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Le futur du travail par McKinsey

Credit Shutterstock Willyam Bradberry

“L’intelligence artificielle va littéralement disrupter le travail”. Dans son dernier rapport McKinsey réunit un groupe d’experts du CAALD et livre ses analyses, réflexions mais aussi questions ouvertes sur le sujet du futur du travail.

Selon McKinsey avec le déploiement de l’intelligence artificielle et de la robotique 30% des tâches pourraient être automatisées y compris les tâches de la knowledge economy, jusque là préservées...

Un bouleversement qui rend indispensable la notion de Lifelong Learning, l’apprentissage tout au long de la vie afin d’adapter talents et expertises à un univers du travail de plus en plus complexe.

Synthèse et insights :

Accélération de l’obsolescence des talents

Selon Bob Kegan (Harvard) alors que certaines fonctions se complexifient, l’inutilité des compétences va se révéler de plus en plus tôt à 45, 40 ou même 35 ans. Le travail sera t-il réservé à une élite apte aux tâches complexes ? Peut-on avoir une société où la plupart des gens ne travailleront plus ? Et quid du sens qu’apporte le travail ? Amy Edmondson (Harvard) met ainsi les institutions face à leurs responsabilités en termes de développement du Lifelong Learning. Comme le précise Claudio Feser (McKinsey) on ne peut tout simplement pas dire aux gens “Occupez vous de votre propre développement”.

Jason Partner (New Market Ventures) insiste de son côté sur la disproportion entre les investissements éducatifs universitaires massifs entre 17 et 25 ans et les sous-investissements dans l’enseignement des 35, 45 et 55 ans. Maria Flynn (Jobs for the future) souligne de son côté l’importance de repenser l’intersection entre la mobilité économique et le futur du travail face au développement de la “Gig economy” afin de ne laisser personne au bord de la route.

De nouvelles compétences

“Vous aurez 6,5 métiers tout au long de votre carrière”. Selon Bob Kegan (Harvard) il faudra développer des esprits adaptatifs et capable de croître tout au long de leur carrière.

Bror Saxberg (Chan Zuckerberg Initiative) explique que beaucoup de fonctions à valeur ajoutée consisteront à fournir du sens aux autres personnes.

Betsy Ziegler (Kellog’s school of Management) réfléchit de son côté à penser l’AI ou la machine comme un membre de l’équipe et non comme une menace concurrentielle. “Il y a un avantage compétitif à être humain”. Alors que l'ambiguïté s’amplifie et le changement s’accélère quelles seront les compétences et les talents de demain ?

Le coût social du travail à distance

Portia Wiu (US department of Labor) insiste sur la perte de connaissance ou de cross-fertilisation induite par le travail à distance. Selon Maria Flynn (Jobs for the Future) le travail distribué de la knowledge economy et son lot  de managers et superviseurs à distance posent de nouveaux défis en matière d’évaluation de compétences et de qualité du travail. “Nous avons besoin d’une nouvelle gamme d’outils pour juger le travail distant lorsque les employés de sont pas dans le même lieu physique que leur manager”. Tamara Ganc, Chief Learning Officer au Vanguard Group explique de son côté comment la combinaison de training en ligne à des modes de collaboration off line favorisent les connexions.

Vers l’entreprise du futur

Pour Bob Kegan (Harvard) les entreprises à l’avenir devront être de puissants incubateurs de talents. Elles doivent absolument réfléchir sur les façons dont à l’avenir le travail proposé peut faire émerger les talents. “Les plus grands talents iront vers les entreprises qui les prépareront le mieux à l’avenir” insiste Bror Saxberg. Selon Tamara Ganc, la possibilité d’avoir plusieurs carrières au sein d’un même groupe passe ainsi par une culture rotationnelle des talents.

Changer d’état d’esprit

Jeff Dieffenbach du MIT s’interroge : la neuroplasticité de nos cerveaux est-elle dépassée par l’accélération et le rythme du changement ? Srini Pillay de la Harvard Medical School insiste paradoxalement sur la nécessité de dé-focuser pour retrouver énergie, créativité, flexibilité et mémoire autant de talents et compétences indispensables pour anticiper le futur.

Et... Même si les outils ne peuvent pas tout, Tamara Ganc évoque, dans son entreprise, le bénéfice de nudges comportementaux comme les “Whisper Courses”, petits reminders managériaux de tâches aussi simples que les remerciements ou les compliments…”Ils influencent les comportements à un niveau très granulaire” conclut elle.