différents échanges sur plusieurs suites de transactions séquentielles. En ce sens elles inaugurent et préfigurent de nouvelles possibilités de transactions entre entités sans relation préalable...Et...Sans intermédiaires...

Quelles Killers Apps pour la Blockchain ?

Au delà de la sécurité et des paiements,  les futures killers Apps de la Blockchain sont attendues dans les domaines suivants :

1- Les transactions sur l’Internet Of Things (IOT)

2- L’économie des contenus digitaux

3- Des SupplyChain low cost et transparentes

4- Les propriétés foncières et actes notariés

5- La garantie des identités digitales

6- L’optimisation des chaînes de valeur dans l’industrie de la santé et la révolution de la recherche

7- La digitalisation des monnaies fiduciaires

Pour le BCG : “le potentiel de disruption du blockchain sur les intermédiaires est proportionnel au coût, à la complexité et au degré de duplication existant dans les systèmes actuel d’intermédiation.”

Les objets physiques deviennent digitaux

Du virtuel au réel et du réel au virtuel.

Grâce à l’IOT et à la réalité virtuelle (VR) la continuité se portera également des objets physiques vers le digital en les “virtualisant” et en leur associant une série de propriétés digitales leur donnant une seconde vie en mode “Continuité Virtuelle”

Comprendre le stack blockchain

La hiérarchie et l’interopérabilité des architectures technologiques classiques sont littéralement bouleversées par le BlockChain.

1- La base :  techniquement Le blockchain est constitué au départ d’une base de données de transactions regroupées en “blocs” eux mêmes répartis dans autant de noeuds (nodes). Le système devient plus robuste et fiable au fur et à mesure de la construction de ses blocs (430.000 actuellement) et de ses noeuds (5700 à date) qui sont répartis en autant d’ordinateurs dédiés (et par ailleurs, largements consacrés au mining du Bitcoin en chine).

2- Le protocole : vient ensuite le protocole, en quelque sorte le système d’exploitation du Bitcoin gratuit et open source.  Son avantage : un code robuste et des cycles de de développement ultra rapides, son inconvénient : la difficulté dans la communauté des développeurs source de Bitcoin d’exercer des choix stratégiques par consensus.

3- Les Bitcoins (ou leurs dérivés : colored coins, altcoin, ethereum) constituent la couche suivante du stack : ce sont des jetons digitaux ou tokens échangés dans le système et en validation des transactions. Comme dans tous marchés et échanges, leur prix est fonction de la valeur que les participants leur prêtent.  

4- Les Applications ou services sont la dernière couche du stack. Ce sont des “portefeuilles” logiciels qui convertissent les bitcoin en monnaie fiduciaire (FIAT currency). De nombreuses startups développent actuellement ce type de services spécialisés et verticaux.

Ethereum crée des “smart contracts” d’assurances agricoles basées sur la météo. La société Everledger inscrit 40 identifiants uniques lisibles au laser et certifiés par l’industrie sur les diamants pour marquer leur authenticité créant ainsi un certificat inviolable.

Autre possibilité d’extension : les Blockchain permissionnés (Permissionned Blockchain) des blockchain privés en quelque sorte qui permettent à des participants ou à un club restreint de participants identifiés d’organiser leur propre échange distribué ( i-e : le consortium R3 CEV dans la banque).

Le défi n°1 : la confiance périphérique

Si le blockchain véhicule de nombreuses promesses en termes de sécurité, d’instantanéité et de réduction massive des coûts de transaction, il fait peser une menace constante de perte de confiance par l’arrivée à la périphérie de participants -opérateurs et acteurs- moins recommandables.

Le protocole Corda  développé par le consortium R3 CEV, ouvert aux deux parties transactionnelles et accessible aux autorités de régulation, tente de faire face à ce défi.

La mise en place à échelle industrielle d’un système de ce type signerait la fin de tout un pan des intermédiaires financiers actuels.

Le défi n°2 : La scalabilité

Plusieurs mécanismes limitent actuellement l’extension de la Blockchain à échelle industrielle.

Le nombre de noeuds (nodes), donc la taille du blockchain rend les transactions de plus en plus distribuées et donc plus en plus sécurisées ce qui donne un avantage théorique à Bitcoin et Ethereum.  La liquidité et les volumes sont aussi des garanties de taux de change plus stables.

Or actuellement, ni le Bitcoin ni Ethereum (qui a connu un sérieux revers en raison des fraudes l’année dernière dans la mise en place de son protocole de DAO Decentralised Autonomous Organisation) ne peuvent être considérés comme des Killer Apps de la Blockchain.

L’autre challenge de taille est la rapidité des transactions. Elles sont limitées à 3 à 5 par secondes sur Bitcoin et 15 à 25 sur Ethereum alors qu’elles s'élèvent à 2500 par seconde en interbancaire chez Visa. Or, techniquement, la création de “blocs” plus rapides déstabiliserait la validation (et donc la confiance) tandis que la mise en place blocs plus larges entraînerait des dérives en terme de “mining” de monnaies digitales...la Chine représente actuellement 58% de la puissance de minage “Hashpower” du Bitcoin.

Les processus de validation ou de mining consomment également énormément de ressources énergétiques. A titre d’exemple, le mining de bitcoin consomme actuellement l’équivalent en électricité d’une ville américaine de de 280.000 personnes et pourrait représenter la totalité de la consommation électrique du Danemark en 2020.

Un vaste champ d’opportunité reste dons ouvert pour les startups pour alléger les protocoles de sécurité et de validation du blockchain.

Les nouveaux principes du Blockchain

Selon BCG, 5 grands  principes régissent l’économie de la Blockchain :

1- La collaboration plutôt que la compétition :

Un challenge massif étant donné l'écosystème actuel et la concurrence massive des acteurs industriels, des géants de l’Entreprise Tech et des startups.

Le dilemme tel que le pose le BCG  : les gains d’efficacité et de croissance dans des industries fragmentées sont ils supérieurs au risque de commoditisation de grands acteurs ?

2- L’organisation autant que la technologie déterminera l’avantage relatif des blockchains

Blockchain ouvertes ou Blockchain permissionnées (privées) ?  Évoluons-nous vers une démocratie totale de la blockchain ouverte entre producteurs et consommateurs ou plutôt des vers des oligopoles blockchainisés émanant des anciens intermédiaires ?

3- Les gouvernements en jokers ?

Les politiques seront la force d’impulsion sur le blockchain qui recéle nombre de promesses en matière de stimulation économique, créations d’emploi et avantages compétitifs pour les pays en avance de phase.

Certains pays pionniers feront des choix plus avancés que d’autres.

4- Les signaux financiers sont problématiques

Ces innovations ouvrent-elles de nouveaux marché ou répondent-elles à une menace de disruption ?

En marge des rhétoriques pompeuses de la transformation digitale. Ils se murmure déjà dans certains Comex que le ROI de ces technologies est loin d’être acquis.

Parallèlement, les concurrents établis auraient un intérêt mitigé à collaborer...En bref, comme l’explique le BCG :  “Dans un scénario, les CEO révolutionnaires qui ignoreront les compteurs de petits pois seront érigés en visionnaires dans les études de cas des Business Schools. Dans l’autre...Ce seront des bouffons”

5- L’incertitude radicale est la norme

Y aller ou pas ?

Une seule killer App, une seule application grand public peut faire basculer l’usage. Mais le scénario intermédiaire d’applications moyennement efficaces sur fond de momentum qui s’étiole reste tout aussi probable...

“La vérité est que personne ne sait” conclut le BCG.