Selon la dernière étude de McKinsey rédigée par Eric Labaye, Francesco Banfi, Florian Bressand et Eric Hazan, l’accélération numérique en France pourrait générer 1000 milliards d’Euros en valeur à l’horizon 2025. Quelles sont les caractéristiques et les opportunités de cette nouvelle accélération numérique ?
Morceaux choisis :
1- La France dans la moyenne des pays avancés
Avec 3,3% des emplois (880.000 personnes employées dans les activités au coeur du numérique et entre 700.000 à 1 million d'emplois induits), le numérique pèse 5,5% du PIB en France plus que le secteur financier (4,8%). C’est également précise McKinsey un secteur en rattrapage par rapport au secteur de la construction. Parmi les grands pays dévloppés la France se classe 8ème sur 13 dans la contribution du numérique au PIB.
2- Les Entreprises en retard
Alors que la digitalisation s’est accélérée chez les particuliers avec 60% d’acheteurs en ligne et 60% d’usagers de l’administration numérique ( La France se situe au 4 ème rang sur l’index McKinsey de la consommation privée). Les Entreprises Françaises sont au 9ème rang. Ainsi seules 14% ont reçu des commandes via Internet contre 26% en Allemagne et 65% disposent d’un site web contre 89% en Suède.
3- Les quatre causes du retard :
McKinsey distingue 4 causes principales :
- Une cause organisationnelle à 45%, imputable majoritairement à des rigidités structurelles au sein des entreprises.
- Un déficit de compétences digitales. 31% des entreprises font état de difficultés à embaucher des talents dans le secteur.
- Un taux de marge financière limité freinant la mise en place de la transformation numérique des entreprises françaises par rapport à leurs homologues Européennes (28% de Marge Brute en France contre 38% pour l’UE28)
- Un manque d’implication des dirigeants pour 28% des sociétés interrogées.
4- Les risques du retard et le potentiel
McKinsey qui a examiné en profondeur les opportunités de la transformation numérique dans 5 secteurs : La banque de détail, la construction, les biens de grande consommation, la distribution, le tourisme et la construction estime que « les effets potentiels sur le résultat opérationnel s’échelonnent entre -20 % pour l’entreprise qui subirait le basculement dans l’ère numérique sans s’y adapter, et +40 % pour celle qui mènerait à bien une transformation numérique optimale ».
Selon les projections du cabinet de conseil en stratégie, le poids du numérique devrait s’élever à 6% du PIB en 2016 à 135 milliards d’Euros et 7% en 2017 à 180 milliards d’Euros mais il pourrait dans un scénario optimiste atteindre 9,7% du PIB en 2020 soit 220 milliards de dollars si la France se hissait au 5ème rang des pays les plus avancés ou 10,8 % (280 milliards d’euros) si la France égalait le pays le plus performant à savoir le Royaume-Uni. La condition : de nombreuses réformes et un partenariat étroit entre l'etat et les entreprises.
5- Les impacts attendus de l’accélération du numérique :
McKinsey distingue plusieurs impacts de l’accélération numérique :
- l’accroissement de l’intensité concurrentielle, liée à l’émergence de nouveaux entrants, souvent des "pure players" et à une transparence accrue sur les prix et les caractéristiques des produits et services.
- le renouvellement profond de l’expérience client, qui devient "multicanal", et multiplie les occasions d’interaction entre les marques et les consommateurs
- la possibilité d’enrichir l’offre de produits et services afin de mieux satisfaire la demande, à travers par exemple la personnalisation ou l’invention de nouveaux modèles économiques
- la rationalisation de la prise de décision qui, dans un nombre croissant de domaines, peut s’appuyer sur l’interprétation pertinente et rapide du Big Data
- la numérisation des processus opérationnels (i-e : La substitution de traitements
informatisés automatiques à une opération humaine)
6- Les conditions de la réussite
Selon l’étude l’accélération numérique ne se fera pas sans plusieurs actions ambitieuses :
- Côté Entreprise en réorientant l’investissement, les politiques d’investissement et de formation et leur influence sur les sous-traitant (accélérer la numérisation des PME) et en jouant le rôle de capital risqueur auprès de l’écosystème numérique à l’exemple des fonds OP Ventures lancés par France Télécom Orange et Publicis.
- Côté étatique par l’ utilisation de la commande publique et des concours nationaux pour accélérer l’innovation digitale, favoriser la mobilité sur le marché du travail, développer l’enseignement numérique, étendre le champ de l’Open Data et accélérer l’investissement dans le haut débit ainsi que dans les actifs et les compétences numériques.
- Côté Enseignement par le développement des filières d’élites afin de favoriser l’émergence de nouveaux talents (Cf : Le Master Big Data de Télécom Paris Tech)
pour en savoir plus télécharger l’étude McKinsey : Accélérer la mutation numérique des Entreprises