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Rires, photos et réseaux sociaux : la fabuleuse histoire de LOL Project

La photo prend une part importante dans les réseaux sociaux.
Mais connaissez-vous LOL Project ? L’idée est toute simple :  Lors d’une séance en studio, on vous prend en photo, mort de rire.

L’inscription est gratuite, mais la liste d’attente est longue... Sur Facebook, LOL Project compte pas moins de 50 000 fans.

Interview de David Ken, le créateur du LOL Project

Pouvez-vous nous présenter le LOL Project ? 

LOL Project, ce sont des photos sans casting, sans fard, sans coiffeur. C'est une rencontre de 20 minutes à chaque fois.

Aujourd'hui c'est plus de 3200 portaits, soit 3200 rencontres, de tous milieux.

Le projet aura bientôt 4 ans en septembre prochain, avec une exposition prévue au forum des images à Paris et une expo au forum mondial des entreprises responsables à Lille.

Comment est venue l'idée du LOL Project ?

Je travaille dans la photo depuis 30 ans, je viens du monde de la mode et de la pub.

En 2009, c’était la grippe H1N1, le tsunami, on allait tous mourir...

J'ai eu ma crise de la quarantaine (avec quelques années de retard…)

J'ai eu envie de donner du sens à mon métier.

Car c'est quoi une grande photo ? C'est réussir à capter un instant de lâcher prise. Et c'est le plus souvent soit quand on pleure, soit quand on éclate de rire, j’ai choisi le rire!

Comment lâcher prise en 20 minutes ?

Je déteste la posture. En photo, les postures sont des impostures.

La plupart des gens qui s'inscrivent au LOL Project viennent par le «bouche à oreille» facilité par les réseaux sociaux, sont des amis ou de la famille de quelqu'un qui a participé à l’expérience LOL Project.

Bien sûr, chacun a son inhibition, ses craintes devant l’objectif mais on est là pour passer un bon moment et la photo doit être bienveillante.

On cherche juste le moment où vous êtes le plus sincère, à saisir l’éclat de rire, ce moment magique de « lâcher-prise » et de perte de contrôle où notre image nous échappe, l’instant sans doute le plus proche de ce que nous sommes vraiment, libéré un instant des cloisons de nos interdits

Le but est de provoquer un vrai « lâcher-prise », un fou rire, et en garder un portrait unique et rare, solaire!

Quand quelqu'un voit votre photo et dit " je te reconnais" : c'est réussi.

Le LOL Project se rend aussi dans les hôpitaux. Pourquoi vous intéresser aux malades, patients ?

Quand on a la chance d'être en bonne santé, d'avoir une famille, faire un métier fantastique, c'est normal de le faire. Cela crée du sens.

Pour les personnes malades souvent en situation de stress devant la maladie ou soudain éloignés de leurs proches pour cause d’hospitalisation de longue durée, leur faire vivre l’expérience LOL Project, c’est les valoriser, les sortir de leur quotidien souvent angoissant, ca n'arrête pas la pluie, mais ça permet d'avancer, de se voir autrement.

Faire rire les patients est à mon sens très important, le mental va en plus du médicament. Les moments où l’on rit, où les malades rient, sont des beaux moments d’humanité .

Je reviens de Bordeaux où nous avons fait vivre 2 jours d’expérience LOL dans une clinique de la ville et Jacqueline, l'une des patientes, lors d’une séance s'est réellement éclatée et a finit par nous avouer "j'en ai oublié que j'étais malade", c’est une vraie récompense pour moi, la plus belle.

A l’issue de ces journées, on crée une mosaique de photos LOL issues des séances de 2m x 2m que l’on appelle «un mur LOL». Un mur LOL à l'hôpital ce n’est pas anodin. Cela devient un lieu d’échange et de dialogue, ca crée du lien entre les participants, les patients mais aussi l'encadrement médical, les participants sont aussi les médecins, infirmières, aide soignants etc. Ca fait du bien à tout le monde.

C'est un projet réalisable dans les hôpitaux en partie grâce aux soutiens des entreprises, nous sommes intervenus à ce jour dans 7 hôpitaux et plus de 50 000 euros ont été distribués sous forme de dons pour financer des achats de matériel médical de pointe ou d’amélioration des conditions de vie des malades. .

Quels sont les projets du LOL  Project ?

Nous avons l'ambition de faire «I LOL Paris», faire la plus grande exposition participative urbaine au monde, réunir l’ensemble des portraits des participants du LOL Project et les afficher partout dans Paris. Imaginez...voir des gens qui sont morts de rire partout pendant au moins une semaine dans la capitale!

Vous avez plus de 50 000 fans sur Facebook ?

50 000 fans, je ne l'explique pas trop mais on a de très bonnes reprises presse, je crois que les médias nous aiment bien et on bénéficie d’un grand «bouche à oreille» facilité par les réseaux sociaux, facebook, twitter etc...La mécanique virale marche visiblement ! Nous faisons des appels à inscription sur facebook et twitter et les premiers à s’inscrire sont invités à la journée de shooting LOL Project.

Comment financez-vous LOL Project ?

On a commencé par l’auto-financer puis des entreprises nous ont sollicitées pour privatiser le LOL Project au profit de leurs collaborateurs. Dans une journée on peut photographier 45 personnes d'une entreprise, sur 15 séances environ.

A l'heure des réseaux sociaux, quelle place pour les photographes professionnels ?

Aujourd'hui, tout le monde peut être photographe. Quelqu'un qui photographie une nature morte, de la mode, un nu, ou qui fait du photoreportage est un photographe.

Avant la noblesse des photographes, c'était les reporters. Et puis, il y a eu le film Blow Up d'Antonioni, et la photo de mode est montée en puissance.

Moi, j'ai démarré jeune, j'ai croisé les Jean loup Sieff et Irving Penn. J'ai eu la chance de faire la Une  d’un Vogue italien à 22 ans.

J'étais le petit nouveau de la mode, à cette époque encore argentique.

Aujourd'hui les cartes sont rebattues.

La différence entre un photographe pro et amateur ? Le professionnel se lève le matin pour faire de la photo, et a des comptes à rendre.  Le photographe amateur part en ballade, et prend des photos au hasard.

Quand Coca-Cola me confie une campagne, ils doivent être sûr du photographe.

La photo amateur n'a pas changé la manière de faire ou de voir des professionnels.

L'amateur, lui,  a évolué vers le professionnel, avec internet, et avec un matériel  autrefois très cher et  désormais accessible.

En matière de photo, quels conseils donneriez vous aux entreprises ?

1 - Soyez participatifs

Il y a souvent des amateurs éclairés dans les entreprises. Il faut pousser les gens en interne à prendre des photos.

2 - Favorisez la transmission

Un peu comme Doisneau ou Depardon jadis, un photographe peut être en réserve pendant  6 mois, voire un an dans une entreprise un peu comme un ethnologue, et prendre des photos. Il faut montrer qu'il y a des gens qui ont un savoir faire. Il faut montrer en images ces pépites . L' être humain doit être au centre de tout. Il y a des gens fantastiques dans les entreprises!