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Le futur du travail par McKinsey

Credit Shutterstock Gaudilab

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Automatisation, polarisation intelligence artificielle, robotique….Dans son dernier briefing McKinsey dresse le bilan d’un monde du travail en état de flux permanent.

Synthèse et perspectives :

Marché du travail : du sans-emploi au sous-emploi

Partout dans le monde le marché du travail évolue entre chômage et sous-utilisation des compétences. Aux Etats-Unis et en Europe 295 millions de personnes sont sans activité et plus de 100 millions souhaiteraient travailler plus.

Au total estime McKinsey : 30 à 45% de la population en âge de travailler est “sous utilisée” (sous employée, sans emploi ou inactive). Un phénomène qui touche 850 millions de personnes pour les seuls territoires des Etats-Unis, du Royaume Uni, du Japon, du Brésil, de la Chine et de l’Inde. Parmi eux les jeunes et les femmes représentent les deux segments les plus “sous-employés”.

Ce “Gender Gap” s’il était comblé représenterait selon McKinsey une opportunité de 12.000 milliards de dollars soit le PNB du Japon de l’Allemagne et du UK réunis.

Stagnation des revenus des ménages

De 2005 à 2014, les revenus des foyers issus du travail et du capital ont stagné ou se sont réduits chez 75% des ménages. Une décennie marquée par la crise de 2008 et la dé-correlation entre la productivité et les revenus.

Le premier effet mesuré par McKinsey en France, aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, une inquiétude croissante sur les perspectives économiques des enfants, particulièrement chez les classes moyennes et générant une réticence croissante face à la globalisation.

Le décalage offre/demande : Lieux, jobs et talents sont déconnectés

Le système éducatif ne produit plus les talents correspondant à la demande réelle (autant en terme de STEM que de soft-skills).

Dans une étude réalisée par McKinsey, 40% des employeurs expliquent les jobs “ouverts et non pourvus” par ce manque de talents. 60% estiment par ailleurs que les diplômés ne sont pas préparés au monde du travail.

Parallèlement selon une étude LinkedIn, 37% des employés estiment que leurs talents sont sous utilisés.

Un décalage qui est aussi géographique et partiellement comblé par les migrations transfrontalières. 247 millions de personnes ne travaillaient pas dans leur pays d’origine en 2015 selon McKinsey, un chiffre qui a triplé en l’espace de 50 ans et qui n’est pas sans créer de nouvelles tensions.

Si les migrations ont produit 6 700 milliards de dollars en 2015 (soit 9,4% du PNB Mondial), les salaires proposés aux populations de migrants sont de 20 à 30% inférieurs - à job équivalents- aux salaires des natifs.

L’automatisation croissante des tâches

Selon un étude réalisée par McKinsey sur 54 pays et plus de 2000 tâches, seuls 5% des jobs pourraient être complètement automatisés.

Le vrai danger réside en fait dans l’automatisation des tâches qui toucherait 30% des activités courantes sur 60% des jobs au regard des technologies actuelles.

Au total estime McKinsey, l’automatisation pourrait affecter 49% de l’économie mondiale, 1,1 milliards d’employés et 12 700 milliards de dollars de salaires...Un processus qui pourrait selon l’étude s’étendre sur plus de 20 ans.

L’émergence de nouvelles plateformes de mise en relation de talents

Face à ce bouleversement de nouvelles plateformes de mise en relation de compétences permettent de faciliter la rencontre entre l’offre et la demande grâce à un meilleur travail de la data et des algorithmes.

En redonnant des perspectives à des segments de travailleurs en demande souvent sous-utilisés (ie. les mères au foyer), en augmentant les revenus moyens par travailleur et en réduisant le temps de recherche d’emploi, ces plateformes offrent de nouvelles perspectives de fluidification du marché du travail.

15% du travail indépendant transige désormais sur ces plateformes digitales de type Etsy, Uber ou Didi..

La montée en puissance des indépendants

Les jobs de type “9 to 5” hérités de la révolution industrielle cèdent peu à peu la place aux jobs indépendants (qui restent la norme dans les pays émergents).

Selon McKinsey, la proportion de travailleurs indépendants est de 20 à 30% dans les économies développées. 50% de ces travailleurs ont déjà un job traditionnel, sont étudiants ou retraités et tirent des revenus d’appoint de ce travail indépendant. McKinsey précise que 70% exercent une activité indépendante par choix et 30% par nécessité.

L’opportunité technologique

Un tiers des emplois créés ces 25 dernières années aux Etats-Unis n’existaient pas. En 2011, une étude réalisée en France par McKinsey estimait qu’internet avait certes détruit 500.000 jobs mais surtout créé 1,2 millions emplois en 15 ans soit 2,4 nouveaux emplois pour 1 job détruit.

Une opportunité pour les talent spécialisés : McKinsey estime ainsi qu’il y aura une pénurie de 250.000 data scientists aux Etat-Unis ces 10 prochaines années.

En Inde, en Chine, Internet crée de nouvelles opportunités, même dans les zones rurales pour de nouvelles classes de knowledge workers  (data collectors, distributeurs de produits télécoms).

Digitalisation : les opportunités sectorielles

La digitalisation croissante de l’économie crée également de nouvelles opportunités sectorielles.

Aux Etats-Unis, dans les trois seuls secteurs du recrutement, de la Big Data, et des analytics McKinsey estime l’opportunité à 2200 milliards de dollars.

Face à des secteurs hautement digitalisés comme la finance et les médias de nombreux secteurs tels que la santé, l’éducation mais aussi le retail pourraient bénéficier d’une digitalisation accrue. McKinsey estime ainsi qu’à l’heure actuelle, l’europe n’a capturé que 12% du potentiel de la digitalisation.

50% de la population mondiale est encore Offline

Les perspectives de la digitalisation vont de pair avec la progression des populations connectées.

Actuellement, 4 milliards d’individus, dont 75% dans 20 pays, ne sonts pas connectés à Internet.

Mais l’accès à la technologie n’est pas tout précise McKinsey, la formation, l’éducation et la structuration des talents digitaux dans ces territoires restent à organiser.

Quelles solutions pour les décideurs ?

Les bouleversements annoncés du monde du travail constituent des challenges massifs pour les gouvernements et les entreprises.

Face à ces nouveaux challenges; McKinsey distingue huit pistes et solutions possibles :

1- Education : une accélération de la mise en place de nouvelles compétences : STEM mais aussi créativité, pensée critique et systémique.

2- Un rôle accru des entreprises dans la formation et la mise en place des nouvelles compétences et un meilleur relai des besoins auprès du système éducatif.

3- La mise en place de bénéfices fiscaux auprès des entreprises afin de revaloriser le capital humain.

4- Le développement et l’accélération des partenariats publics-privés dans les grandes infrastructures et les pays émergents.

5- Repenser la rémunération : l’automatisation et les perspectives de chômage accru invitent à la mise en place de nouvelles solutions (Revenu universel, transferts conditionnels).

6- Refonte des systèmes de protection sociale : les changements accélérés du monde du travail et des statuts impliqueront des solutions innovantes, évolutives et adaptées aux vies de plus en plus nomades des travailleurs.

7- Soutien technologique : poursuivre le développement de solutions et de plateformes permettant un meilleur matching des offres et demandes de talents.

8- Accélération de la création d’emploi :  par la réorientation des investissements vers les nouvelles opportunités économiques, les entreprises et les jobs digitaux et un soutien aux nouvelles formes d'entreprenariat.

Pour accéder à l'étude McKinsey