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“Peak People” vers un retour du Slow

Attention signal faible.

On connaissait le “Peak Oil” la possibilité dans quelques décennies d’arriver au bout des ressources essentielles en pétrole. Par association le « Peak People » a longtemps désigné le manque essentiel de talents et de ressources humaines pour les entreprises. Un manque provoqué par une inversion des courbes démographiques et de baisse de la fertilité.

Or, par extension, depuis le début de l’année, à la faveur de la crise et de la pression accrue sur le personnel en place de plus en plus de voix s’élèvent dans la Silicon Valley comme ailleurs sur la possibilité d’un « Peak People » d’un nouveau genre, un nouveau phénomène d’usure avatar du Karoshi capable d’éroder les équipes aguerries sur fond de semaines de travail de 80 heures et de turnover intensif.

Le retour du Slow ?

Jason Fried, CEO de 37signals dénonçait récemment dans Fast Company cet acharnement à désespérer les équipes et les talents essentiels et plaidait pour le retour du Long Terme : «Nous pensons à long terme. Nous sommes dans ce business sur la durée et nous voulons conserver l’équipe sur la durée. Nous n’échangerons jamais une croissance à court terme contre un déclin à long terme de l’ambiance. Cela arrive beaucoup dans le Tech actuellement : ils crament les gens pour en embaucher d’autres». Preuve par l’exemple, il a institué dans sa société la semaine de 4 jours en été.

« Il y a une pénurie de talents ici et si il y a une pénurie de ressources, je veux conserver ces ressources » ajoute-t-il.

Un contrefeu salutaire qui fait echo à la parution l’année dernière du livre « The Power of Nice » dans lequel Linda Kaplan Thaler et Robin Koval, deux figures de la publicité expliquent les bénéfices de relations saines au travail en matière de fidélisation des employés et d’impact sur les revenus.

Ça et là de nombreuses initiatives comme le mouvement « Slow Money » tentent de redonner un sens à l’accélération du temps professionnel et aux impératifs du court terme et de l'ultra-rentabilité.

La friction court terme / long terme

En France, particulièrement affectés par ce « Peak Peole », de nombreux Digital Marketers sur fond d’impératifs financiers, de gestion du court terme et de jonglages complexes entre plusieurs prestataires rapportent à mots couverts depuis le début de l’année leur difficulté à maintenir la cohésion de leurs équipes. Ils évoquent aussi la déconnexion des génération Y avec les valeurs de l’entreprise et pour eux, la nécessité accrue de travailler tard le soir au domicile avec ses conséquences négatives induites sur la vie familiale.

Des frictions antagonistes alors que les Directeurs Marketing souhaitent de plus en plus inscrire leur mission sur le long terme. Ainsi selon Spencer Stuart , la durée moyenne d’un Directeur Marketing est passée de 23 mois en 2006 à 43 mois aujourd’hui.